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Tribune « L’armée doit rester dans la légalité. »

Mandaté par les officiers putschistes, Moulaye Hachem se présente très tôt le 10 juillet 1978 à la résidence présidentielle où le président était déjà réveillé et, au seuil de sa chambre à coucher, lui dit, probablement sans comprendre la portée de ses propos, « Monsieur le président, l’armée vous retire sa confiance. Veuillez nous suivre. »

Feu Moktar Ould Daddah poursuit, dans ses mémoires, « La Mauritanie contre vents et marées », « une fugace envie d’entamer une discussion juridique me traverse l’esprit : l’armée ne peut retirer ce qu’elle n’a pas eu à donner. » On peut facilement deviner pourquoi son envie de discuter disparut rapidement.
Il est clair que l’énoncé de ce lieutenant relève davantage du jargon révolutionnaire bien plus que d’une argumentation juridico-démocratique, encore moins de l’esprit militaire, censé animer cet officier et pose les fondements d’une vision idéologique qui place l’armée au centre de la gestion de l’Etat, de l’économie et des transformations sociales.
En effet, du national-socialisme allemand, du baathisme syrien, iraqien au nasérisme égyptien, la conception est la même.

Il s’agit de plier l’Etat et la société à la dictature militaire qui serait la seule susceptible, dans le contexte de l’édification de l’unité nationale et de la résurgence culturelle, d’imposer la discipline et l’ordre- en tout cas, dans ces derniers pays- dominés par l’acculturation, l’obscurantisme religieux et le néocolonialisme.
Si tels étaient les objectifs de nos putschistes, il faut croire qu’ils ont raté- très largement- leurs cibles, puisque leur règne, au fur et à mesure que le temps passe, tend au contraire à montrer une volonté inébranlable, continue et presque forcenée de la volonté d’imposer une division qui s’incruste dans toutes les formes de différences au sein d’un ensemble de citoyens dont les différences raciales, communautaires, tribales et statutaires tendent à constituer un terreau fertile pour toutes les entreprises de division.

La dangereuse situation que nous vivons actuellement, n’est qu’un des avatars et une étape cruciale- en raison probablement de l’accumulation des fautes et de l’archaïsme de l’implication de l’armée dans un domaine qui ne relève pas de ses compétences- de cette malheureuse évolution historique.
Les voix qui appellent au retrait de l’armée de la gestion de l’Etat, énoncent, me semble-t-il, la meilleure chance que nous ayons de refonder notre pays sur des bases plus stables, saines et durables, susceptibles d’être acceptées par tous. En ce sens, nous ne faisons que reprendre, tardivement et justement, les sages propos du fondateur : «L’armée doit rester dans la légalité. »

R’chid Mohamed, professeur, 

source : Facebook

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