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En Mauritanie, la Caisse Nationale d’assurance Maladie (CNAM) ne couvre que 15% de la population. Il s’agit des fonctionnaires et de leurs descendants. La Délégation Générale à la Solidarité Nationale et à la Lutte contre l’Exclusion « Taazour », couvre elle aussi 15% composé de personnes vulnérables.
L’objectif de couverture sanitaire universel affiché par les autorités est loin d’être atteint. Selon les autorités de la Caisse Nationale de Solidarité en Santé (CNASS), plus de 70% de l’activité économique se trouve dans le secteur informel.
Les travailleurs de ce secteur ne sont guère assurés. Pour corriger cette situation et faciliter l’accès financière à la santé, il a été créé en 2022, une Caisse nationale solidarité santé (CNASS), destinée à couvrir ces travailleurs de l’informel en Mauritanie.
«Dans leur grande majorité, les Mauritaniens ne disposent aujourd’hui d’aucun système d’assurance maladie leur permettant d’éviter de se retrouver confrontés à des difficultés financières pour se soigner. La plupart du temps, cela les pousse à renoncer aux soins de santé ou, plus souvent, les expose à l’appauvrissement pour couvrir des dépenses de santé coûteuses mais néanmoins nécessaires», constatait la directrice de la CNASS, AMAL Cheikh Abdellahi via le site de son institution.
Les citoyens à propos de la CNASS
Mariam se présente au guichet de la CNASS, situé à l’entrée du Centre Hospitalier de Nouakchott. Cette mère de famille de 45 ans est inscrite à la CNASS depuis 2 mois.
Elle juge l’assurance efficace et prometteuse mais déplore le fait que les services concernant les médicaments ne fonctionnent pas l’après-midi. « J’étais là hier et j’ai voulu prendre des médicaments à la pharmacie, mais les services de la CNASS étaient fermés la nuit », dit-elle.
À côté d’elle, Mahmoud, devant la fenêtre du guichet CNASS, nous explique que c’est son père qui est hospitalisé à l’intérieur de l’hôpital et qu’il est là pour s’occuper des formalités, notamment celles de l’assurance CNASS. Pour lui, c’est une très bonne opportunité. « Mon père a passé des scanners et d’autres analyses sanguines. Nous n’avons payé que 10 % du prix que nous aurions dû payer sans l’assurance, donc c’est une bonne chance. J’encourage tout le monde à venir s’inscrire. »
Contrairement à Mahmoud, certains hésitent encore. Dans les rues de la capitale, nous avons interrogé Mohamed Lemine, 45 ans, père de famille travaillant dans le secteur informel. Il a déjà entendu parler de la CNASS mais ne s’est pas encore inscrit car il n’est pas convaincu. « Oui, j’en ai entendu parler mais il faut que je vois de mes propres yeux quelqu’un qui est assuré et qui a bénéficié de soins à prix réduit. Dans ce cas, je serai convaincu et j’irai m’inscrire moi et toute ma famille» témoigne-il.
D’autres, n’ont encore même pas l’information. C’est le cas de Sidi, laveur de voiture à côté d’un café de Nouakchott. Il n’a jamais entendu parler de la CNASS et demande avoir des informations sur le processus d’accès à cette caisse.
Couvrir toutes les wilayas
La CNASS selon les mots de sa directrice est « un établissement public à caractère administratif, qui a pour mission de mettre en place un régime d’assurance maladie volontaire pour les populations du secteur informel, non couvertes par le régime d’assurance maladie obligatoire géré par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. »
Par ailleurs « L’objectif de la CNASS est d’offrir une assurance maladie à l’ensemble de la population mauritanienne du secteur informel ou aux travailleurs indépendants. Cette assurance couvre les citoyens et les résidents en Mauritanie, englobant ainsi toute personne n’ayant pas déjà une assurance à la CNAM. Ces personnes peuvent adhérer à la CNASS pour bénéficier d’une assurance maladie et avoir accès aux soins de santé » explique Mamadou KANE, responsable de la mobilisation sociale à la CNASS qui compte 104 employés.
La CNASS, ajoute M. Kane, vise à couvrir l’ensemble du territoire national. « Dans chaque wilaya, un bureau régional devrait normalement être établi. Pour l’instant, nous nous concentrons sur ce que nous appelons des zones pilotes pour mettre en place l’initiative, notamment la région de Nouakchott et certaines Moughataas de la région de Brakna » ajoute-t-il
Ainsi, chaque région sera gérée par une agence, avec des antennes correspondant aux Moughataas. Nouakchott compte trois antennes : Sebkha, Dar Naim et Tevragh Zeïna. Le Brakna, trois à antennes à Boghé, Bababé et Aleg. Il existe également des bureaux d’inscription dans chaque mairie de Nouakchott, la capitale.
« Nous nous efforçons toujours d’offrir le maximum de satisfaction aux adhérents de la CNASS à travers notre offre» déclare Mamadou Kane qui souligne « depuis l’ouverture de la CNASS, les retours que nous avons reçus indiquent que les gens sont satisfaits de la prestation. Bien qu’il puisse y avoir des problèmes d’indisponibilité de médicaments dans certaines structures de santé, les gens sont satisfaits du service global, ce qui représente un accomplissement de notre objectif à ce niveau. »
En outre cette source rappelle que « 60 à 100 familles sont enregistrées chaque jour à la CNASS selon l’affluence ». Et, actuellement, entre 80 000 et 90 000 personnes sont inscrites à la CNASS selon les chiffres de la CNASS.
Adhésion à la CNASS
Les procédures d’enregistrement sont simples. Pour les particuliers, la procédure comprend la présentation de certains documents, dont une pièce d’identité et le paiement des cotisations annuelles. Et, « toute personne inscrite à la CNASS recevra une attestation pour une prise en charge dans les structures sanitaires publiques.»
Il existe deux types d’adhésion à la CNASS. « L’adhésion familiale, comprenant au minimum 6 personnes (assuré principal, ascendants, descendants et autres personnes à charge). La seconde, collective, « est destinée aux groupes constitués tels que les artistes, les étudiants, les élèves, etc., ainsi qu’aux groupes socio-professionnels tels que les éleveurs, les agriculteurs, les pêcheurs, les artisans, les orpailleurs, les commerçants, les indépendants, etc. »
Pour accélérer l’atteinte de ses objectifs, « en décembre 2023, la CNASS a conclu une convention de collaboration avec le Syndicat Professionnel des Vendeurs Ambulants. » Cet accord « vise à incorporer 300 familles dans le système d’assurance maladie. »
La Caisse Nationale de Solidarité en Santé a aussi signé, la même année, une convention de partenariat avec le conseil régional du Brakna, les communes de Male, Magta-Lahjar et M’bagne.
Selon la CNASS , « ces conventions marquent une avancée significative pour la CNASS dans sa mission de rapprocher les services d’adhésion du régime d’assurance maladie volontaire aux citoyens, particulièrement dans le service informel et rural. »
Dans le souci, d’aller vers les travailleurs de l’informel pour susciter des adhésion, la CNASS a signé plusieurs autres conventions avec des collectivités territoriales et des associations. La CNASS selon ses propos mène des campagnes pour mobiliser les travailleurs du secteur informel « à souscrire à l’assurance maladie volontaire » .
La cotisation
La CNASS explique que la cotisation est de 250 MRU par personne et par année. Le système d’assurance maladie géré par la CNASS est principalement axé sur la solidarité. Pour les ménages les plus modestes, une subvention de la cotisation est proposée, réduisant ainsi le montant total à 450 MRU, sur un total de 700 MRU.
Toujours selon les dirigeant de la structure, cette aide vise à garantir que même les familles à faible revenu puissent bénéficier d’une couverture maladie sans rencontrer de difficultés financières lorsqu’elles ont besoin de soins de santé.
Services de santé pris en charge
Les prestations de soins couvertes par la CNASS sont organisées selon la hiérarchie des services de santé, comme suit :
Au niveau des postes de santé :
-Soins ambulatoires
-Mise en observation
-Forfait obstétrical
-Médicaments disponibles dans la structure
Au niveau des centres de santé :
-Soins ambulatoires
-Surveillance médicale
Examens de laboratoire et d’imagerie médicale
-Forfait obstétrique et médicaments disponibles dans la structure.
-Soins ambulatoires
Partenaires de la CNASS
L’Union européenne (UE) via le Programme d’Appui au Secteur de la Santé participe par un appui financier pour la mise en œuvre des activités de la CNASS .Elle contribue pour les coûts de fonctionnement de la structure et aux copaiements des cotisations des adhérents par le biais d’une convention de financement entre l’UE et le gouvernement mauritanien.
L’agence belge Enabel dans son élan de soutien institutionnel au Programme d’Appui au Secteur de la Santé, œuvre en tant que partenaire technique de la CNASS. L’agence contribue à l’épanouissement du système d’assurance maladie et au renforcement des capacités organisationnelles de cette caisse
L’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID), pour sa part, apporte son soutien à la CNASS à travers la mise en œuvre de sa stratégie de marketing et de communication au profit du public cible.
D’autres partenaires techniques et financiers « tels que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), Expertise France et le BIT (Bureau International du Travail), sont engagés aussi aux côtés de la CNASS pour soutenir la Mauritanie dans sa progression vers la couverture sanitaire universelle au profit des agents du secteur informel.
Souleyma Hountou Djigo
Reportage réalisé dans le cadre d’une « Initiative soutenue par Afri’kibaru, un projet CFI – Agence française de développement, sous l’égide du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères ».
