Diagnostic du système éducatif mauritanien par l’éditorialiste Bakary Gueye.

Dans une interview accordée au groupe whatsap annonce info, ce mercredi 28 octobre 2020, monsieur Bakary Guèye a fait un diagnostic détaillé du système éducatif mauritanien. Il a également proposé des solutions pour sortir le secteur du gouffre.

Du haut de ses 26 ans d’expérience en tant que professeur et fin connaisseur du système éducatif du pays, le journaliste et blogueur a mis en exergue les racines du mal  qui gangrène le secteur. Les reformes du système, la situation des enseignants, l’administration chargée de piloter l’enseignement, et les conditions d’enseignement sont passés  un à un sous  crible.

Réformes du système éducatif

«  Cette baisse des niveaux, cette décrépitude de l’école tout ça  est parti de la fameuse reforme de 1999 », martèle-il. Il n’a pas manqué de rappeler que cette reforme a  imposé l’enseignement des matières scientifiques en français pendant qu’il y avait  un grand  déficit  de professeur de matières scientifiques en français, qui ne cesse d’ailleurs de s’aggraver. C’est selon  lui, ce qui explique la baisse vertigineuse du niveau des élèves.

Ensuite il pointe du doigt l’introduction de nouvelles méthodes d’enseignement qu’il qualifie d’inadaptées, imposées   et qui entrent en rupture avec  l’enseignement traditionnel. Il s’agit de l’APC (approche par les compétences), selon laquelle l’élève fait le cours à la place de l’enseignant  « pour des élèves qui ne savent même  pas lire ». Pour illustrer ses propos, il déclare : «  j’ai eu à enseigner l’alphabet à des élèves de terminale, des candidats au bac ». Le journaliste dénonce l’Approche par les objectifs comme une méthode imposée sans l’avis et à l’insu des enseignants qui ne seront informé que plus tard.

Responsabilité politique

A ses yeux, l’arabisation politique et à outrance de l’école, doublée d’une gestion népotique du système éducatif ont conduit l’enseignement dans une situation catastrophique

« La gestion du système est basée sur le népotisme, le clientélisme l’affairisme. On vent les affectations et les promotions. Le ministère est un véritable Bazar », regrette-il.

C’est pour cette raison que plusieurs établissements secondaires et des directions au niveau du ministère sont dirigés par des gens incompétents. Ce qui conduit, selon lui à une situation exécrable.

« Des fois on choisit des gens qui n’ont aucune compétence pour diriger des établissements secondaires ou des directions au ministère ».

« Un enseignant ne peut pas vivre de son salaire »

Monsieur Gueye soulève le problème de baisse du niveau des enseignants, des lacunes du personnel d’appui et   les conditions de l’enseignement.

« Des enseignants qui travaillent dans des conditions exécrables, avec un salaire de misère, des primes ridicules, un manque de matériel didactique», s’insurge t-il. Avant de s’interroger : « comment voulez vous avoir  un enseignement de qualité, dans ces conditions ? ».

Il estime que la démotivation et l’absentéisme des enseignants sont causés par l’injustice et leurs faibles salaires. « Les enseignants ne peuvent pas vivre de leurs salaires  », déplore-il.

La prolifération des écoles privées ainsi que les journées continues  contribuent largement à l’affaiblissement de l’école mauritanienne. Selon ses propos.

Comment sortir du gouffre ?

Pour rétablir l’école mauritanienne  dans  ses lettres de noblesse, le professeur préconise un certain nombre de mesures que les décideurs doivent absolument mettre en œuvre :

  • Véritable volonté politique ;
  • Mobilisation des ressources humaines disponible ;
  • Rompre avec les pratiques népotiques et  l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ;
  • Limiter le nombre d’élèves  à 30 ou 40, dans une classe ;
  • Disponibilité les outils pédagogiques ;
  • Revoir de fond en comble les directions des établissements scolaires en les purgeant de tous éléments indésirables. Et designer des chefs d’établissement méritants ;
  • Revaloriser la fonction enseignante.

Actu-dev

Abdourazak Anne

 

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