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La ZLEC : L’Afrique peut changer son destin et surprendre le reste du monde                                                              

L’Afrique est en train de sortir de son long sommeil. Tous les indicateurs de développement le montrent, même si paradoxalement persistent encore de l’est à l’ouest et du sud au nord les manifestations de la mauvaise gouvernance économique et politique. On le sait, celle-ci a creusé d’importantes inégalités dans l’accès aux ressources et justifie aujourd’hui les phénomènes de l’afro-pessimisme et de l’afro-bashing.

« Si le Noir (Entendez l’Africain) n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber », ainsi titrait avec véhémence Venance Konan son dernier livre paru cette année.  Cri de cœur que chacun d’entre nous aurait pu pousser en considérant l’état de dépendance dans lequel se trouve l’Afrique.

Abondante, la littérature sociologique, politique et économique sur l’Afrique expose ses pathologies qui agissent comme une gangrène et surprennent parfois même ses spécialistes. Aussi le film documentaire, «Afriques (au pluriel): comment ça va avec la douleur ? » de Raymond Depardon, réalisé en 1996, ne montre-t-il pas les réalités quotidiennes des populations africaines abandonnées par les élites politiques et les États prédateurs,leurs États.

Plus de 50 ans après les indépendances, le constat est affligeant. La plupart des États, grands comme petits, issus de la décolonisation ne parviennent pas, – ou alors difficilement -, à garantir à leurs citoyens les conditions normales d’accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi, en somme toutes ces choses fondamentales qui font qu’un État, digne de ce nom, fonctionnerait correctement.

Comme si cette situation n’était pas, déjà, catastrophique, la menace terroriste relativement nouvelle vient se rajouter à la longue liste des préoccupations des populations. Mis sous pression sur le plan intérieur par le chômage de masse et l’absence de réelles perspectives, les États africains le sont désormais, également, à leurs frontières et même sur leurs territoires depuis la disparition de l’État libyen dont les conséquences sont très importantes dans le Sahel en particulier. Face aux risques de déstabilisation la sécurisation des territoires des États est devenue un enjeu existentiel.

Or, on constate que les armées nationales africaines s’effondrent au contact de l’ennemi ; elles sont en fait plus fragiles que les populations qu’elles sont pourtant supposées protéger. Sur le plan sécuritaire, la réponse à la vulnérabilité à laquelle s’exposent nombre d’États africains réside en partie dans la professionnalisation des armées nationales. Sur le plan démocratique, il faut développer une éthique politique pour endiguer le sentiment de défaillance et de colère des populations.

La ZLEC pour changer la donne économique du continent

Mais assiste-t-on donc aujourd’hui au réveil du continent africain sur le plan économique comme certains l’écrivent sur l’acte de naissance de la ZLEC (Zone de libre-échange continentale africaine) ? Le traité portant création de cette zone a été signé, rappelons-le,le 21 mars 2018 par 44 pays sous l’égide de l’Union africaine (UA), lors d’un sommet qui s’est tenu à Kigali.

S’il est vrai qu’un tel accord a suscité beaucoup d’enthousiasme auprès des populations africaines, il n’en reste pas moins que le pari d’intégration économique du continent est loin d’être gagné, eu égard notamment à la réticence de certains pays comme le Nigéria, même si ce dernier a fini par rejoindre récemment les autres pays signataires du traité.

Ce géant d’Afrique sur les plans démographique, économique et militaire ne voulait pas signer l’accord alors qu’il a participé à toutes les étapes de négociation visant à mettre en place cet outil de libre-échange continental. Si le Nigérianes’est pas empressé de donner son accord définitif en s’accordant un temps de réflexion, c’est que la ZLEC représentait manifestement, pour lui, un enjeu de déstabilisation de son économie.

Carl’objectif à long terme du marché de libre-échange est de fusionner les multiples groupements économiques et politiques sous-régionaux du continent africain, tels que le COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), la CAE (Communauté d’Afrique de l’Est), la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), etc.

Or, la disparition plus ou moins programmée de la CEDEAO où le Nigéria a réussi à se construire une position hégémonique ne peut en aucune manière l’enchanter.C’est d’ailleurs pour une de ces raisons que ce pays a traîné les pieds, avant de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il faut dire que l’accord qui consacre la création de la ZLEC transforme l’influence économique, politique et militaire des grands sur les petits pays africains.

Néanmoins cette zone de libre-échange continentale ne peut pas être systématiquement considérée comme quelque chose de vertueux pour les petits pays à économie transitoire, contrairement au discours répandu.

Une myriade de groupements économiques inefficaces

La ZLEC entérinede factole constat d’échec des groupements sous-régionaux économiques et politiques dont seule l’Afrique a le secret de leur multiplication. C’est le cas en effet de la CEDEAOpour ne citer que cette organisation qui, depuis sa mise en place, a brillé par son inefficacité dans les échanges économiques inter-étatiques et la résolutiondes conflits politiques et armés dans son espace géographique.

A peine créé, cette organisation comme ses consœurs a été le terrain de rivalités politiques et économiques entre ses membres. Au point qu’elle a été contrainte de renoncer à ses ambitions face aux contradictions et tensions qu’elle générait.

En principe, c’est tout cela qui devrait changer avec la création de la ZLEC qui dit vouloir d’abord transformer les antagonismes économiques traditionnels sous-régionaux africains en opportunités d’échanges, de manière à stimuler le développement des économies africaines pour l’heure peu compétitives à l’échelle internationale.

Mais vouloir ne suffit pas.Il faut, d’une part, construire des infrastructures routières modernes pour réduire considérablement le temps de transports transnationaux des personnes et des marchandises et, d’autre part, harmoniser les législations douanières des pays membres de la zone.

Il est aussi vrai que la logique du tout économique risque de montrer très tôt ses limites. Parce qu’on le souhaite ou pas,la ZLEC devrait, à un stage de son évolution ou de sa maturité, interroger les pratiques politiques des États adhérents, en vue de créer des mécanismes de partage des valeurs démocratiques dans sa zone, voire même au-delà de ses frontières. C’est là, évidemment, un autre enjeu de taille de cette grande idée.Mais l’avenir n’étant jamais écrit à l’avance, osons donc parier sur la bonne volonté des dirigeants politiques africains.

Dr AbdoulayeWane

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