Tribune : Les novices au gouvernail

Ils sont forts étonnants les placements et équilibres tribaux persistants qui s’opèrent, depuis toujours, sur un échiquier politique s’entêtant et persévérant, malgré cinquante-huit années d’indépendance, à vouloir rester médiéval aux goûts amers de l’injustice et couleurs ternes des considérations de la grande «Seiba».

En effet après chaque événement électoral ou politique autre pour la consécration d’une nouvelle donne ou approche politicienne, les nominations pleuvent dans les communiqués sanctionnant les conseils de ministres, ou émanent de la présidence et du premier ministère.

Des nominations-récompenses aux senteurs éminemment tribalistes, ethniques et d’une fallacieuse parité voulant prendre en compte les castes défavorisées pourtant encore sous le joug bien voyant d’un système social de castes toujours vivace et néfaste.

C’est ainsi que les postes et responsabilités d’une extrême sensibilité sont confiés à des novices et/ou sans expériences professionnelles ni aptitudes requises, donnant à l’anarchie déjà grande un nouvel essor vers plus d’appropriation des deniers publics et de gabegie au nom d’un droit paritaire immuable inscrit au livre du droit séculaire et d’un code sociétal intemporel.

Et si cela peut, ainsi même dit, paraître absurde, il n’en demeure pourtant pas moins qu’il est bien l’expression de la stricte réalité d’une croyance païenne profonde en l’alchimie des ensembles médiévaux.

C’est ainsi que l’on voit marginalisés de plus en plus fréquemment les administrateurs, les gestionnaires, et les planificateurs du dernier carré, que l’expérience a aguerri et que la sobriété a rendus chastes.

Sans vouloir tirer profit de leurs immenses capacités, ils sont quelque fois, arbitrairement, mis à la retraite ou relayés au seconds postes et placés cyniquement sous les ordres incongrus des novices d’âge, d’expérience et de compétences requises.

Cela est, aussi, d’autant plus terrible qu’il laisse aujourd’hui l’administration toute entière aux mains de terribles prédateurs et gabegistes invétérés, ainsi que de ceux qui les sous-tendent au nom des clivages socio-politiques.

Mais pire, encore que tout cela, c’est bien cette situation délétère qui a engendré et maintenu la systématisation de la médiocrité et l’institution de l’abrutissement.

Et si l’administration tourne au ralenti, elle le fait aussi dans le sens inverse des aiguilles de la montre. Au bas de la hiérarchie se trouve humiliée, marginalisée et acculée pour l’essentiel des tâches ingrates, la classe des détenteurs de la compétence usurpée et des dépositaires légitimes de la gestion et de l’expédition courante des affaires des départements.

Au plus haut se hissent les arrivants au gré des humeurs et connivences politiciennes qui s’expriment sans discontinuer par un partage du taux global des nominations aux postes qui, à défaut d’exister pour les besoins de l’expédition des affaires du pays, sont littéralement créés ou définis en termes de conseillers ou de de chargés de missions.

Allez dire combien ils sont ? Que conseillent-ils ? Et quelles missions ils effectuent ?

El Wely Sidi Heiba

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