La HAPA organise un focus sur le monitoring des élections

A la veille du lancement de la campagne électorale en perspective des élections générales, la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel a organisé hier à Nouakchott une conférence sur le thème ; « Le monitoring des élections ».

Cette conférence était animée par Roch-Olivier Maistre président de l’Autorité de la Régulation de la Communication et du numérique (ARCOM-France))et du Réseau Francophone des Régulateurs des Medias (REFRAM).

Introduisant le sujet, Medelah Ould Bellal, membre de la HAPA a esquissé une ébauche de définition et des objectifs du monitoring. Il a souligné que les élections constituent la convergence de plusieurs droits et pour les mettre en œuvre il faut des mécanismes et des procédures de régulation.

Ainsi le monitoring englobe plusieurs choses et Medellah de s’interroger : s’agit-il de comptabiliser le temps d’antenne des candidats ? de veiller sur l’équité ? de s’assurer que les journalistes font bien leur travail ? de lutter contre les dérives ? Doit-on monitorer tous les médias ? Quelles sont les informations qui doivent faire l’objet du monitoring ? Qui fait le monitoring ? Est-ce la HAPA, la CENI ou l’Autorité de Régulation de la Publicité (ARP) ?

Et enfin quelle méthode utiliser pour s’assurer d’avoir bien fait le monitoring.

Ce sont là autant de question que le premier intervenant a adressé au conférencier.

Rôle crucial de la presse dans le processus électoral

Lui succédant, Houssein Ould Medou, Président de la HAPA a rappelé que la Mauritanie est plongée ces derniers jours dans un climat préélectoral. C’est dit-il l’occasion de parler du rôle de la presse qui est crucial en ce sens qu’elle constitue le principal canal de diffusion des programmes des candidats. Il a souligné qu’il s’agit d’un acteur important qui contribue à la construction de l’opinion publique. Elle contribue à diminuer les tensions et joue un rôle fondamental dans la transparence des élections.

Ould Medou a noté que cette période est propice à la diffusion des fausses informations et au discours de la haine d’où la nécessité pour les journalistes de s’entourer de plus de professionnalisme, de respecter le code éthique de la profession et de veiller à la diffusion des messages positifs. Le but c’est de bien informer le citoyen pour l’aider à mieux s’exprimer et choisir.

Abordant la mission de l’institution qu’il dirige, le président de la HAPA a rappelé que c’est cette dernière qui supervise l’accès des acteurs politiques aux médias.

Des formations sont prévues pour les journalistes afin de renforcer leur professionnalisation.

Leur mission ne doit pas consister à un décompte mécanique des résultats le jour du scrutin mais de triller les bonnes informations a jour le jour, a-t-il affirmé. De ce fait, l’équilibre et la neutralité sont requis.

Ould Medou s’est félicité des améliorations apportés au système électoral avec entre autres l’introduction d’une liste pour les jeunes.

En conclusion il a dit qu’il faut que la presse soit dotée d’un esprit critique et qu’elle ait une vision globale des élections.

Le monitoring à la française, un cas d’école

Abordant l’expérience française du monitoring avec la régulation des médias en période électorale, Roch-Olivier Maistre a parlé des deux derniers rendez-vous majeurs en France en 2022, à savoir les élections présidentielles et législatives ; et de l’élection européenne l’année prochaine.

Le conférencier a développé deux points majeurs : le cadre juridique et le contrôle du pluralisme des medias ; second point, l’expérience de la régulation des grands acteurs d’internet.

« La préservation des courants de pensée est la première et la plus ancienne de nos missions », a affirmé le président de l’ARCOM qui a rappelé que c’est au début des années 80 que la régulation a commencé en France. Et la première règle c’est garantir la liberté de communication, la liberté éditoriale et la liberté d’expression consacrée par l’article 11 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.Il s’en est suivi l’affirmation du pluralisme dans le droit français. Par ailleurs, la loi du 30 septembre 2011 dans son article 1 incite à veiller sur le respect du caractère pluraliste des courants de pensée dans les radios et télévisions. « Et c’est note le conférencier l’une des missions les plus connus des français. Et c’est ce principe du pluralisme qui nous conduit à choisir les opérateurs les plus divers ».

Ainsi nous apprend-on, la télévision demeure la première source d’information pour plus de la moitié des français. De ce fait, en 2022, l’essentiel des débats s’est passé sur les chaînes de télévision.

La première mission de cette diversité d’acteurs c’est de permettre aux français d’accéder à une pluralité de contenus et d’avoir la possibilité de faire le choix le plus vaste. Cela contribue en effet à la vitalité du débat démocratique.

L’ARCOM veille sur le respect du pluralisme politique tout au long de l’année et c’est là un premier dispositif. Le second dispositif est déployé en période d’élections.

En vertu du premier dispositif, 1/3 du temps de parole est réservé au bloc de l’Exécutif et les 2/3 restants aux autres forces politiques au prorata de leur représentativité.

La liste des personnalités politiques conviées aux différentes émissions, avec une indication du temps de parole est transmise chaque trimestre à l’ARCOM. Ces chiffres sont ensuite transmis au président de l’Assemblée nationale, aux responsables de partis et à qui de droit. C’est en quelque sorte une garantie de transparence.

Au niveau de l’ARCOM un conseiller suit de près le respect du pluralisme des médias, même en période normale.

En période électorale, un régime spécifique est suivi. La publicité politique est interdite. La liste des médias soumis à la réglementation est fixée. Il s’agit des grands médias généralistes qui couvrent l’actualité politique. Un traitement équitable est strictement appliqué.

Pendant la campagne électorale, les commentaires sont comptabilisés. Le contrôle s’applique aux débats politiques.

Et même en temps normal l’égalité est stricte s’agissant du temps d’antenne des différents acteurs politiques,  compris le président de la République qui est traité au même titre que tous les autres.

Il s’agit là de règles bien rodées que les médias français assimilent bien et appliquent à la lettre et c’est là le prix de la démocratie, souligne le conférencier. 

Avec l’élection présidentielle considérée comme le sommet de la démocratie, l’ARCOM veille à ce que tous les citoyens aient accès à l’information. Pour les handicapés il y a des règles particulières comme les dispositifs de sous-titrage, l’interprétation des signes, etc.

Tous les candidats ont un accès libre aux médias de service public.

Aux élections de 2022 un volet particulier a porté sur la lutte contre les actions de manipulation de l’information. C’est ainsi que l’ARCOM a le pouvoir de bloquer une chaîne étrangère en cas de suspicion ou de diffusion de contenus erronés. Une loi dans ce sens existe et impose aux réseaux sociaux de collaborer avec l’institution en charge de la régulation. Au cours desdites élections un nouveau organisme avait pour mission de lutter contre les ingérences numériques étrangères qui perturbent le processus électoral. Il s’agit de Viginum créé en  juillet 2021.

Il y a aussi la commission nationale de contrôle de la campagne électorale qui joue un grand rôle de contrôle et de vérification.

A l’issue de chaque scrutin, l’ARCOM publie un rapport dans lequel elle fait des recommandations allant dans le sens de l’amélioration du système de régulation.

La HAPA gagnerait beaucoup à s’inspirer de ce système bien huilé qui fait la force de la démocratie française.

Notons enfin qu’à l’issue de cette conférence à laquelle a assisté l’ambassadeur de France en Mauritanie Alexandre GARCIA, les présidents de la HAPA et de l’ARCOM ont signé une convention de coopération.

« Cette signature est la preuve de l’excellente coopération entre les deux pays  dans le domaine des médias » a déclaré l’ambassadeur qui a annoncé le lancement au mois de juin prochain d’un nouveau projet au profit de la presse mauritanienne, un projet qui sera conduit en collaboration avec l’association Médias et Démocratie et l’École Publique de Journalisme de Tours (EPJT).

Bakari Gueye

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