Souvenir : Ousmane Moussa Diagana, un patriote convaincu

Le 09 Aout 2001 disparaissait Ousmane Moussa Diagana. Ce décès est une grande perte pour le développement et la promotion de la langue française en Mauritanie. En effet, le professeur Diagana fait partie de ceux qui ont fait de l’Université de Nouakchott ce qu’elle est aujourd’hui. Né en 1951 à Kaédi, il est à la fois poète et linguiste de renom. Il a publié plusieurs œuvres parmi lesquelles nous pouvons citer: Cherguiya Odes lyriques à une femme du Sahel, Notules de rêves pour une symphonie amoureuse, Dictionnaire Soninké-français, la langue soninkée morphosyntaxe et sens.

Vingt ans après la mort  du regretté Ousmane, la Mauritanie pleure toujours l’un de ses plus illustres fils. Cet homme de culture et de dialogue aimait passionnément son pays. Il avait en charge l’enseignement des langues nationales à l’Université de Nouakchott dans le département de langue et littérature françaises. De plus, il n’a jamais accepté de monnayer son savoir pour rejoindre une quelconque université étrangère. Au contraire, l’homme a toujours décliné les offres des prestigieuses  universités américaines et françaises au profit de l’Université de Nouakchott au sein de laquelle il a occupé le poste de Chef de département à partir de 1985.

Amoureux de son pays et conscient de la fragilité de l’unité nationale, Ousmane Moussa Diagana  a élaboré deux recueils de poèmes (Notules et Cherguiya) destinés à réconcilier la Mauritanie avec elle-même. Selon M’bou Séta Diagana,  les thèmes abordés dans ces recueils sont entre autres : la quête de l’unité nationale par la prière, une écriture dans une écriture, leitmotiv de la poésie femme mauritanienne, femme plurielle.

Le poète  se donne pour objectif de réconcilier deux communautés  (l’une arabo-berbère,  l’autre negro africaine) qui vivent dans un même espace géographique d’une manière complexe.

« De la rencontre de l’eau et du grain de sable .

C’est cela ma folie ;

C’est cela ma passion

Mon unique passion

Pour te mériter

O pays !  » (Page 93 Notules )

Ainsi, la poésie d’Ousmane Moussa Diagana n’est pas d’une lecture facile. C’est pourquoi, il demeure incompris par bon nombre de ses lecteurs. Il a une conception de la poésie qui n’est pas un  divertissement mais  un moyen de tirer l’individu de son mal existentiel. Dans ses recueils, il se sert de la femme comme médium pour faire de  l’unité nationale une réalité. De ce fait, son engagement se manifeste à travers un certain mysticisme. II prône le métissage culturel, le mariage mixte; c’est dans cette optique qu’il dédie Cherguiya à une mauresque et Notules à une femme Soninké negro mauritanienne (Sira naiye).Par ailleurs, le poète estime que l’enfant issu d’un couple mixte ne peut pas opter pour la famille de l’un des parents. Généralement, Il cherchera plutôt l’équilibre. Ainsi, cet engagement de Diagana est doux et subtil mais cela n’enlève rien à sa conviction. Par ailleurs, le poète dénonce l’hypocrisie en ces termes : « Oh femme de mon pays que j’égrène sur mon chapelet, mon chapelet qui prend soudain feu ». (Cherguiya)

Diagana a toujours exhorté les mauritaniens à joindre l’acte à la parole. II s’en est allé en laissant son frère d’esprit Wane Doudou désemparé.

Qu’Allah l’accueille en son saint paradis ! Aamiin

                                                                                                                

                                                                                                           Boulaye Baby/Selibaby

 

 

 

 

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One comment

  1. J’ai lu avec un intérêt particulier cet article œuvre d’un grand professeur de littérature. Cet hommage vibrant rendu à cet éminent compatriote est fort louable et salutaire à plus d’un titre d’autant plus que vous n’avez pas ou peu connu l’homme de son vivant. Ce n’est, il me semble qu’à travers ses écrits que vous vous êtes fait une idée de son rôle et son combat dans la littérature mauritanienne en général et plus particulièrement dans la société soninké. Bravo d’avoir eu l’idée de rappeler que les  » morts ne sont pas morts  » comme disait un auteur .

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