C’est avec la foi en Allah et la compassion entre ses créatures que nous surmontons les crises

Son Éminence Sheikh Abdullah Bin Bayyah
Président du Conseil émirati de la Fatwa

L’humanité est actuellement confrontée à une crise globale qui a plongé le monde entier dans l’incertitude sans toutefois renoncer à tenter d’y faire face.

Il est peut-être trop tôt pour tirer des conclusions et des leçons de cette crise étant donné qu’elle est toujours d’actualité, mais, de manière générale, nous constatons qu’il est nécessaire d’en appeler à la conscience du monde entier pour insister sur l’unité du destin humain, la fraternité humaine et la solidarité.

La compassion est une valeur qui fait partie de la nature humaine, car en temps de crise, l’être humain est rappelé à son sentiment d’appartenance à la famille humaine. Il reprend conscience que la vie d’une seule personne équivaut à la vie de tous, et que sa perte équivaut à la perte de tous.Ceci est un fait, peu importe le nombre de personnes concernées.

C’est également un fait coranique: « Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes ».

Les religions révélées, au premier rang desquelles la religion musulmane, ne se limitent pas à prescrire la bienfaisance pour les croyants uniquement, mais égalementaux autres êtres humains, et à tous les êtres vivants tel qu’énoncé dans lehadith authentique :« Il y aura une récompensepour avoir bien traité tout foie humide (être vivant)». Cette belle métaphore démontre que toutes les créatures vivantes méritent d’être traitées avec empathie et d’être aidées à conserver le don divin qu’est la vie.

« À côté de la difficulté, certes, il existe une facilité! À côté de la difficulté, certes, il existe une facilité!». (Ash-Sharh, 5 -6)

Il suffit que cet être vivantsoit doté d’un foie pour qu’on lui doive pitié et compassion. Les chats, les poissons et les autres espèces animales, et au sommet de la pyramide, l’être humain sont les habitants de ce globe et ils constituentnotre famille et nos voisins. Les différences religieuses, contrairement à ce que d’aucuns supposent, ne font nullement obstacle à cette compassion et à cette coopération dans les périodes de crises et de catastrophes.

Parce que la vie est la même pour tous et l’être humain est le même être humain. Sessouffrances et ses espoirs sont les mêmes souffrances et les mêmes espoirs.

Et nous, musulmans, à travers ce que notrereligion tolérante nous enseigne, sommes à même de mettre en lumière ces valeurs vertueuses et ces idéaux nobles. Tel est notre message et le message des religions révélées depuis Adam jusqu’au dernier des prophètes.

Nous avons besoin d’être solidaires avec les états fragiles et les peuples en détresse qui ont besoin de secours médicaux ou alimentaires urgents. Une solidarité qui fait fi des calculs politiques et des relations internationales et qui met en avant la compassionet la cohésion humaine.

Les Émirats arabes unis en ont donné un exemple concret, en se hâtant de tendre la main à l’est et à l’ouest, incarnant la solidarité que préconisent les religions et l’éthique.

Cette pandémie attire notre attention sur la nécessité d’une terre connectée avec le ciel. L’être humain, troublé par l’ampleur de cette crise, s’interroge sur ses causes et se pose un certain nombre de questions.

Ces questions concernent la recherche et la compréhension des lois universelles. Comment cette épidémie s’est produite et comment l’être humain gère ces épidémies en produisant des vaccins et des traitements appropriés, en anticipant leur apparition et en s’éloignant des régionsaffectées. Rien dans ces questions ne contredit la reconnaissance du pouvoir du Très-Haut, Très-Puissant, et de son destin mais plutôt, comme l’a dit le calife bien-guidé Omar ibn Al-Khattab: « Nousfuyonsdu destin d’Allah vers le destin d’Allah ».

L’islam encourage vivement la recherche scientifique et la mise au point de médicaments. Dans le SahihMuslim, Jabir ibn Abdillah rapporte que le Messager d’Allah, que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui, a dit : « Il y a un remède pour chaque maladie, et quand le remède est appliqué à la maladie, celle-ci est guérie avec la bénédiction d’Allah ».

Ce hadith est d’une grande importance. Il appelle à apprendre la médecine et à la recherche de médicaments, et confirme l’existence d’un remède pour chaque maladie. Si l’être humain est persuadé qu’un médicament existe pour toutes les maladies, il doit persister dans la recherche, car il ne cherche pas quelque chose d’inexistant, mais quelque chose qui existe mais pas encore découvert, et ceci est un espoir et une bonne nouvelle pour les chercheurs. Ce noble hadith combine deux éléments.

Le premier se réfère aux efforts de l’être humain : « quand le remède est appliqué à la maladie » et le second à « Al-Ittikal », c’est-à-dire s’en remettre à Allah Tout-Puissant et Lui demander que nos efforts soient couronnés de succès car c’est Lui le Créateur de toute chose et c’est Lui le Guide vers toute découverte : « celle-ci est guérie avec la bénédiction d’Allah ». L’être humain fournit des efforts, entreprend des recherches et puise le succès de la Force suprême, donneuse et inspirante.

Les religions révélées doivent être présentes dans cette réflexion humaine en cette période de pandémie afin d’offrir espoir et inciter à la solidarité et à la morale humaine qui mènent vers une coexistence heureuse entre les habitants de cette planète où nous vivons.

Et tandis que l’humanité passe ce test difficile, les adeptes des religions sont invités à coopérer avec les autorités officielles dans le respect des consignes médicales, d’autant plus que nous sommes aux portes d’évènements religieux d’importance.

En conclusion, nous appelons à invoquer, implorer et supplier la force, la bonté et la miséricorde divines. Nous demandons à Allah Tout-Puissant de mettre fin à cette affliction et à cette crise, d’avoir pitié des gens de la terre et de les aider à être patients et reconnaissants et à avoir de la compassion entre eux et à coopérer dans la droiture et la piété.

Son Éminence Sheikh Abdullah Bin Bayyah

Président du Conseil émirati de la Fatwa

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