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Pollution et Changement Climatique : Le ministère de l’Environnement mène un combat difficile

Face aux grands défis nationaux et mondiaux, le département de l’Environnement conduit une politique pragmatique fondée sur une stratégie basée sur des objectifs qui s’intègrent parfaitement dans le programme Taahoudati du président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui accorde une importance capitale à l’Environnement.

La question de l’évaluation des impacts environnementaux et sociaux des industries extractives est prise très au sérieux car la Mauritanie est un pays minier, un pays pétrolier et un pays gazier. Ce sont des industries extractives qui sont en train d’être exploitées pour le bien-être du pays et qui ont des impacts négatifs. Donc une grande partie de la mission qui est assignée au Ministère de l’Environnement renvoie à la sauvegarde par rapport à tous ces projets.

Par ailleurs il n’y a pas que les projets miniers, pétroliers et gaziers mais il y a aussi les autres projets de développement, les infrastructures, la production d’énergie, les routes, les ports, les aéroports, les édifices, les projets agricoles…Tout cela renvoie à une évaluation environnementale réglementée. Elle est obligatoire et une partie de la mission du Ministère est de suivre tout cela pour atténuer les impacts, moyennant des plans de gestion environnementale et sociale.

L’évaluation environnementale est de ce fait une mission régalienne. Elle est fondée sur la loi 2000/045 qui impose à tous les opérateurs de faire une étude d’impact environnemental. Cette étude est réglementée par le décret 2004/094 qui a été révisée et remplacée par le décret 2007/105.

Elle légifère sur 2 volets à savoir le volet A concernant l’Etude d’Impact Environnemental et le volet B qui exige une notice d’impact environnemental.

Confrontée à la péjoration climatique et aux mutations socio-économiques, la société mauritanienne se transforme d’une société agro-pastorale et nomade en une société urbaine.

Le phénomène des changements climatiques, l’exploitation minière et pétrolière et le secteur tertiaire deviennent plus importants et génèrent des risques environnementaux pour lesquels le pays n’est pas bien préparé. Les risques socio-économiques de la dégradation de l’écosystème côtier continuent d’augmenter.

Les stratégies nationales reconnaissent que la sauvegarde des ressources environnementales est indispensable à la vie.

La gouvernance environnementale est assignée au Ministre de l’Environnement. Les attributions de ce dernier, qui a bénéficié d’un relèvement au rang de Ministère depuis le 17 Septembre 2013, sont désormais régies par le Décret N° 057/2014/PM du 11 Mars 2014.

Les grandes lignes de la politique nationale en matière d’environnement et qui est mise en œuvre par le département, correspondent aux orientations de la stratégie nationale de l’environnement et du développement durable. Elle s’étale sur la période de 2017 à 2030 et qui est en vigueur actuellement.

Sur le plan international, la Mauritanie est en phase avec la législation en vigueur. C’est ainsi qu’elle est signataire de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ; la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification et dont le Secrétaire Exécutif est un mauritanien ; la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique ; la Convention de RAMSAR sur les zones humides ; la Convention de Bamako sur les Polluants ; la Convention de Stokholm sur les Polluants Organiques Persistants ; la Convention de Rotterdam ; la Convention de Bâle ; la Convention de Genève ; le Protocole de Montréal de la Convention de Genève sur la Protection de la Couche d’Ozone ; la Convention de Minamata sur le Mercure ; la Convention d’Abidjan sur la protection de la Côte ; la Convention de Maputo, etc.

D’autres accords importants existent, qui ne sont pas vraiment d’ordre universel. Il y a entres autres la Convention sur la Grande Muraille Verte qui comprend 11 pays et qui renvoie à un Secrétariat panafricain et une agence panafricaine dont le siège est à Nouakchott.

En milieu rural le lien entre la pauvreté et l’environnement concerne surtout l’accès aux ressources naturelles comme l’eau, les terres, les forêts et les zones de pêche. En zone urbaine, la pollution, l’assainissement, la gestion des déchets et l’habitation précaire sont les facteurs qui ont un impact plus important sur le bien-être.

Le Rapport national sur l’état de l’environnement de Mauritanie de 2008 présente un résumé des préoccupations principales en ce qui se concerne la qualité de l’environnement.

Quant à la qualité de l’air, certaines données sont disponibles aux alentours des mines, mais il y a un manque d’information sur la qualité de l’air dans les grands centres urbains.

Le secteur du pétrole et de l’énergie

Les risques principaux du secteur du pétrolier et de l’énergie sont les suivants: les risques d’accident et de déversement lors de l’exploration et exploitation offshore et lors du transport et stockage des produits pétroliers; la pollution du littoral avec les huiles rejetées; la contamination des ressources halieutiques; la pollution de l’air causée par la combustion des carburants dans le parc automobile, les navires, les centrales électriques, les mines et l’industrie; la pollution du sol due aux déversements ou rejets.

A noter par ailleurs que la Société Mauritanienne d’Électricité (Somelec) possède d’anciens transformateurs et autres équipements électriques qui contiennent des PCB.

Les effets respiratoires et cardio-vasculaires des produits de combustions rejetés dans l’air sont les impacts principaux de ce secteur en Mauritanie.

L’Organisation Mondiale de la Santé a fait une extrapolation des données régionales et a conclu qu’en Mauritanie le taux de mortalité de l’exposition à la pollution urbaine était de 140 par million, ou 436 décès prématurés en 2008. On a documenté des cas de contamination par les produits chimiques déversés en mer : cette contamination a prévenu la vente et la consommation des ressources halieutiques et a dégradé l’écosystème marin.

La Mauritanie a déjà pris des mesures pour réduire les impacts de l’utilisation des carburants : la réduction de la teneur de souffre et de benzène et l’élimination du plomb dans l’essence. Les exploitations offshore ont fait l’objet d’une évaluation d’impact sur l’environnement.

Le secteur minier

Le secteur minier est une source importante de pollution en Mauritanie et il y a eu des incidences de contamination dans le passé dans ce secteur. Ce secteur est composé de mines commerciales à ciel ouvert. Celles-ci sont moins préoccupantes pour la santé que les mines souterraines ou les exploitations artisanales. Les risques principaux posés par les mines sont les suivants : l’exposition aux poussières; l’utilisation de produits toxiques (cyanure); le dépôt des stériles et le rejet des eaux d’exhaure.

Il y a eu des améliorations dans la gestion des mines ce qui a permis de diminuer leurs impacts négatifs sur l’environnement et la santé. Des études d’impact sur l’environnement ont été faites pour les plans d’expansion des trois grandes mines en Mauritanie : la mine de cuivre à Akjoujt, la mine de fer à Zouérate et la mine d’or à Tasiast. Ces trois mines ont mis en place des pratiques d’excellence pour réduire leurs impacts sur la santé et l’environnement. Une surveillance continue de l’environnement et la santé des travailleurs est nécessaire pour assurer que les activités minières n’endommagent pas l’environnement et la santé à long terme.

Le secteur de l’assainissement

La situation en Mauritanie se caractérise par l’insuffisance du système d’assainissement et de collecte et traitement des ordures. Les risques principaux de ce secteur sont : la pollution de l’eau par le lixiviat;  la pollution de l’air durant le brûlage à l’air libre et les risques de maladies transmissibles.

Un autre danger peut découler des déchets hospitaliers  qui sont considérés comme des déchets industriels. On estime la production à 3 300 kg par jour. Les risques principaux de ces déchets sont : les risques de maladies transmissibles; l’exposition aux composantes toxiques (le mercure, les solvants, les désinfectants, produits pharmaceutiques, matières radioactives)  et l’émission de polluants dangereux si l’incinération est non-conforme aux meilleures pratiques.

Actions prioritaires

La Mauritanie a entrepris des études qui portent sur l’environnement et a élaboré plusieurs plans stratégiques qui sont pertinents à la gestion des produits nocifs. On peut citer entre autres le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (2001) ; l’Étude intégrée sur le secteur de l’eau en Mauritanie (Volet urbain) (2003) ; l’Exploitation et protection de la ressource en eau souterraine par l’industrie (2003) ; la Gestion des ressources en eau et hydraulique rurale (2003) ; le Plan d’action national pour l’environnement et le développement durable (2006) ; le Plan directeur d’aménagement du littoral mauritanien (2005) ; la Stratégie nationale d’assainissement liquide (2011) ; la Stratégie nationale de développement durable (2006) ; et la Stratégie pour améliorer la gestion de l’eau potable et le développement de l’assainissement en milieu urbain (2003). Et actuellement il y a la stratégie nationale de l’environnement et du développement durable qui s’étale sur la période de 2017 à 2030.

Ces documents présentent des actions à prendre pour sauvegarder l’environnement mauritanien; plusieurs d’entre elles peuvent aussi contribuer à l’amélioration de la gestion des produits chimiques.

Direction de l’Évaluation et du Contrôle Environnemental 

Bilan et Perspectives

Les tâches de la DECE

Conformément au décret 165/2020 la DECE chargée entre autres de :

  • Recenser les sources de pollutions, élaborer et coordonner la mise en œuvre de la politique, des stratégies et des plans d’actions en matière de prévention et de lutte contre les pollutions chimiques, biologiques, et les nuisances ;
  • Assurer le suivi de la mise en œuvre de la règlementation nationale, des accords, protocoles, traités et conventions sous régionaux, régionaux et internationaux relatifs aux pollutions chimiques, produits dangereux et nuisances ;
  • Evaluer, en étroite collaboration avec les structures techniques concernées, la recevabilité de l’étude d’impact sur l’environnement et, soumettre au Ministre les avis de faisabilité environnementale ;
  • S’assurer de l’application effective des mesures d’atténuation et autres, inscrites dans les études d’impact environnemental et superviser les opérations de remise en état des sites des projets, conformément aux plans de gestion environnementale ;
  • Assurer la fonction régalienne de l’Etat en matière de contrôle environnemental à travers le pilotage et le suivi des activités de la police de l’environnement et dresser un bilan annuel des activités de la police de l’environnement ;
  • Faire des analyses et du contrôle de qualité de l’environnement (eau, air, sols);
  • Contrôler les opérations de traitement des déchets, notamment le recyclage, la valorisation, l’incinération et l’enfouissement ;
  • Contribuer à la gestion des produits dangereux, périmés ou obsolètes et suivre leur destruction.
  • Bilan des réalisation

Activités réalisées

Total EIE et NIE : 428 projets

  • Secteur Minier : 205 (Mines, carrières, catégorie D, Catégorie F)
  • Secteur pèche : 71 (usines de conditionnement des produits de pêche et de fabrication de farine et huile de poisson, projets d’aménagements des infrastructures des zones de production de pêches) ;
  • Secteur de l’Industrie : 66 (usine agroalimentaires, traitement des huiles usées, ferrailles, plastiques ….) ;
  • Secteur d’infrastructure : 34 (ponts, aéroports, routes…..) ;
  • Secteur pétrolier :  49 (campagnes sismiques,  forages pétroliers, développement).

Total EESS : 3

  • EESS de l’exploitation du sable noir ;
  • EESS du secteur Agricole ;
  • EESS du secteur Minier.

Contrôle de conformité environnementale

  • 78 MISSIONS de contrôle effectuées au niveau de 382 projets sur le territoire national ;
  • 22 projets ont été mis en conformité ;
  • Inventaire de 300 unités industrielles (Nktt, Ndb et Tiris Zemmour,Trarza) ;
  • Opérationnalisation de la police environnementale avec trois brigade (Chami, Zouerate et Aleg).

Contrôler les opérations de traitement des déchets, notamment le recyclage, la valorisation, l’incinération et l’enfouissement

  • Promouvoir les filières de recyclage et de valorisation des déchets à travers l’autorisation et le suivi de 14 operateurs de recyclage [plastique, ferraille, huiles usées, Boue de forage] ;
  • 157 tonnes de plastiques souples saisies dont 115 T transformées en granulats.

Missions de la DECE

-Contribuer à la gestion des produits dangereux, périmés ou obsolètes et suivre leur destruction

-Lutte contre la pollution

Activités réalisées

  • Autorisations d’importation de produits chimiques utilisés dans le secteur minier pour une quantité totale de 759 T de GDA (Alternatif au cyanure), 8720 T de Cyanure et 96 T de Nitrate de plomb ;
  • Signature d’un cahier de charge qui définit les bonnes pratiques de l’utilisation des produits chimiques avec 30 Sociétés de traitement des résidus miniers à Chami et F’deireck ;
  • Inventaire des produits chimiques obsolètes.

Promouvoir l’utilisation par les opérateurs miniers (catégorie F) d’un procédé d’extraction moins polluant que le cyanure [GDA)

  • Signature d’un cahier de charge qui définit les bonnes pratiques de l’utilisation des produits chimiques avec 30 Sociétés de traitement des résidus miniers à Chami et F’deireck;
  • Mise en place du programme de suivi de la qualité de l’air en collaboration avec la RN avec l’installation de 25 Micro capteurs à Nouakchott pendant une durée de 8 mois;
  • Acquisition du matériel pour le contrôle de la qualité de l’air ;
  • Contrôle régulier des zones industrielles (Toujounine,Elmina) pour le suivi du PGES (amélioration du système de traitement des fumées );
  • Lancement de trois campagnes de sensibilisation sur les risques liés à l’utilisation des produits chimiques et la gestion des déchets dans le secteur de l’orpaillage aux niveau des 8 Wilayas concernées par l’orpaillage ;
  • Suivi de l’utilisation de Mercure dans le Centre de Traitement Artisanal de Chami et Zouerate ;
  • Enlèvement et accompagnement des produits chimiques jusqu’à la destination finale ;
  • Inventaire des produits chimiques obsolètes;
  • Lancement du projet SECOMA financé par BP en partenariat avec ONISPA, IMROP, Université pour le suivi du milieu côtière et marin (état de référence, micro contaminant, caractéristique physico-chimique.

Bureau National d’Ozone (BNO)

Dans le cadre de la mise en œuvre de la convention de Vienne relative la protection de la couche d’ozone et le protocole de Montréal relatif à des substances appauvrissant la couche d’ozone, le BNO a réalisé les activités suivantes :

  • Validation du Plan de Gestion de l’Élimination des Hydrochlorofluorocarbone (PGEH) ;
  • Lancement des missions de sensibilisation des acteurs et professionnels du froid sur le programme ozone du pays dans les Wilayas de Nouakchott Nord, Nouakchott, Ouest, Nouakchott Sud, Tiris Zemour, Dakhlet Nouadhibou et Trarza ;
  • Organisation des réunions de sensibilisation des acteurs et professionnels du froid sur le programme ozone du pays dans les Wilayas de Nouakchott Nord, Nouakchott, Ouest, Nouakchott Sud, Tiris Zemour, Dakhlet Nouadhibou et Trarza ;
  • Lancement de l’enquête approfondie de réévaluation du stock existant sur le territoire national ;
  • Organisation des ateliers de formation des formateurs douaniers et frigoristes ;
  • Révision de la législation existante de contrôle de HFC en vue de préparation pour la ratification de l’amendement de Kigali.

Perspectives :

  • Elaboration des normes environnementales pour les rejets hydriques du secteur industriel ;
  • Élaboration des normes pour les sites des dépôts, les décharges et les CET ;
  • Élaboration des normes pour la valorisation et le recyclage des déchets ;
  • Elaboration des normes environnementales pour les rejets hydriques du secteur minier ;
  • Elaboration des normes environnementales pour les rejets et nuisances issus de l’activité pétrolière et gazière ;
  • Réaliser une EIES pour la construction d’un Centre d’Enfouissement Technique des déchets de la ville de Nouakchott ;
  • Mise en place d’un projet pilote (procédé d’extraction de l’or moins polluant que le mercure) (ProPEP);
  • réalisation d’une étude sur les meilleurs pratiques de réhabilitation et restauration des sites dégradés par l’activité de l’orpaillage ; Établir un état de référence (eau, sol, air) sur la situation de pollution au niveau de la vallée ;
  • Mise en place d’un programme de suivi et de surveillance environnementale dans les zones de l’orpaillage ;
  • Élaboration et mise en place d’une politique nationale pour la gestion des urgences environnementales [pollution et catastrophe naturelle] ;
  • Élaboration d’un programme d’intervention et de lutte contre la pollution avec un plan d’action 2024-2028 ;
  • Création et équipement d’un laboratoire pour l’environnement en partenariat avec UNA ou l’ONISPA.

Le Changement climatique, une réalité et une préoccupation nationale

La Mauritanie est bien concernée par la question des changements climatiques, une question qui revêt une importance cruciale au niveau mondial en ce sens qu’elle engage profondément la survie de l’humanité qui fait face à un réchauffement de plus en plus inquiétant.

Selon le rapport de la quatrième communication nationale sur le changement climatique qui est l’instrument de planification, d’information et d’aide à la prise des décisions pour faire face aux effets néfastes du changement climatique, les tendances climatiques observées en Mauritanie entre 1945 et 2010 montrent un réchauffement net avec une baisse des nuits froides et une augmentation des nuits chaudes.

Selon les différents scénarios de la Troisième Communication Nationale (TCN, 2014), les températures pour l’horizon 2050 devraient enregistrer une augmentation générale avec un maximum de plus de 2°C, hormis dans une bande ouest en face de l’océan Atlantique où la hausse sera de moins de 1,5°C. Les quantités de pluie, à l’horizon 2050, devraient connaître une régression de l’ordre de 20% par rapport à la normale de référence (1961- 1990).

Ainsi les scenarii climatiques rapportés dans la TCN, 2014, indiquent que la Mauritanie devra connaître une forte exposition socio-économique et écologique au changement climatique qui serait à l’origine d’importants impacts.

Selon Mohamed Yahya Ould Lafdal, Conseiller du ministre de l’Environnement : « La vulnérabilité de la Mauritanie est largement prise en compte dans l’ensemble des politiques publiques notamment celles liés au changement climatique et aux autres thématiques environnementales.

L’ensemble des documents habilitant c’est-à-dire les communications nationales sur le changement climatique mais aussi ce qu’on appelle la Contribution Déterminée Nationale (CDN), analyse de façon détaillée et exhaustive le niveau de vulnérabilité. C’est pourquoi on parle d’Adaptation au Changement Climatique. Qu’est ce qu’on adapte ? On adapte les secteurs vulnérables. Nous notre priorité en tant que pays du Sud, en tant que pays non industrialisé, en tant que pays non émetteur de gaz à effet de serre, notre priorité c’est l’adaptation ; c’est-à-dire s’adapter aux aléas qui sont nés de quelque chose que nous nous n’avons pas causé, c’est-à-dire les émissions historiques de gaz à effet de serre depuis 3 siècles. Et maintenant cette vulnérabilité malheureusement est très grande et il y a des indices qui permettent de la mesurer. Il est clair que nous en tant que pays notre vulnérabilité est très très avancée sur l’aspect littoral. Nous avons un littoral très érodé qui subit des pressions et nous avons une vulnérabilité très accrue parce qu’on n’est pas vraiment préparé, en termes urbains. On n’a pas d’assainissement. Et que à partir du moment où on peut avoir une pluviométrie exceptionnelle même avec 80 ou 100 mm ça peut tourner à la catastrophe. Les routes peuvent être coupées entre les villes. On peut avoir d’autres fléaux, d’autres problèmes liés à des tempêtes, à des phénomènes extrêmes ; tout ça ça fait partie de notre vulnérabilité. Il est clair que nous avons une vulnérabilité écologique et une vulnérabilité sociale.

Et cette vulnérabilité nous permet aussi d’accéder à des fonds, à des appuis qui ne sont pas disponibles pour les pays qui sont moins vulnérables.

Donc notre vulnérabilité est grande ce qui explique aussi que notre action d’adaptation est grande. Donc on essaie d’adapter les secteurs productifs d’abord, l’agriculture, l’élevage, le secteur de l’eau, les infrastructures et le secteur des pêches. Et tous ces secteurs ont déjà dans leur exercice un certain nombre de programmes, de projets, d’actions, d’initiatives qui visent à réduire et à atténuer la vulnérabilité par rapport au changement climatique. »

Ainsi, en vertu de la mission qui lui est assignée par les pouvoirs publics, le Ministère de l’Environnement est appelé à combattre les phénomènes de la désertification, du changement climatique, de la pollution de toute sorte et de la perte de la biodiversité etc. Le défi est également de mobiliser les différents acteurs nationaux et les Partenaires Techniques et Financiers pour mener des activités opérationnelles et assurer leur financement.

Vulnérabilité du pays au changement climatique

Le pays aux ¾ envahi par le désert est très vulnérable au changement climatique. Des modèles de simulation ont établi des scénarios de changement climatique confirmant cette affirmation. À l’horizon 2050, un premier modèle avait prévu une hausse de la pluviométrie de 3 à 10 % et une hausse des températures de 0,4 °C tous les 10 ans (première communication). La deuxième communication confirme la hausse des températures et indique une amplification des fluctuations interannuelles des précipitations en Mauritanie. Parmi les autres documents clés sur les effets du changement climatique en Mauritanie, il y a le Plan d’Actions Nationales d’Adaptation aux changements climatiques (PANA) qui avait été élaboré en réponse aux études de vulnérabilité du pays des années 2003 et 2004. Le PANA a permis d’identifier les besoins essentiels à court terme en matière d’adaptation et les activités prioritaires à mener face au changement climatique de l’époque.

D’autres études de vulnérabilité ont été menées par des projets d’investissement du FEM et d’autres bailleurs (Fonds d’adaptation et Union Européenne). Le projet AMCC 1 de l’Union Européenne et la Coopération Allemande (GIZ) a produit en 2017 une analyse de vulnérabilité sur certaines régions du pays (Brakna et Assaba) pour servir d’outil de décision aux Communes bénéficiaires du projet. L’OSS (Office du Sahel et du Sahara) entreprendra la même année un atlas présentant les régions du pays les plus atteintes par le changement climatique.

Sur la base de l’information climatique disponible au niveau international et national, l’équipe de l’analyse de vulnérabilité a élaboré, comme première étape de l’analyse, une étude des projections du changement climatique en prenant comme référence la série 1990-2010. Ces modèles ont été exécutés en utilisant différents scénarios d’émissions, dénommés Representative Concentration Pathways (RCP), qui fournissent différentes hypothèses sur les modes d’émissions de gaz à effet de serre. Dans le cadre de cette étude, deux RCP ont été sélectionnés pour couvrir largement le forçage radiatif anthropique total, s’étendant du forçage faible à moyen (RCP 4.5) au forçage élevé (RCP 8.5).

A  noter que les prévisions pour l’horizon 2050 prédisent une augmentation des températures de plus de 2°C concernera l‟Est et le centre du pays.

Pour l’horizon 2100 une forte élévation des températures est prévue en Mauritanie avec un surplus pour le MCG ECHAM4 qui donne un maximum de plus 4,5 °C dans le sud des wilayas de l’Assaba et de Guidimaka. Pour la wilaya du Brakna, le plus faible niveau de réchauffement concernera l’ouest de la Moughataa de Boghé avec moins de 3,5°C, le reste de la zone connaitra un réchauffement d‟environ 3,5°C à l’ouest du Brakna et dans l’ordre de 4°C dans l’est du Brakna et le sud-ouest du Tagant. Le HADCM3 prédit moins de réchauffement pour l’horizon 2100, allant de moins de 2°C à Nouadhibou à plus de 3,5°C dans l’est du pays

Malgré l’urgence de mettre en place des mesures d’adaptation, la planification et la mise en place à grande échelle de mesures d’adaptation aux changements climatiques sont encore embryonnaires, à l’heure actuelle. Des limites importantes à leur développement existent, telles que le caractère local de l’adaptation qui rend plus difficile la coordination des politiques, les incertitudes liées aussi bien aux impacts des changements climatiques qu’à la vulnérabilité des systèmes naturels et économiques, ou l’archaïsme de certaines normes.

Tenant compte de ces limites, le gouvernement préconise la mise en œuvre des mesures suivantes au niveau des différents secteurs cibles.

L’objectif général visé à travers la stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques est de prévenir et réduire les impacts des changements climatiques sur la croissance et le développement économique et social du pays. De façon spécifique, il s’agira de protéger les populations face aux conséquences des changements climatiques, en particulier les groupes vulnérables ; de développer les capacités de résistance des acteurs face aux risques climatiques et de promouvoir une gestion durable rationnelle des ressources naturelles.

Renforcement des capacités en Changements climatiques

La Mauritanie a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 1994 et a adhéré au Protocole de Kyoto en 1997. Elle a entrepris, grâce aux activités habilitantes appuyées par la CCNUCC et son mécanisme financier (FEM), l’élaboration successive des documents habilitants suivants : la Communication Nationale initiale en 2001 ; le rapport d’évaluation des besoins technologiques en 2002 ; le Plan d’Action national d’Adaptation au changement climatique (PANA) en 2004 ; la deuxième communication nationale en 2008 ; la troisième CN en 2014 ; le premier rapport de mise à jour biennale (BURi) en décembre 2015 ; le rapport d’évaluation des besoins technologiques (EBT 2) en juin 2018 avec l’appui du Partenariat PNUE-DTU. La quatrième communication nationale a été clôturée en Juillet 2019 et et a été suivie par la préparation du BUR 2 avec la collaboration de l’ONU Environnement.

Le pays, fidèle à sa position stable parmi le peloton des pays africains leaders des activités habilitantes de la CCNUCC, a lancé son Readiness du FVC en 2017 et lancé en avril 2019 la préparation de son Plan National d’Adaptation (PNA) grâce à un financement du Fonds Vert Climat et l’appui de l’ONU Environnement pour une vision à moyen et long termes.

Au plan national, la Stratégie Nationale Environnement et Développement Durable (SNEDD) à l’horizon 2030, adoptée en octobre 2016, constitue le cadre de référence de la politique nationale qui traduit et porte l’ambition du pays définie dans la CDN (contribution déterminée au niveau national et ratifiée en Février 2017) pour participer activement aux objectifs de l’Accord de Paris. Cette stratégie est, au plan opérationnel, à la fois largement articulée et profondément inspirée du changement climatique.

Il convient  souligner que le Ministère de l’Environnement  a désigné la Cellule de coordination du programme national de changement climatique (CCPNCC) comme point focal de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et point focal du GCF. La CCPNCC s’appuie sur une task-force composée des points focaux sectoriels (PFS) désignés chacun par son ministère et ceux de la société civile et du secteur privé par leurs tutelles respectives. La CCPNCC dispose également d’un réseau d’experts indépendants issus du milieu académique et universitaire pour conduire des études et recherches spécifiques à son activité d’argumentaire, de plaidoyer et d’information et de sensibilisation.

Le réseau de Points Focaux Sectoriels changement climatique au sein des départements ministériels contribue à améliorer la mise en œuvre des objectifs de la Convention et à intégrer systématiquement la problématique du CC dans les activités sectorielles.

Par ailleurs, la Mauritanie ambitionne de faire évoluer le système de suivi-évaluation sectoriel existant pour le suivi du développement national pour qu’il soit, plus tard, en articulation, voire inclusif, avec la surveillance des émissions de Gaz à effet de serre (GES) ou des réductions attribuées à une mesure d’atténuation particulière (politiques, programmes, mesure ou projet) ; du soutien climatique connexe (fourni par le gouvernement ou reçu des partenaires ou encore dans une forme de financement du marché) ;du transfert de technologie et du renforcement des capacités pour permettre la mise en œuvre d’une action ou mesure d’atténuation ; du co-bénéfice ou avantages pour le développement durable associé aux mesures d’atténuation. Il constituera ainsi l’ossature du système MRV. Il sera établi sur la base du système d’inventaire mis en place lors de l’élaboration de la BUR no.1 et de la CPDN en 2015 et sera élargi à une autorité indépendante composée de trois unités de recherche issues des établissements universitaires et de personnalités indépendantes à moralité avérée.

Par ailleurs, et pour assurer le suivi-évaluation de la CDN, il est procédé au renforcement des capacités des systèmes de suivi-évaluation du plan national de l’environnement existants au sein du Ministère et des autres départements impliqués pour assurer une conduite concertée et harmonisée des progrès réalisés dans sa mise en œuvre.

Un autre atout de la Mauritanie dans sa lutte contre les Changements Climatiques c’est sa Contribution Nationale Déterminée (CDN) comme le souligne le Conseiller du ministre : « La CDN renvoie à une obligation de parties, une obligation de tous les pays parties prenantes à l’Accord de Paris de 2015.

Effectivement nous avons notre CDN qui a été actualisée aussi et qui a été sectorialisée et elle fera l’objet d’un focus lors de la COP 28 mais aussi elle a fait l’objet d’une revue l’année dernière lors de la COP 27 à Charm El Cheikh.

Évidemment la CDN c’est notre contribution à l’effort global. Il y a 2 composantes qui sont à parité égale à savoir l’adaptation et l’atténuation.

Et la Mauritanie est parmi les premiers pays qui a présenté sa CDN au gouvernement en Conseil des Ministres et nous sommes sur ce plan là un bon élève.

Maintenant quel est le degré d’intégration du changement climatique dans les politiques et stratégies de développement du pays ? C’est une question qui renvoie à un effort continue mais nous avons déjà un réseau de points focaux sectoriels concernant le volet Changements Climatiques et l’action aussi des ministres qui sont impliqués dans le cadre de cette intégration.

Donc au niveau de l’énergie il y a des actions, au niveau des autres départements comme l’eau, l’assainissement, l’agriculture, l’élevage mais aussi au niveau du ministère de l’Économie et du Développement Durable, le ministère de l’Habitat, tous ces ministères là considèrent des actions ou des dimensions de changement climatique dans leurs politiques publiques. »

Par Bakari GUEYE/Magazine Mensuel HORIZONS N°40/Novembre 2023

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