Breaking News

Dre Dorothy ACHU : « La pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur la surveillance et la lutte contre plusieurs maladies. »

Dre Dorothy ACHU est Cheffe de l’équipe des Maladies Tropicales et à transmission Vectorielle au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Dans l’entretien qui suit, elle explique pourquoi des maladies tropicales négligées telles que la dengue ont été négativement impacté avec la survenue de la pandémie de Covid. Elle parle également de la stratégie de l’OMS pour aider la Mauritanie à lutter contre cette maladie.

Initiatives News: Comment expliquer que la Mauritanie ait connu plusieurs épidémies de dengue entre 2015 et 2018 ?

Dre Dorothy ACHU : Il n’est jamais exclu qu’un pays connaisse plusieurs épidémies en peu de temps. Tout dépend de l’éco-épidémiologie de la maladie localement. Il existe plusieurs virus, plusieurs vecteurs et la susceptibilité des personnes ainsi que les facteurs environnementaux entrent en jeu. C’est pour ça que c’est intéressant de faire une bonne analyse de situation sur plusieurs années et orienter les plans de lutte et de prévention. Selon le manuel de surveillance intégrée de la maladie et riposte 2019, la dengue est une des maladies à potentiel endémique qui nécessite une intervention immédiate en Mauritanie comme dans les autres pays de la Région africaine de l’OMS.

Initiatives News: Le niveau de surveillance de cette épidémie qui s’est révélée sporadique a-t-il pu baisser du fait la pandémie de COVID-19 ? 

Dre Dorothy ACHU :La pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur la surveillance et la lutte contre plusieurs maladies. Elle était devenue la priorité mondiale. Ce n’est pas étonnant qu’une maladie tropicales négligées (MTN) comme la dengue en ait souffert. Avec l’amélioration des tendances, il faut relancer tous les programmes y compris ceux concernant la dengue.

Initiatives News: La dengue et le paludisme ont pratiquement le même agent pathogène. Dans quelles zones de la Mauritanie peut-on parler de forte incidence ? 

Dre Dorothy ACHU :La dengue et le paludisme n’ont ni le même agent pathogène ni le même vecteur. La dengue est causée par un virus tandis que le paludisme est causé par un parasite (Plasmodium).  Il y a parfois des aspects cliniques de confusion sauf pour la dengue hémorragique. Il faut quand même signaler que certaines conditions (forte température, humidité et l’existence des flaques d’eaux autours des habitations) favorisent le développement des moustiques qui sont vecteurs du paludisme (Anophèles) et de la dengue (Aedes). Ces moustiques qui coexistent dans ces milieux pourront résulter à la co-morbidité. Alors, il existe des mesures de lutte antivectorielles qui pourront s’adresser aux deux maladies telles que l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide, la pulvérisation intra domiciliaire, la lutte anti-larvaire (pulvérisation des gites larvaires) et le nettoyage des récipients avec de l’eau. En outre, une protection individuelle à l’aide de répulsifs et de vêtements à manches longues est utile. Le risque de transmission de la dengue est présent toute l’année dans la partie sud de la Mauritanie (Nouakchott, Trarza) où l’incrimination des vecteurs Aedes a été démontrée.

Initiatives News: Quelles sont les statistiques en termes de cas, de guérison et de décès liés à ces quatre épisodes ? 

Dre Dorothy ACHU : Pour avoir ces statistiques, il faut vous référer au Ministère de Santé au niveau du pays. Dans tous les cas, nous conseillons toujours une approche de gestion interne des données et avec les autres parties prenantes. C’est le défi pour le Système National d’Information Sanitaire.

Initiatives News: Quelle stratégie l’OMS met en place pour aider la Mauritanie à prévenir, voire éradiquer cette maladie ?

Dre Dorothy ACHU : La Mauritanie est en train d’élaborer un Plan directeur de lutte contre les MTN et qui est en finalisation. Ce plan va prendre en compte les approches visant l’éradication de la maladie en se basant sur les nouvelles orientations de la Feuille de Route 2021-2030 de l’OMS. Le Bureau de l’OMS pour l’Afrique a mis en place un programme sur les maladies à transmission vectorielle qui met l’accent sur les arbovirus (des virus transmis à l’Homme par des arthropodes hématophages comme les moustiques ou les tiques) à partir d’un réservoir animal ou d’un individu infecté. Des efforts sont en cours pour élaborer les documents d’orientation nécessaires pour aider les pays de la Région à mettre en œuvre des interventions contre les arbovirus au niveau local. L’OMS appuie la Mauritanie comme d’autres pays de la Région pour rendre opérationnelle l’approche une « Seule Santé », afin de mieux se préparer, prévenir, détecter et répondre aux maladies vectorielles et/ou zoonotiques.

About Diagana

Check Also

L’AMPDH s’investit dans la sensibilisation pour les inscriptions sur les listes électorales

Dans le cadre de ses activités citoyennes et en prélude aux élections présidentielles dont le …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *