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Classement RSF pour la liberté de presse : Pourquoi le recul de la Mauritanie ?

La Mauritanie accuse un recul de 17 points sur l’échelle du classement de la liberté de presse établi par RSF. En 2018, elle est à la 72ème place au lieu de la cinquante-cinquième en 2017.

Dans l’analyse de présentation, RSF explique «la plus grosse régression au classement» cette année en Afrique par l’adoption d’«une loi punissant de mort l’apostasie et le blasphème, même en cas de repentir».

Apostasie, blasphème, esclavage…

L’affaire Mohamed Cheikh Ould Mohamed (Ould Mkheytir) a produit son effet. On peut dire que la gestion de ce dossier a connu de graves maladresses dont son maintien en prison malgré la décision du tribunal. La pression populaire était telle que toutes les forces vivantes du pays ont été tétanisées au point d’avoir été incapables de réaction modérée. Même les partis les plus progressistes n’ont pas osé dénoncer la situation ou prendre une position sans équivoque vis-à-vis de l’affaire Ould Mkheytir.

«L’esclavage, pratique illégale mais toujours en vigueur dans le pays, est un sujet très sensible qui entraîne parfois l’expulsion de journalistes étrangers

Seif Kousmate, un franco-marocain, entré clandestinement au pays et qui voulait en sortir tout aussi «discrètement», a été arrêté aux frontières avec le Sénégal alors qu’il s’apprêtait à la traverser. On sait peu de ce qu’il est venu faire, de comment il l’a fait et surtout pourquoi il l’a fait.

La question de l’esclavage est effectivement au centre de controverses multiples. Mais il est courant de voir des journalistes étrangers venir à Nouakchott enquêter là-dessus. Cela n’a plus dérangé depuis longtemps.

kalachnikov …..pour les journalistes”

Dans cette analyse, en matière de liberté de presse, la Mauritanie se retrouve au milieu de pays comme le Cameroun ou la RDC qui connaissent les coupures fréquentes d’internet, les agressions et les arrestations, et d’autres qui sortent à peine de pires dictatures (Zimbabwe, Angola, Gambie…).

Ce n’est ni le cadre législatif, ni les «entraves à l’exercice du journalisme sur le terrain», ni l’impossibilité pour les journalistes «de remplir pleinement leur rôle et d’assurer une information indépendante, plurielle et libre», ce ne sont pas les violences verbales et physiques subies par les journalistes, ni les menaces proférées par des officiels… rien de tout ça n’est relevé dans ce rapport en Mauritanie pour lui valoir cette dégringolade.

Alors qu’on nous apprend qu’«en République tchèque (34e, -11), le président Milos Zeman, s’est présenté, en octobre dernier, à une conférence de presse muni d’une kalachnikov factice sur laquelle était inscrite l’expression “pour les journalistes”. En Slovaquie (27e, -10), Robert Fico, Premier ministre jusqu’en mars 2018, traitait les journalistes de “sales prostituées anti-slovaques” ou de “simples hyènes idiotes”. Un journaliste, Jan Kuciak, a été assassiné en février dans ce pays d’Europe centrale, après la mort de Daphne Caruana Galizia dans l’explosion de sa voiture à Malte (65e, -18).»

Média en décadence

Le consensus national a produit une attitude qui oblige l’ensemble de l’encadrement national (décideurs, opposants institutionnels, acteurs étatiques et non étatiques) à croire que le grand acquis de la démocratie en Mauritanie est bien l’existence d’une presse.

Il est vrai cependant que cette presse vit un marasme profond depuis deux ans. Sur les cinq télévisions privées, seule une (Al Mourabitoune) continue d’émettre. La presse écrite connait une décadence qui semble la condamner à terme. Tandis qu’on assiste à la floraison d’une presse électronique qui justifie tous les «médias-bashings» qui ne sont l’apanage d’aucun groupe et d’aucune autorité.

N’empêche que la législation en matière de la liberté de presse est très avancée avec notamment la dépénalisation du délit de presse et les garanties en matière légale dans l’exercice de la profession (protection des sources).

Ould Oumeir

(La Tribune N°753 du mardi 8 mai 2018)

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