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Contribution au débat politique en Mauritanie : Impossible de se taire quand la situation est critique

Certains amis tentent de me convaincre de l’inefficacité de l’expression de mon opinion sur les réseaux sociaux, je ne peux m’empêcher de participer au débat concernant mon pays, la Mauritanie.

Ces amis prétendent que le pays est pris en otage et que ma voix n’y changerait rien. À leurs yeux, croire le contraire est prétentieux d’autant plus que je ne dispose pas d’expertise particulière me permettant d’émettre un avis fiable sur la politique et la situation du pays. Je ne suis ni sociologue ni littéraire et encore moins politicien.

Mes amis ont certainement raison. Cependant, vue la situation critique actuelle de la Mauritanie que j’aime plus que tout, il est impossible de se taire. Je me dois d’utiliser cette plateforme pour alerter l’opinion nationale.

Les promesses de 2005 diluées dans les ambitions d’un homme

Je voudrais adresser à ceux qui se réjouissent de l’intention de Mr. Ould Abdel Aziz de vouloir quitter le pouvoir en 2019. Comment pouvons-nous être aussi dupes ? Avons-nous déjà oublié la promesse solennelle, annoncée sur la Voix de l’Amérique, après le coup d’état de 2005, dans laquelle Ould Abdel Aziz déclarait de vive voix que le monde serait cette fois ci surpris puisque la junte, contrairement à l’habitude, était déterminée à remettre le pouvoir aux civils et à observer une neutralité absolue par rapport aux futures élections. L’objectif disait-il était de conforter la confiance du peuple dans le processus électoral.

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A l’époque, tout comme d’ailleurs beaucoup de mes compatriotes, j’avais cru tout bonnement à l’honnêteté de l’homme. Ainsi, quand j’ai été approché par certains employés de notre ambassade à Washington DC pour aider dans la campagne de sensibilisation, j’étais honoré et ravi. Je me suis retrouvé à défendre la cause des putschistes auprès de mes amis mauritaniens de différentes mouvances politiques aux USA et avec qui j’avais entretenu au fil des années de bons rapports.

Par exemple, j’ai discuté avec les partisans du FLAM, lors de l’une de leur conférence au siège de Pulaar Speaking Association à Brooklyn, New York. Je m’étais battu auprès de ces derniers pour qu’ils renouent le contact avec les nouvelles autorités et cessent les hostilités.

De même, je suis allé au State Département, NED, NDI et au Congrès pour exhorter de mon humble voix les autorités américaines, encore hostile à l’époque, de suivre le peuple mauritanien qui supportait dans sa large majorité ce changement.

Imaginez donc mon inquiétude et ma surprise quand j’appris que ce même CMJD, qui criait haut et fort sa totale neutralité, avait failli à sa promesse en élisant de s’immiscer dans les élections. Pour moi, cela signifiait une seule chose : Ould Abdel Aziz n’avait pas à cœur l’intérêt national et était plutôt à la quête de ses intérêts personnels.

Je me souviens pourtant de ma grande émotion et fierté lorsque je suivais en direct à la télévision les images d’investiture du nouveau Président, Mr.Sidi Ould Cheikh Abdallahi en présence de son principal adversaire et d’une large représentation de la Communauté Internationale. Malgré mes réserves par rapport au processus, et ma déception par rapport aux comportements de Ould Abdel Aziz, j’étais apaisé puisque je savais le nouvel élu intègre.

2008,  le coup de massue contre le peuple

 

Puis le coup d’état de 2008. Le coup de trop. Ce coup d’état symbolisait aux yeux des mauritaniens le mépris de l’état de droit que le peuple s’était battu à rétablir. Ce coup était venu remettre les pendules à zéro.

Il représentait un coup de massue à la volonté du peuple, mais surtout une insulte à notre armée nationale qui devenait de facto un instrument au service des vices d’un seul homme.

Au fur et à mesure des années, le pays a totalement perdu tout ce qui lui restait de sa crédibilité. Il est devenu la propriété d’Ould Abdel Aziz, qui fait de lui ce qu’il lui passe par l’esprit, sans se soucier des conséquences. Cette individualisation de la prise de décision, par une personne inapte intellectuellement, a eu des conséquences graves sur le fonctionnement du pays.

Désormais, l’administration est bourrée d’incompétents incapables d’élaborer une vision claire. Les nominations se font sur la base du clientélisme ainsi que les attributions des marchés. L’état est tout simplement devenu inexistant.

Pourtant, les dix-neuf mois du pouvoir du CMJD et la subséquente élection du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avaient fait renaitre l’espoir chez les mauritaniens. J’ai encore en mémoire une discussion à propos des multiples coups d’états avec un officiel du département d’état américain chez qui des représentants de notre ambassade étaient venus plaider en faveur du dernier changement. Il leur disait en substance, « vous voilà les mêmes, qui usaient de tous les arguments hier pour persuader les autorités américaines que Ould Taya était le meilleur président.  Ould Taya étant parti, vous reveniez à la charge pour totalement renoncer vos arguments du passé, et tentiez de nous convaincre que l’action du CMJD était salvatrice. Nous avions accepté d’adopter votre position. Quand Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été élu au cours d’une élection libre et transparente, la Mauritanie avait présenté l’évènement comme un rejet de la population des procédures du passé et l’avènement d’une ère nouvelle, qui allait permettre de nouvelles perspectives.

Une année après vous reveniez encore pour nous expliquer que la situation n’était pas aussi bonne qu’en apparence et qu’en vérité la vraie démocratie allait débuter sous le nouveau régime du General Aziz » ! Il concluait en disant si ce discours semblait logique en Mauritanie, aux USA on ne pourrait jamais changer d’administration ainsi !

A l’orée de 2019, éviter la nouvelle désillusion

 

Aujourd’hui, après tant de mensonges et de dégâts, il est impossible de croire qu’Aziz s’en ira volontairement et ne se mêlera plus des affaires d’état en 2019.  Pouvons-nous réellement croire qu’il prendra le risque après avoir perpétué de graves entraves contre l’état depuis plus d’une décennie, de vivre une retraite « paisible » ?

La morale de l’histoire est que Ould Abdel Aziz n’est pas dupe. Il sait bien que le rétablissement d’une vraie démocratie en Mauritanie jouera contre lui. Il ne peut y avoir un état de droit en Mauritanie sans qu’il soit jugé pour ses crimes.

J’exhorte mes concitoyens de continuer la lutte et de ne pas accepter d’entrer dans son jeu. Nous savons tous déjà qu’il soutiendra un candidat, qui sera soit sa marionnette personnelle pour continuer la dilapidation de nos biens, ou un cheval de Troyes pour retourner au pouvoir de manière plus directe.

 

*Software engineer,

Mohamed Vall Ould Sidatt

-Washington DC-USA.

 

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