Mobilisation générale de la Société civile mauritanienne pour l’adoption de la loi Karama

L’Initiative des organisations de la Société Civile qui regroupe les principales organisations de la Société Civile mauritanienne s’est mobilisée en force ce dimanche 10 Décembre pour exprimer avec force ses doléances adressées au Président de la République pour exiger l’adoption de la loi-cadre sur la violence à l’égard des femmes et des filles dite loi Karama.

Ces doléances ont été présentées à l’occasion d’une conférence de presse au cours de laquelle une dizaine de panélistes, toutes des figures de proue de la Société Civile ont défendu avec bec et ongles ladite loi qu’elles considèrent comme une nécessité absolue en vue de protéger la femme contre toutes les formes d’agression dont le viol qui s’est banalisé du fait de l’absence d’un dispositif juridique adéquat cautionnant l’impunité.

Une protection jurisprudentielle de l’islam

Exposant les motifs d’un projet de loi en question, Dr Aboubekrine Yehdih, Juriste et chef de service Suivi-Evaluation au Ministère de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), a souligné que cette loi respecte les principes de l’islam et de la Charia comme stipulé dans son introduction préliminaire dans laquelle on peut lire que: « La charia islamique a honoré la femme et lui a accordé la place qui lui échoit  avec la préservation et la protection, place à laquelle elle n’a pas accédé avant l’Islam et qu’elle n’occupera pas par d’autres voies. D’ailleurs l’Islam a donné à une sourate du Saint Coran le nom de Sourate des femmes et partant les textes islamiques sont clairs, justes et détaillés dans ce domaine.
Allah, le Tout-Puissant, dit à propos de la femme épouse « …Les femmes ont autant de droits que de devoirs selon le bon usage… », Coran, II, 228.

Il dit aussi: « … Vivez en bons rapports avec vos femmes. », Coran, IV, 19.
Le prophète Mohamed, bénédiction et paix sur lui, a dit: « le meilleur parmi vous est le plus utile  pour sa famille, et je suis votre meilleur pour ma famille. »
Il a dit : « Les croyants à la plus parfaite foi sont les plus vertueux les meilleurs parmi vous sont les plus utiles pour leurs femmes. »
Il a dit: « Faites le bien aux femmes. »
Il a dit: « Seul le bon les traite avec générosité et seul le méchant les humilie. »
Il a dit : « le monde est un bien et son meilleur est la femme vertueuse. »
Il a dit : « Si Allah donne une femme vertueuse à un homme, il l’a aidé dans la moitié de sa religion et il doit le craindre dans l’autre moitié. »

Il a dit : « Le plus utile pour le serviteur [d’Allah] après l’Islam c’est d’avoir une épouse croyante. »
Il a dit: « J’aime de ce monde les femmes et le parfum et la prière est mon sujet de bonheur. »
Il a dit : « Quiconque a trois filles ou trois sœurs qui les protège et prend en charge, entre au Paradis. »

Et il a dit : « Celui qui entretient la veuve et l’infortuné est comme le moudjahid dans la voie d’Allah, celui qui prie la nuit sans dormir ou celui qui jeûne sans rompre son jeûne. »
Lorsque le compagnon demanda au Prophète, bénédiction et paix sur lui : qui mérite le plus ma compagnie ? Il répondit : « ta mère – il dit alors puis qui – il répondit ta mère – il dit ensuite puis qui – il répondit : ta mère – il dit alors puis qui – il répondit : ton père »

Le commandement pour les femmes était le dernier de ses commandements, la paix soit sur lui

Il demanda conseil à Oum Selemeh, qu’Allah soit satisfait d’elle, sur la trêve d’Al- Houdeybia, laquelle lui donna son avis qu’il appliqua à la lettre sans hésitation, bénédiction et la paix sur lui.

Pour le Dr Aboubekrine la loi adoptée en novembre 2022 en Conseil des ministres est actuellement en cours de révision. Elle sera effective dès qu’elle sera adoptée par le Parlement et publiée au Journal Officiel.

Il a aussi rappelé qu’il y a toujours eu des réserves envers certaines lois et conventions comme le Protocole de Maputo et la loi sur les droits de l’enfant.

 Les Panélistes qui se sont succédées ont toutes abondées dans ce sens.

Pour Zeinabou Mint Taleb Moussa, Présidente de l’AMSME, cette journée est essentielle pour dénoncer les violences faîtes aux femmes. Selon elle chaque jour une quinzaine de femmes subissent des violences dont le viol. Cette violence continue de croître. Devant la justice, les femmes n’arrivent pas à avoir leurs droits faute d’application de la loi. Les lois qui existent ne sont pas appropriées d’où l’importance de combler le vide juridique par cette loi Karama. Mais pour ce faire dit Zeinabou il faut un Etat fort et un parlement fort.

Pour elle aucune loi qui ne respecte pas les préceptes islamiques ne pourrait passer en Mauritanie. Donc il faudrait juste s’il y a des écarts, oter ce qui n’est pas conforme à l’islam.

L’odyssée de la loi Karama

Pour Me Fatimata Mbaye, cette journée est importante car on fête les Droits de l’Homme sans distinction aucune entre les êtres. La charia a dit-elle toujours donné une place à chacun de nous.

Elle a déploré le manque de protection des femmes qui sont exposées à tous les abus.

Selon Me Mbaye on ne peut pas dans une même loi mettre la punition et la protection.

Revenant sur l’historique de la loi Me Mbaye a rappelé que sa première version date de 2015 et était composée de 75 articles ramenés par la suite à 55 car il y avait des chevauchements et certains articles sur l’adultère était déjà pris en compte par le Code pénal.

Cette loi date de 12 ans et ce qui manque c’est la volonté politique pour l’adopter.

14 viols en une seule nuit à Nbeyket Lahwach

Dans son intervention, Aminetou Mint El Moktar Présidente de l’AFCF a dit que cette loi concerne toutes les femmes mauritaniennes, toutes communautés confondues. Elle a déploré le manque de mobilisation de l’élément arabe.

Selon Mint El Moktar la version de la loi qui circule actuellement n’est pas la bonne et a induit beaucoup de personnes en erreur. Pour elle l’islam est valable en tout lieu et en tout temps et il est venu pour honorer l’être humain.

Revenant sur l’ampleur des violences faîtes aux femmes, la présidente de l’AFCF a affirmé qu’en 2021 on a noté 1041 actes de violence contre les femmes ; en 2022, il y a eu 998 cas de viols en Mauritanie dont 14 en une seule nuit à Nbeyket Lahwach.

Et pour l’année 2023 qui n’est pas encore finie on compte déjà 678 cas de viols, 897 violences conjugales dont 197 concernent des victimes de mariages précoces pour des filles de moins de 14 ans.

La présidente de l’AFCF a déclaré que ceux qui s’opposent à cette loi seront responsables des actes négatifs induits par leur position.

Enfin Marième NGaidé membre de l’observatoire national des droits de la femme et de la fille a lancé un appel au gouvernement pour donner les moyens à cette institution dont le personnel court aujourd’hui derrière 2 mois d’arriérés de salaires.

Ainsi le chemin vers l’adoption de la loi Karama est encore semé d’embûches mais l’Initiative des organisations de la Société Civile mauritanienne est décidée de mener à bien son plaidoyer pour gagner cette victoire cruciale qui permettra de garantir une meilleure protection aux femmes et aux filles.

Bakari Gueye

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