Conférence sur la féminisation des métiers de l’Information

L’Institut Français de Mauritanie a abrité hier après-midi une conférence-débat sur la féminisation des métiers de l’Information.

Organisée par la plateforme afro-européenne « Médias & Démocratie », cette activité entre dans le cadre de la mise en œuvre du projet RIMédi@s, soutenu par l’Ambassade de France en Mauritanie. 

A l’affiche pour animer cette conférence il y avait des femmes journalistes mauritaniennes (Aminata Kane, Awa Seydou Traoré) épaulées par la journaliste tunisienne Hajer Tlili du groupe Mosaïque, journaliste radio et formatrice en genre. Halima Diagana membre de la HAPA était également de la partie. On notait aussi la présence de Pierre Lépidi, journaliste du Monde Afrique.

Sur la place occupée par les femmes dans les medias en Mauritanie, Halima Diagana s’est félicité d’emblée de l’accélération du processus de féminisation en cours. En effet malgré les obstacles qui se dressent toujours devant les femmes journalistes, les chiffres avancés par la HAPA sont plutôt encourageants.

En effet, sur 830 journalistes recensés en Mauritanie on compte 369 femmes soit un taux de 33%.

Selon l’enquête 2021-2022 menée par la HAPA à la télévision nationale sur les 537 employés, 204 sont des femmes, soit un taux de 38%.

Au niveau de l’Agence Mauritanienne d’Iinformation (AMI) on compte 170 personnes dont 35 femmes. Ainsi ce quota féminin oscille autour de 30%.

Mais la représentante de la HAPA déplore l’absence des femmes journalistes dans les postes de responsabilité. Cela explique-t-elle tient à plusieurs facteurs (culturels, sociaux, économiques…)

Et à l’heure actuelle, seules 2 femmes sont passées à la tête d’institutions publiques.

Avec l’avènement des chaînes de télévisions privées les femmes sont de plus en plus présentes même si elles sont confinées en général à des rôles jugés mineurs de présentatrice de journaux, d’archivistes, etc.

Pour Aminata Kane de la télévision nationale de Mauritanie, les femmes sont capables de jouer le même rôle que les hommes. Et on trouve de plus en plus de femmes reporters…

Répondant à une question sur le choix portée sur le blogging, Awa Seydou Traoré, journaliste sortant du CESTI de Dakar, formatrice et membre de la plateforme « Médias & Démocratie », affirme que son blog « Reine d’Afrique » (Mondoblog) constitue pour elle une tribune qui lui permet de s’exprimer librement et de mieux lutter pour une meilleure représentativité des femmes dans les medias.

Au sujet du rôle joué par les associations de femmes journalistes, Aminata Kane a souligné l’importance du militantisme pour la cause des femmes dans les medias afin qu’elles trouvent leur place aux côtés des hommes.

Parlant de la situation des femmes journalistes en Tunisie, Hajer Tlili a souligné le paradoxe dans ce pays où les femmes sont majoritaires dans la presse mais ne jouent pas les premiers rôles.

En effet 60% des journalistes de la presse écrite sont des femmes. Elles constituent 82% des journalistes dans les medias audiovisuels. Ainsi, en Tunisie on compte au total 70% de journalistes femmes. Elles sont aussi majoritaires au sein de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI). Mais s’étonne Hajer ce qui est intrigant c’est l’accès de ces femmes journalistes aux postes de décision soit 14% seulement des postes.

Elle explique cette absence par certaines contraintes dont entre autres la dureté de certains postes tels que Rédacteur en chef ou chef d’antenne qui nécessitent 12 ou même 24 heures de disponibilité.

Des similitudes avec la France existent note Pierre Lépidi qui rappelle qu’en 80 ans d’existence, le journal « Le Monde » n’a eu qu’une seule femme comme directrice. Il s’agit de  Natalie Nougayrède élue en 2013 et qui n’avait pas fait long feu. Arrivée en mars 2013, elle a démissionné en mai 2014.

Notons que cette conférence a suscité des débats riches et souvent houleux des journalistes présents et d’un public intéressé composé en grande partie d’élèves du lycée français de Nouakchott.

Bakari Guèye

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