L’évolution récente des prix dans le secteur du bâtiment en Afrique

La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a organisé lundi 22 février 2021 un webinaire à l’intention des médias.

Au centre des discussions, les récents mouvements de prix dans le secteur du bâtiment africain.

Les deux panélistes qui ont animé les débats étaient MM. Oliver Chinganya, Directeur du Centre africain pour la statistique de la CEA, et Bartholomew Armah, Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA.

Ils ont tour à tour passé en revue les modèles et les tendances des prix dans le secteur de la construction au cours de ces dernières années et ont répondu aux questions suivantes : Dans quelle mesure la croissance économique a-t-elle un impact sur les variations de prix dans la construction dans les pays africains ? Les dotations naturelles des pays contribuent-elles à l’évolution des prix dans l’industrie du bâtiment ? Quel est l’effet du confinement de la Covid-19 sur les prix dans ce secteur, y compris sur les intrants.

Les grandes lignes

Dans sa présentation Bartholomew Armah a fait le point sur l’évolution des prix dans le secteur de la construction et sur le plan de relance de l’économie africaine de l’après Covid.

Il a noté que différents pays à travers le monde ont lancé des plans de riposte. C’est ainsi qu’aux Etats Unis on s’est appuyé sur l’accroissement du revenu.

En Chine se sont plutôt les investissements qui ont été mis en avant. En Afrique c’est la relance en s’appuyant sur la construction des infrastructures, le secteur de la construction étant une des stratégies pour stimuler la relance.

En effet la mise en place des infrastructures passe par tout en processus qui crée de l’emploi. Par exemple quand on construit une route affirme Mr Armah, il y a des entreprises, des structures qui viennent s’installer tout autour.

A la question de savoir comment relancer ce secteur dans un contexte marqué par la Covid, le Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA préconise de maîtriser la fluctuation des prix. Il faut dit-il utiliser les indices existants (matériaux de construction, etc) mais aussi utiliser le déflateur. Il est nécessaire aussi de faire des enquêtes économiques pour définir l’impact de la construction sur la valeur ajoutée.

Les infrastructures jouent un rôle clé dans le développement de chaque pays car elles profitent aux entreprises et aux ménages, élargissent les marchés, réduisent les coûts, améliorant ainsi la croissance;

En effet, la construction occupe une part importante dans les économies africaines et l’Afrique orientale est un exemple. Le taux de croissance est de 20% en Ethiopie comme en Côte d’Ivoire.

Quant au mouvement des prix il a connu une hausse de 3% et il se situe dans la fourchette de 0 à 6%. Donc les prix varient d’un pays à l’autre.

Le secteur de la construction a connu une croissance significative au cours de la période avant COVID-19 dans certains pays par rapport à d’autres secteurs, cependant, sa contribution à la croissance globale est minime;

Par ailleurs, la pandémie COVID19 a gravement affecté le secteur de la construction.

Cas pays

Les analyses utilisent principalement le déflateur de la valeur brute

ajoutée  comme indication du niveau de prix.

Cela est dû à l’absence de mesures plus appropriées.

De ce fait note l’expert il faut utiliser les indices existants.

Très peu de pays d’Afrique mènent des enquêtes économiques ou enquêtes sur le coût des matériaux de construction.

Le taux de croissance dans le secteur de la construction se situe entre 3 et 5%.

Concernant les prix une majorité de pays africains ont connu une augmentation supérieure à 3% par an, plus de 5% en RD Congo et en Egypte.

La RDC un pays riche en ressources a connu un taux de croissance annuel du PIB de: 4,8%  de 2015 à 2019. Le taux d’inflation, qui avait

atteint 29,3% en 2018, est tombé à 4,5% en 2019, ce qui aurait pu faire monter le prix des matériaux de construction.

En effet, le prix des matériaux de construction est davantage lié au taux de change par rapport au PIB.

En Egypte les hausses importantes des prix dans la construction semblent être en tandem avec les prix dans d’autres secteurs de l’économie.

Le taux de croissance annuel du PIB) était de 4,8% de 2015 à 2019.

Tous les secteurs de l’économie ont suivi des mouvements de prix similaires.

Au Kenya, le taux de croissance du PIB était de 31,8% de 2015à 2019.

Il y a lieu de noter selon Mr Armah que les prix sont restés stables dans l’industrie de la construction dans la plupart des pays exportateurs de pétrole malgré la montée en flèche dans d’autres secteurs.

Au Nigéria pays exportateur de pétrole on a noté une très forte augmentation des prix de la construction qui semblent être liés aux prix du secteur minier et pétrolier.

Le taux de croissance annuel du PIB était de 1,2% de 2015à 2019.

La forte augmentation du prix des matériaux de construction est

associée à une augmentation importante des prix au niveau de l’exploitation minière, l’industrie et dans les services publics.

Au Gabon aussi, l’évolution des prix dans les industries serait liée aux mouvements des prix au niveau des secteurs minier et pétrolier.

Le taux de croissance annuel du PIB était de 2,2% de 2015 à 2019.

Au Ghana on a noté de légères hausses des prix dans le secteur de la construction. Le taux de croissance annuel du PIB est de 5,3% de 2015 à 2019. Dans ce pays le recours au partenariat public-privé

(PPP) pour le financement et l’exécution des projets a permis à l’État de diminuer les coûts,

En gros, les prix sont restés stables dans le secteur de la construction

Dans la plupart des pays riches en minerais. Mais la RDC fait exception avec une hausse vertigineuse des prix.

Par contre, en Afrique du Sud avec une économie riche et diversifiée les tendances de prix étaient similaires au niveau sectoriel.

Le taux de croissance annuel du PIB était de 0,8% de 2015à 2019.

Les mouvements de prix dans la construction sont modérés comme pour le reste de l’économie.

Le PIB et le taux de change ont aussi un effet sur le niveau des prix de la construction.

Dans l’île Maurice l’évolution des prix reflète l’intégration et la diversification accrue de l’économie.

Le taux de croissance annuel du PIB était de 3,6% de 2015à 2019.

Au Mali il était de 29,9% durant la même période susmentionnée et en Tanzanie 38,6%

Impact de la Covid

Les matériaux de construction sont la filière la plus touchée par la pandémie au cours de l’année 2020 (perte de 45% en activité).

Il y a eu des perturbations au niveau des chaînes d’approvisionnement.

Ainsi en île Maurice les frais de transport sont montés en flèche du 4ème  trimestre 2019 au 2ème  trimestre 2020 avant de se stabiliser.

Au Sénégal le coût global des constructions a connu une croissance lente au cours des trois dernières années. Cependant, les coûts de la main-d’œuvre ont grimpé. Le prix du fer a augmenté lentement en 2020 après une forte baisse depuis 2018.

Il y a eu aussi une augmentation notable des prix des matériaux d’habitation et d’entretien au Mozambique.

Les principaux enseignements à retenir sont les suivantes : La construction a connu la croissance la plus accélérée dans les pays à la croissance la plus rapide et, dans une moindre mesure, dans les économies à croissance modérée ; Les prix de la construction sont considérés comme stables dans presque toutes les économies à croissance rapide, ce qui signifie que la croissance ne correspond pas nécessairement à l’inflation ; Les prix de la construction ont augmenté dans de nombreux pays, menaçant la possibilité d’accès à un logement décent et devenant une lourde charge pour le développement des infrastructures ; enfin, les prix de la construction sont en tandem avec les prix des autres secteurs dans certains pays.

Recommandations

Les recommandations politiques avancées par Mr Armah se résume comme suit :les pays doivent privilégier les investissements dans le domaine de la construction, un secteur présenté comme pouvant être le moteur de l’économie ; s’orienter vers une diversification de l’économie qui est favorable à la lutte contre la pauvreté ;

Veiller à ce que les programmes mis en œuvre tiennent compte de la préservation de l’environnement afin de pouvoir faire face aux chocs des changements climatiques ; et il convient pour ce faire de vulgariser l’utilisation des produits locaux.

Pour Oliver Chinganya, l’évolution qui intervient dans un secteur donné se répercute inéluctablement sur les autres. Il a invité au passage les Etats africains à s’intéresser beaucoup plus au secteur des BTP. Il a aussi lancé un appel à ces gouvernements pour qu’ils accordent plus d’importance aux données statistiques. Les journalistes que Mr Chinganya considère comme des partenaires à part entière ont été également invités à contribuer à la collecte des données statistiques auprès des administrations concernées.

Il y a lieu de souligner que le secteur du bâtiment joue un rôle important dans la croissance économique de tout pays. L’analyse du secteur permet de mieux suivre sa contribution au PIB, y compris son potentiel à soutenir une réalisation plus rapide des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Agenda 2063 grâce au développement des infrastructures. Il aide également à concevoir des politiques et des interventions appropriées pour le développement des infrastructures et d’autres secteurs de l’économie.

Notons enfin que cette rencontre avec la presse est la troisième du genre depuis le lancement par la CEA le 11 Août 2020 du centre africain pour la surveillance des prix.

Compte rendu Bakari Guèye

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