Birame prend position sur les grandes questions de l’heure

Les questions des libertés publiques, de la hausse vertigineuse des prix et du dialogue politique ou social en perspective ont été au centre de la conférence de presse tenue ce matin à Nouakchott  par le député, leader anti-esclavagiste et président du mouvement IRA et du parti RAG, deux organisations qui sont dans l’antichambre de la reconnaissance officielle.

Libertés publiques

A ce sujet Birame s’est félicité d’emblée du vote le 11 janvier dernier par les députés de la loi sur les associations, une victoire personnelle dont il a retracé le contexte et le processus qui a été marqué par plusieurs rencontres avec le président de la République Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.

Il a rappelé au passage que la loi de 1964 qui régissait jusque-là le régime des partis politiques et celui des associations (système des récépissés), est une loi dictatoriale et anti-démocratique.

Selon Birame cette loi scélérate a empêché jusque-là la reconnaissance de IRA et du RAG, un manque de reconnaissance dont tout le monde s’accommodait souligna-t-il.

Et de poursuivre que l’arrivée du président Ghazwani allait permettre de poser les problèmes essentiels qui sont à l’origine de tous les maux du pays (liberté d’association, liberté d’organisation, liberté de se présenter aux élections.

Le président du mouvement IRA a affirmé par ailleurs qu’au cours de ses audiences avec le président de la République il a toujours parlé pour tous contrairement dit-il à tous les autres qui mettent en avant les problèmes personnels. Le principe de IRA fut de demander une loi qui profitera à tout le monde.

Pour ce faire de vastes concertations ont été lancées avec les membres du gouvernement concernés ainsi qu’avec les groupes parlementaires. Voilà la genèse du projet de loi qui a eu le feu vert du président de la République.

Revenant sur son absence supposée au niveau des débats à l’Assemblée nationale Birame a dit que les portes du dialogue lui sont grandement ouvertes et qu’il ne cherche pas la confrontation avec le pouvoir. J’ai dit-il une autre voie, une voie pacifique et je la préfère. C’est cette voix qui nous a permis de trouver cette solution pour toute la Mauritanie.

La loi sur les associations poursuit-il sera signée par le président de la République et publiée au journal officiel avant d’entrer en vigueur.

Et à l’occasion de cette victoire Birame a adressé ses félicitations au président de la République et au gouvernement ainsi qu’à toutes les ONG.

Et la prochaine étape précise-t-il ce sera la loi sur les partis politiques.

Abordant l’autre volet des libertés publiques, le droit de manifester, le président du mouvement a regretté le fait que beaucoup de ministres et autres responsables n’aient pas encore compris cela.

Birame a vivement dénoncé la répression des manifestants, entre autres les étudiants et les foules qui ont battu le macadam à Zouérate et à Tivirit. Selon lui, la répression des manifestants est un crime cotre la démocratie et il donne une mauvaise image du pouvoir du président Ghazouani et ternit les étapes déjà franchies.

Pour lui on doit laisser les gens manifester pacifiquement. Et Birame de conseiller aux populations de manifester hors des bâtiments administratifs (Wilayas, ministère…) comme le soutiennent les autorités. Il leur conseille également d’éviter d’agresser les responsables et de respecter l’ordre les invitant à l’occasion de s’inspirer de la méthode pacifique des manifestants du mouvement IRA qui manifestent toujours dans le strict respect de la loi.

S’adressant à ceux qui reprochent à IRA de ne pas condamner la répression des derniers événements notamment à Tivirit, Birame a affirmé que cette réserve s’explique par le fait que ceux qui tiraient les ficelles de ces manifs étaient des gens peu recommandables. Et parmi eux il y a des bloggeurs qui avaient par le passé colporté des faits mensongers au sujet de IRA.

Hausse vertigineuse des prix

Abordant l’actuelle hausse des prix au niveau du marché mauritanien, Birame a lancé un vibrant appel au gouvernement pour stopper cette folle envolée des prix des produits de première nécessité.

Il a rappelé la montée en flèche du taux de chômage, l’un des plus importants du monde dit-il. C’est souligne-t-il un lourd héritage du régime passé. Et pour le député il n’y a aucune solution en vue.

Cela poursuit-il est aggravé par les recrutements tribaux et ethniques au niveau des corps civil et militaire, invitant au passage le président de la République à arrêter cette dérive et à imposer la transparence.

Et d’ajouter que la situation a été aggravée par la pandémie du coronavirus. Les conséquences du couvre-feu sont terribles pour les petites gens et l’Etat n’a pas offert une contrepartie à la hauteur. 7 milliards ont été distribués à 200000 familles à raison de 2500 MRU chacune. C’est un coup d’épée dans ‘eau dit-il. Le gouvernement aurait dû mettre en place des projets porteurs.

La situation des travailleurs n’est guère plus reluisante affirme le député. Il n’y a plus d’inspection du travail dit-il. Il y a un état de non droit, une jungle. Ni les juges ni les huissiers ne peuvent sommer les hommes d’affaires à appliquer les décisions des tribunaux. Aucun emploi n’est stable. Les syndicats n’existent plus, leurs dirigeants sont devenus des mendiants note Birame. Il faut dit-il réhabiliter le travail syndical.

Avec la hausse des prix les citoyens ont le couteau sous la gorge. Certains ne peuvent plus assurer un repas. Pour le président du mouvement IRA, c’est la responsabilité de l’Etat qui est engagé. L’Etat doit réguler le marché et cela n’est pas contradictoire avec les règles du libéralisme.

Le calvaire des habitants de Hsey El Ghabra

Au cours d’une parenthèse, Birame a cloué au pilori le comportement des notables et des politiciens qui font la pluie et le beau temps dans leurs localités respectives. L’exemple de l’embargo sur l’eau exercé par un notable local de la lointaine localité de Hsey El Ghabra (département de Oualata) en dit long sur ces comportements d’un autre âge.

Un groupe de personnes originaires de cette localité était présent à cette conférence de presse. Ils ont confirmé le fait que malgré l’existence d’un puits dans leur localité, ils n’avaient pas accès à l’eau car ils ne sont pas du même bord politique que ce notable.

Birame qui a qualifié ces notables et autres politiciens de « chats gras » a invité le président Ghazouani à rallier le camp du peuple au détriment de ces notabilités et autres politiciens qui ont un droit de vie et de mort sur les populations.

Il a promis de faire une tournée nationale, une fois que la pandémie disparaitra, une tournée pour se rendre compte de visu des problèmes des populations et œuvrer pour les régler.

Dialogue national

Le président du mouvement IRA a rappelé d’emblée rappelé qu’il y a déjà eu beaucoup de dialogues mais sans résultats palpables. Et Birame d’ajouter : « Je pense que le président Ghazouani, d’après ce que j’ai vu et entendu va lancer un nouveau type de dialogue qui va toucher aux vrais problèmes du peuple, aux priorités des citoyens. »

Et contrairement aux dialogues passés, il y aura moins de politique. Et pour Birame cette approche est bonne et il sera partant pour un tel dialogue qui devrait dit-il englober tous les problèmes pendants tels que : la redistribution des richesses nationales, le problème de l’environnement, le chômage, les conditions de vie des citoyens, la question des prix, les problèmes de l’éducation et de la santé, les problèmes de l’agriculture, la levée de l’embargo sur la main d’œuvre agricole avec la redistribution des terres et la réforme foncière (faire les Etats Généraux de l’Agriculture), les problèmes d’approvisionnement en eau potable, la révision de la Convention Collective qui est tombée en désuétude, la révision de la CENI avec un recensement électoral global et un nouveau redécoupage électoral à la place de l’actuel qui n’est pas innocent…

Selon Birame, les politiciens ne posent pas et ne connaissent pas ces problèmes et il serait urgent d’engager un tel dialogue sans plus tarder.

Pour le président du mouvement IRA, il doit y avoir un dialogue délocalisé.

Birame s’est dit optimiste et confiant en ce pouvoir qui vient de régler le problème de la loi sur les associations.

Pour certains il n’y a pas de crise qui justifie un dialogue. C’est là une erreur. Il faut apprendre à anticiper et ne pas attendre qu’il y ait une crise pour dialoguer. Pour lui ce dialogue est souhaité par tous et tout le monde doit s’y préparer à l’instar du mouvement IRA. Mais prévient-il pour lancer ce dialogue le pouvoir doit procéder à un tamisage et n’inviter que les partis et les organisations crédibles et qui ont une force de proposition. Il faudrait éviter les dialogues carnavalesques.

Le président de IRA a rappelé que le pouvoir bénéficie toujours de la période d’état de grâce. Les mauritaniens patientent toujours. Les débuts dit-il sont prometteurs.

Questions/Réponses

A l’issue de son intervention bilingue, Birame a répondu à quelques questions.

Au sujet d’un éventuel changement de cap du mouvement IRA, son président a affirmé que sa ligne de combat n’a pas changé d’un iota sur la question de l’esclavage. Pour l’organisation abolitionniste il y aurait toujours 20% d’esclaves en Mauritanie.

Il n’y a dit-il aucune volonté de a part du pouvoir judiciaire. Et pour Birame, les organisations semi-étatiques que sont la Commission Nationale des Droits de l’Homme et le Mécanisme national de lutte contre la torture  sont là seulement pour produire de faux témoignages

A une question sur le récent conclave de l’opposition à l’initiative du président de l’APP Messaoud Ould Boulkheir, Birame a passé la parole au doyen Oumar Ould Yali qui a pris part à cette réunion.

Selon lui elle a regroupé le gros des partis de l’opposition ce lundi 18 janvier au domicile du président Messaoud.

Cette rencontre qui a duré neuf heures d’horloge (de 11h à 20 h) a discuté des problèmes brûlants du pays, des problèmes dont la principale source n’est autre que l’injustice.

Ainsi l’opposition a décidé de se retrouver et de décider d’affronter la situation en Mauritanie et essayer de sortir le pays de cette mauvaise passe.

Les dirigeants de l’opposition présents à cette réunion ont dit que le contexte actuel est favorable car le pouvoir tend la main.

Chaque représentant de parti est rentré avec une synthèse des travaux qui sera discuté et approuvée par les Bureaux Exécutifs respectifs. Une autre rencontre sera par la suite organisée pour permettre à l’opposition d’unir ses violons.

Notons enfin que le président du mouvement IRA a exclut toute perspective d’intégrer un gouvernement élargi soulignant la différence de son projet de société avec celui du président Ghazouani.

Bakari Guèye

 

 

 

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