Editorial : Corruption et trafic d’influence

Le rapport de la Commission d’enquête Parlementaire (CEP) a permis de mettre en évidence un échantillon assez représentatif des pratiques mafieuses qu’on attribuerait sans l’ombre d’une hésitation à un Etat voyou.

Les langues commencent à se délier et chaque jour apporte son lot de révélations rocambolesques, des témoignages dont certains émanant de membres du système, qui furent  des témoins passifs au sein de ce qui ressemble à s’y méprendre à une camorra, une « Società dell’Umirtà ».

La prolifération des sociétés écran, les exonérations fiscales qui ont fait perdre des milliards au Trésor Public et l’attribution des marchés gré à gré étaient devenus la règle.

La société indienne Kalpataru Power Transmission qui était de mèche avec des proches de l’ex président a gagné des marchés colossaux dans le domaine de l’énergie, des marchés qui se chiffrent à des centaines de millions de dollars et cela grâce au trafic d’influence.

Cette société qui s’était vu attribuée le contrat d’électrification de la route Nouakchott à Nouadhibou (150 millions de dollars)  a également gagné la construction de la ligne Haute tension Nouakchott- Keur-Macène (40 millions de dollars), un marché obtenu dans des conditions rocambolesques car Kalpataru n’avait pas présenté l’offre la moins disante, la société chinoise SINOTEC lui ayant damé le pion. Des pressions seraient faîtes sur l’ingénieur conseil Tractabel ainsi que sur le bailleur de fonds, le FADES pour avaliser le projet. Une véritable course contre la montre car Aziz doit passer le témoin le 02 août 2020. C’est ainsi que le 22 Juillet, le marché est notifié à Kalpataru et le jour suivant, Ould Abdel Aziz débarque à Keur Macène pour donner le feu vert pour le début des travaux.

Kalpataru bénéficiait ainsi de toutes les faveurs et agissait comme en pays conquis. C’est ainsi qu’en violation flagrante de la loi, la société indienne a commandé des bus Tata destinés au transport de son personnel, l’importation d’un tel matériel étant réservé exclusivement aux sociétés nationales.

Notons qu’au sujet de toutes ces incartades de Kalpataru, la CEP a auditionné à plusieurs reprises  l’ex ministre du Pétrole, de l’Energie et des Mines Mohamed Ould Abdel Vettah, qui a supervisé tous les accords conclus avec ladite société.

Des révélations font état de la location par la société Kalpataru d’appartements appartenant à l’ancien président, des appartements qui seraient loués à hauteur de deux millions MRO l’unité.

Voilà qui pourrai expliquer en partie l’attention particulière accordée par l’ancien maître du pays aux indiens. En effet, au cours des cinq dernières années, douze marchés dans le domaine énergétique ont été pour la plupart conclus avec des sociétés indiennes et espagnoles.

Face à de tels actes de corruption et d’usage immodéré du trafic d’influence au grand dam du Trésor Public, l’ex président qui refuse toujours de répondre aux questions des enquêteurs s’enfonce dans le pétrin et son impressionnant collectif de la défense qui vient d’être renforcé par les éminents avocats français (Me David Rajjou,  Kevin Brigant et Vincent Luchez) risque de ne lui être d’aucun secours.

Bakari Guèye

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