Près d’un an et demi après le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz les mauritaniens continuent à tirer le diable par la queue et attendent toujours le changement promis et tant attendu.
Le mauritanien lambda occupé à survivre au jour le jour et ayant toujours le couteau sous la gorge du fait de l’érosion de son pouvoir d’achat et de la hausse vertigineuse et continue des prix, se désintéresse quasi totalement de la gestion de la chose publique et a tendance a accepter la fatalité qui lui tombe sur la tête.
Ainsi le gouvernement et le président une fois élu n’a aucun compte à rendre et peut tout se permettre surtout qu’une fois bien installé sur son fauteuil douillet il, est automatiquement sacralisé-en apparence bien entendu-et il peut compter sur toute la République ou presque qui s’est transformée comme par enchantement en béni-oui-oui.
Le président Ghazouani est en passe de tomber dans le même piège que ses prédécesseurs issus de l’armée.
Ce serait en effet une erreur monumentale que de se fier à la vieille garde qui a mené tous les présidents en bateau. On a vu le traitement peu glorieux que tous ces hommes aujourd’hui autour du président ont réservé à leur ex idole Aziz dont ils chantaient hier seulement les prouesses et « les réalisations historiques et grandioses ». Ils ont tous changé de veste et sont devenus des pro-Ghazouani dont ils chantent le refrain à la mode « Taahoudati » (Mes engagements), « Ewlewiyati » (Mes priorités). L’ex « président des pauvres » est devenu pour eux le bouc émissaire à abattre.
Ce sont ces mêmes hommes dont certains font aujourd’hui partie des piliers du régime qui s’évertuent à mener le président Ghazouani dans la même galère. Le président devrait éviter le piège pendant qu’il est encore temps. La solution ce sera de mettre hors d’état de nuire tous ces caméléons et de changer de cap en adoptant un mode gouvernance qui exclut le parachutage et les forces rétrogrades.
C’est à ce prix que l’ambitieux programme « Taahoudati » pourrait avoir une chance d’être appliqué.
Aujourd’hui, les grandes priorités traînent le pas. C’est le cas de l’Education avec une mise en œuvre de l’école républicaine qui risque d’attendre un éventuel prochain mandat.
Il y a le secteur de la santé où la doctrine Nedhirou a montré ses limites. L’affaire feu Ould Hjour qui a défrayé la chronique récemment est un coup dur.
Le renvoi des médecins cubains est un autre coup dur pour la ville de Nouadhibou qui perd ainsi un plateau technique de choix (une cinquantaine de médecins, de spécialistes, de techniciens et d’infirmiers). C’est aussi un coup de massue pour le système de santé national qui a cruellement besoin d’une expertise médicale de qualité et d’une amélioration de la couverture et des prestations médicales.
Sur le plan de la lutte contre la gabegie, dans le PV qui a fuité et qui concerne la principale suspecte du détournement de la Banque Centrale (près d’un million d’euros) deux hauts responsables sont cités avec des accusations accablantes. Et l’on ne comprend toujours pas pourquoi on continue à faire confiance à tous ceux qui ont été impliqués dans des affaires de corruption ou de mal gestion.
Au niveau du secteur de la presse le tollé soulevé récemment par la distribution du fonds d’aide à la presse sous l’égide de la HAPA montre que les vieilles pratiques tant décriéées persistent.
Il y a aussi ce témoignage sur les réseaux sociaux de cet agent de police qui vient de démissionner du corps et qui a fait des accusations accablantes contre ses supérieurs.
Tout ça ajouté aux dysfonctionnements et à la faiblesse de l’administration en général devrait pousser le président Ghazouani à taper du point sur la table et à opérer un virage à 180° pour remettre le pays sur les rails.
Bakari Guèye