Chargée de Mission au ministère de la Transformation Numérique, de l’Innovation et la Modernisation de l’Administration , Matechiane Mint Bakar fait le point dans cette interview avec le Magazine mensuel « HORIZZONS » sur les projets initiés par le département dans le domaine de la transformation numérique au niveau sectoriel.
Pouvez-vous nous faire un état des lieux… ?
Le ministère de la Transformation Numérique, de l’Innovation et la Modernisation de l’Administration est un département tout nouveau créé en Mai 2021 en vue d’exécuter le programme du président de la République Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dans les domaines de la transformation numérique et de l’innovation.
Le ministère a pour mission générale de concevoir, coordonner, suivre et évaluer les politiques nationales en matière de Transition numérique, d’Innovation et de Modernisation de l’Administration.
C’est un domaine où il y a encore un retard c’est pourquoi le ministère a fait une stratégie numérique adaptée en se fondant sur les orientations et le plan d’action du gouvernement.
Cette stratégie prévoit l’exécution de 75 projets. Et il convient de noter que la transformation numérique sectorielle est l’un des piliers de l’Agenda Numérique. Cette transformation numérique consiste au passage du système traditionnel au système moderne caractérisé par la digitalisation des services au niveau de l’administration au profit des citoyens.
Et qu’est-ce que le ministère a fait pour le moment notamment en matière de transformation sectorielle ?
Dans le cadre du rapprochement de l’administration du citoyen, il y a des secteurs vitaux et prioritaires dont il a besoin. Il s’agit de l’éducation et la santé sur lesquelles nous nous sommes focalisés en premier.
Et pour ce faire, nous avons engagé une concertation avec le secteur de l’éducation pour définir ses priorités et ses attentes. Une commission de travail conjointe a été mise sur pied. Il s’agit de voir qu’est-ce-que le numérique peut apporter à la modernisation du secteur et à l’école républicaine. Et qu’est-ce-qu’il est possible de faire dans le domaine des ressources humaines.
Nous avons ainsi organisé une série de rencontres et d’actions.
Dans le domaine de l’enseignement à distance nous avons créé une plateforme hébergée et sécurisée. Nous avons commencé avec la mise en ligne des programmes dédiés aux classes d’examen.
Un autre projet a été lancé. Il concerne l’ouverture de salles multimédia permettant aux élèves de l’intérieur du pays de suivre des cours par visioconférence prodigués par des enseignants de haut niveau. Ces classes déjà ouvertes à Néma et Rosso seront généralisés pour profiter aux autres wilayas du pays.
Pour le secteur de la santé, nous avons adopté la même approche. Une commission s’occupe de la numérisation du secteur. Des experts ont été mis à contribution afin de dresser une feuille de route e-santé. Les fonds ont été mobilisés. Ce projet financé par l’Union Européenne sera exécuté par l’agence belge ENNABEL.
Y a-t-il d’autres projets en cours ?
Oui. Dans le cadre de la modernisation de l’administration il y a un grand projet concernant le schéma directeur de la modernisation de l’administration financé par l’Union Européenne à travers le programme PAGFAM (Projet d’Appui à la Gouvernance Financière et Administrative en Mauritanie), un projet exécuté par Expertise France. Il s’agit de faire un diagnostic général de la situation de l’administration en vue de sa modernisation. Ce projet qui vise la simplification des procédures et la digitalisation des services, va permettre de mettre sur pied un outil de suivi et de pilotage au niveau de la Présidence et de la Primature.
Le PAGFAM (2022-2026) implique 3 ministères à savoir le ministère de la Transformation Numérique, de l’Innovation et la Modernisation de l’Administration, le ministère de la fonction publique et le ministère des finances. Son financement est de 7,9 millions d’euros.
Le schéma directeur devrait être prêt fin 2023.
Et qu’en est-il du volet formation et développement des compétences ?
Sur ce plan nous tablons sur la formation continue et nous travaillons sur la création d’un passeport numérique selon nos propres normes. Il sera exigé pour les demandeurs d’emplois. Ce projet est en cours et nous sommes au stade d’élaboration des contenus. L’objectif recherché sera de faire de la formation numérique un outil d’inclusion sociale en généralisant l’apprentissage de l’informatique et en absorbant les jeunes issus des familles pauvres. Et pour ce faire il est prévu de créer une école des TICs qui pourrait être un moyen d’inclusion sociale et va permettre de disponibiliser les compétences.
Au niveau de l’enseignement supérieur, nous avons un partenariat avec l’Institut Supérieur du Numérique (Sup Num). Nous avons contribué à la rédaction des curricula.
En effet, on compte sur les sortants de l’université et de Sup Num. Nous avons la possibilité d’orienter sur les spécialités manquantes sur le marché.
Est-ce qu’au niveau du ministère de la santé vous avez des projets dans le domaine de la télémédecine ?
Nous organisons des concours pour les Startup. A cette occasion nous avons découvert une startup qui maîtrise la technique de la télémédecine.
Nous avons recommandé cette startup au ministère de la santé.
Il y a un arrêté conjoint avec le ministère de la santé qui organise la télémédecine. Son approbation est en cours.
Il y a aussi le commerce avec le développement de l’économie numérique. Qu’est ce qui est prévu dans ce domaine ?
Le e-commerce est pratiquement inexistant en Mauritanie c’est pourquoi nous avons sollicité la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour nous faire une stratégie e-commerce.
Un projet a été lancé dans ce cadre c’est celui de l’Evaluation Préparation de la Mauritanie à l’e-commerce, un projet financé par la CNUCED. Ce projet est aujourd’hui en phase finale.
La CNUCED va faire cette stratégie sur le e-commerce avec la révision et l’adaptation du cadre juridique.
Propos recueillis Par Bakari Gueye/
Magazine mensuel HORIZONS/N°035/Juin 2023