Financé par l’agence américaine USAID, exécuté par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et piloté par l’Observatoire Mauritanien de Lutte Contre la Corruption (OMLC), le projet de renforcement des OSC dans les espaces civiques afin d’améliorer la transparence et la responsabilité dans le secteur extractif en Mauritanie, a démarré ce matin à Nouakchott.
L’ouverture officielle de l’atelier qui concerne une vingtaine de journalistes issus de différentes associations de presse a été l’occasion d’un échange de discours entre les différents partenaires du projet.
Pour Mohamed Abdallahi Belil Président de l’OMLC qui a fait une présentation de l’atelier, celui-ci vise à doter les journalistes des compétences requises afin de mener des investigations qui contribueront à la transparence dans la gestion des ressources extractives. Et d’ajouter que le projet insiste sur la dimension genre en ce sens que les femmes doivent être impliquées dans la gouvernance des industries extractives.
Pour sa part Daouda Diallo représentant l’USAID a exprimé le soutien entier de cette institution aux efforts de la Mauritanie dans la transparence des industries extractives dont les revenus contribuent au développement du pays.
Fah Brahim Jidou qui représente le PNUD a affirmé que l’atelier bénéficie aux medias professionnels qui doivent mener un plaidoyer en faveur de la transparence dans le cadre de l’exploitation des ressources. Le PNUD a-t-il souligné offre le support nécessaire et d’autres formations sont prévues au profit des journalistes. Il a réaffirmé l’engagement du PNUD pour plus de transparence et pour la responsabilité sociale des entreprises qui doit être prise en compte.
Enfin Mouna Mint Didi a prononcé le mot d’ouverture officiel au nom du ministère des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs. Elle a à son tour souligné le rôle fondamental que doit jouer la presse dans le processus de gestion et de transparence des ressources nationales.
Le journalisme d’investigation, un genre noble
Le panel du jour consacré aux techniques du journalisme d’investigation a été animé par Nicolas Henin, ex reporter de guerre consultant et journaliste d’investigation.
Pour lui, le journalisme d’investigation réclame deux choses essentielles : la compétence et l’éthique. Le journaliste d’investigation doit avoir de solides connaissances dans des domaines divers et être rompu aux techniques de traitement des données. Au cours de son enquête il doit veiller sur l’équilibre en contactant toutes les parties concernées.
Il doit éviter le journalisme de diffamation orienté pour nuire à des tiers ; éviter aussi les contenus conspirationnistes imitant le journalisme d’investigation et qui sont légion sur le web.
Les sources doivent être diverses et le journaliste doit se méfier des enquêtes à source unique.
Aujourd’hui souligne Nicolas la source ouverte est très à la mode dans les enquêtes. Elle devient un élément très important dans l’investigation.
Autre point abordé, celui de la sécurité. Le journaliste doit se protéger et protéger ses sources
Le journaliste peut aussi user de techniques pour protéger ses sources, y compris les sources anonymes qui peuvent être déprofiler. Il doit éviter les risques de manipulation qui sont toujours élevées dans une investigation.
Dernier point important abordé par le panéliste : le fonctionnement en réseau qui est la tendance aujourd’hui en matière de journalisme d’investigation. Il a donné l’exemple de Forbidden stories, un réseau de journalistes dont la mission est de poursuivre et de publier le travail d’autres journalistes qui sont menacés, emprisonnés ou ont été assassinés. Il s’agit du seul programme au monde à poursuivre cette mission. Il permet à tous les journalistes évoluant en zones de crise de rentrer leurs données dans une sorte de coffre-fort numérique et d’être utilisées par d’autres journalistes qui poursuivront le travail si jamais l’auteur initial est tué ou emprisonné.
Notons que des échanges fructueux ont ponctué cette première journée qui a permis aux participants d’engranger de précieuses connaissances sur les techniques d’investigation de plus en plus basées sur le data journalisme.
Rappelons enfin que le projet ITIE/USAID/PNUD dont la première phase vient d’être lancée aujourd’hui vise à renforcer les mécanismes de dialogue et de concertation, permettant une meilleure participation des citoyens à la gestion des revenus miniers. Il vise à contribuer à une plus grande responsabilisation publique grâce à une mise en œuvre du processus ITIE en Mauritanie à travers un mécanisme plus dynamique qui assurera une plus grande intégration des principes de l’ITIE.
Par conséquent, le projet s’appuiera à la fois sur les médias professionnels et la capacité de la société civile à plaider en faveur d’une plus grande surveillance inclusive des industries extractives par le biais d’une approche systématique. A cette fin, le projet garantira que les capacités institutionnelles de la HAPA et de ses membres affiliés, ainsi que les OSC sont renforcées.
Bakari Gueye