Babacar Baye Ndiaye, le récit d’une arrestation : « Ils se sont fait passer pour des journalistes »

« J’ai reçu un appel téléphonique mercredi  d’un inconnu qui s’est fait passer pour un journaliste d’El Hourriyya. Il me dit avoir un article à publier  sur CRIDEM. Je lui ai demandé de quoi traite cet article. L’inconnu refuse de me donner des détails en arguant qu’il fallait qu’il me voie d’abord. » Ainsi commence Babacar Baye Ndiaye le récit de son arrestation le 8 août 2018 à Nouakchott.

 

« Plainte pour diffamation parce que CRIDEM a repris un article de Mondafrique qui est une synthèse d’un article publié sur le sur site Taqadoum »

Le jeune journaliste a été libéré après une semaine d’embastillement suite à une plainte de monsieur Jemal Taleb que d’aucuns présentent ici comme ambassadeur itinérant de la Mauritanie en Europe et avocat de Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la république Islamique de Mauritanie. « Plainte pour diffamation parce que CRIDEM a repris un article de Mondafrique qui est une synthèse d’un article publié sur le sur site Taqadoum »,  rappellera Babacar baye Ndiaye qui explique que c’est au commissariat qu’il lui sera notifié la raison de sa présence dans ce lieu pas très confortable pour un paisible journaliste : « vous avez dit que Jemal a détourné de l’argent et que sa sœur aussi a détourné de l’argent. »

Pour Babacar qui trouve normal que quelqu’un se sente lésé et porte plainte, il est curieux que la police dans sa procédure de l’arrêter ait eu recours à une méthode peu orthodoxe : usurpation d’identité. En effet, les policiers se sont fait passer pour des journalistes et lorsqu’il est sorti les rencontrer en face de la Banque Populaire de Mauritanie, point de repère qu’ils lui avaient indiqué, « ils n’ont présenté ni cartes professionnelles, ni mandat d’amener. »  A-t-il déploré.

« Comme tu refuses de nous suivre, on va faire avec toi comme avec les bandits »

« Quand je suis venu à la rencontre de la personne que j’ai aperçue en civil avec un téléphone à l’oreille, j’ai senti le piège et je lui ai quand même demandé si c’était bien lui le journaliste d’El Hourriya. Méfiant, j’ai pris une légère distance à reculons. C’est là qu’une autre personne est sortie du véhicule m’intimant l’ordre de monter. J’ai naturellement refusé et insisté pour comprendre pourquoi on m’amènerait. » Poursuit Babacar. « Comme tu refuses de nous suivre, on va faire avec toi comme avec les bandits, m’ont-ils dit en sautant sur moi avec leurs menottes qu’ils me mettront aux poignets après m’avoir fait coucher par terre. »

Babacar Baye Ndiaye n’en est pas à sa première arrestation. Journaliste consciencieux et respectueux des règles d’un métier que bien d’autres ici pratiquent avec une maladresse impunie tout en jouissant de la complaisance de ceux que la médiocrité sert et arrange, il a souvent été le bouc émissaire de petites fâcheries des puissants.

Ce qu’il n’arrive pas à comprendre, dira-t-il, c’est pourquoi après notification de l’accusation, il a été décidé de perquisitionner son domicile et le bureau où il travaille, de confisquer son ordinateur et son téléphone. « S’il fallait s’en tenir à la plainte d’un individu, pourquoi tout ce zèle ? »

K-Tocka

 

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