En collaboration avec l’UNFPA, le ministère de la santé a célébré jeudi la journée mondiale de la contraception placée cette année sous le thème : « Un choix pour tous, la liberté de planifier, le pouvoir de choisir ».
A cette occasion, un panel composé de responsables nationaux en Santé reproductive a présenté des communications ayant trait à cette activité.
Intervenant en premier, le Dr Sid Brahim Ould Sidi Oumar, directeur de la santé maternelle, néonatale et des adolescents a noté d’emblée que malgré des améliorations, les taux de mortalité maternelle restent préoccupants en Mauritanie. Actuellement le taux est de 424/100.000 et de 22/1000 naissances vivantes pour la mortalité enfantine.
Ainsi la mortalité maternelle est passée de 930/100.000 en 1996 à 747 en 2001, 686 en 2007, 626 en 2011 et 424 depuis 2019.
Et pour la mortalité néonatale, elle est passée de 43/1000 naissances vivantes en 2004 à 22 en 2019.
S’agissant de la consultation post-natale (CPON), elle est passée de 27% en 2007 à 43% en 2019.
Pour la prévalence contraceptive les taux sont de 9% en 2001, 11% en 2007, et 14,3% en 2019. Donc note le Dr Sid Brahim des efforts restent encore à faire sur ce plan là.
Il a déploré le déficit en sages-femmes dont la majorité travaillent à Nouakchott, alors que la majorité des décès est enregistrée en zones rurales d’où dit-il la nécessité d’un redéploiement des ressources humaines.
Situation alarmante de la mortalité maternelle et des besoins non satisfaits
Dans sa présentation centrée sur l’espacement des naissances, Fatimetou Moulaye, Coordinatrice Nationale du Programme de la Santé Reproductive et Présidente de l’Association des Sages-femmes de Mauritanie a rappellé que le pays s’est engagé à atteindre les ODD 3.1, 3.2, 3.7 et 3.8.
Seulement des obstacles existent comme la pauvreté dont le taux atteint 28% .
Et pour la prévalence contraceptive si le taux de 14% représente une évolution, les disparités régionales sont criantes. C’est ainsi que dans la région du Hodh Charghi ce taux n’est que de 3%.
Quant à l’indice synthétique de fécondité il est de 5,2%.
Et pour la coordinatrice, le taux de prévalence ne doit pas être inférieur à 25% à l’horizon 2030 ; une utopie certes vu l’importance du gab actuel.
Elle a par ailleurs cité les chiffres d’un rapport publié en 2020/2021 qui font état d’une mortalité maternelle de 30% chez les jeunes femmes âgées de moins de 30 ans ; ce qui suppose regrette-t-elle qu’elles ont laissé derrière elles 2 ou 3 enfants voire plus.
Mme Fatimetou s’est félicité du renforcement de l’acquisition des produits SR avec notamment le renforcement de la ligne budgétaire grâce à la contribution de l’USAID qui a permis de combler le déficit existant.
Seulement a-t-elle souligné, malgré l’existence du Plan d’Action National Budgétisé (PANB), on est encore loin du consensus d’Abuja qui demande aux pays de porter les budgets de la santé à 15% du budget total. En Mauritanie, on en est encore à 7%. Et c’est ce qui explique dit-elle que la situation de la mortalité maternelle et des besoins non satisfaits demeure alarmante. Il y a donc dit-elle nécessité de redoubler d’efforts avec notamment un leadership fort du ministère de la santé.
Cet engagement a été réitéré par le Dr Abdel Bou Habib, chargé de mission au ministère de la santé, lors du mot d’ouverture officielle de cette activité, un mot prononcé au nom du ministre de la santé.
Pour sa part Séynath Haidara représentant de l’UNFPA à cette cérémonie a rappelé les avantages de l’espacement des naissances pour la santé des femmes et des filles et promis l’accompagnement de l’UINFPA des efforts entrepris par le gouvernement mauritanien dans ce domaine.
Bakari Gueye