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Première greffe rénale réalisée en Mauritanie

Une équipe mauritano-algérienne supervisée par le Pr Chaouch a effectué du 25 au 30 juillet 2024, la première opération chirurgicale réussie de greffe rénale. L’opération a été faîte au Centre National de Cardiologie (CNC).

Une conférence de presse a été organisée hier après-midi au CNC pour annoncer la bonne nouvelle à l’opinion. Cette conférence de presse est supervisée par le Conseil national du don, du prélèvement de la transplantation d’organes et de tissus humains (CNDPTOTH) en collaboration avec le CNC et le service de transplantation rénale du CHU de Batna en Algérie.

Ont pris part à cette conférence de presse le DG de la CNAM, le directeur du CNC et les directeurs de l’ANG, de l’AICA et du CHU de Batna.

Le Dr Abdel Latif Sidi Ali, Président du Conseil National du Don, du Prélèvement et de la transplantation d’Organes et de tissus Humains, Directeur général de la Polyclinique Medipôle de Nouakchott a fait le point en relatant l’historique de l’opération et du partenariat avec le CHU de Batna.

Ainsi il y a 3 mois une jeune fille mauritanienne a subi une greffe rénale en Algérie en présence d’une équipe de chirurgiens mauritaniens.

Et pour l’opération menées à Nouakchott, elles concernent 2 jeunes, un frère donneur  de 24 ans et sa sœur greffée rein âgée de 18 ans. Ces 2 opérations couronnées de succès ont été menées par deux équipes mixtes mauritano-algériennes.

Avec cet événement d’une grande portée médicale c’est le début effectif de la greffe rénale en Mauritanie.

Et pour le Dr Abdel Latif Sidi, l’ambition sera de réaliser des greffes d’autres organes comme les tissus, le foie, les poumons et même le cœur.

Avant le déroulement de cette opération, l’équipe de chirurgiens mauritaniens avait déjà assisté à 6 opérations de greffes de reins à Batna.

Selon   Dr Abdel Latif 1200 patients mauritaniens sont sous dialyse. Il y en a 150 tous les ans et près de 15 à 20 personnes sont diagnostiqués tous les mois pour des problèmes de diabète et d’hypertension.

Et selon le Dr la greffe rénale est préférable à la dialyse et le malade opéré peut vivre au-delà de 40 et même 50 ans. La greffe est aussi moins coûteuse. En effet, si pour une dialyse il faut près de 25000 dollars par an, pour une greffe 5000 ou 6000 euros font l’affaire.

Par ailleurs la dialyse à un coût social très important en ce sens que la moyenne d’âge des personnes sous dialyse est de 40 ans et là le malade malgré son âge ne pourra plus travailler, ce qui aura un impact négatif sur lui et sur sa famille.

Pour le directeur du CHU de Batna même s’il ne faut pas exclure les risques de la greffe rénale, grâce à l’expertise de son équipe, avec ses 10 ans d’expérience, ce risque est réduit à zéro.

Convention et accord-cadre

Il convient de rappeler qu’entre l’Algérie et la Mauritanie il y a eu une forte volonté entre les dirigeants des 2 pays de coopérer en la matière. C’est ainsi qu’une convention allant dans ce sens a été signée en mars dernier entre les ministres des 2 pays.

En vertu de cette convention qui s’étale sur 2 ans, 3 à 5 patients mauritaniens seront greffés à Nouakchott, tous les 2 mois avec l’aide des chirurgiens algériens, jusqu’à ce que l’équipe mauritanienne soit autonome

Il y a eu aussi un accord-cadre entre le CNC et le CHU de Batna qui est le pionnier en Afrique en matière de greffes d’organes. Il réalise 100 opérations de greffes par an. Les algériens réalisent même depuis 2002 des greffes cadavériques. En effet, un cadavre peut donner jusqu’à 5 organes au minimum et c’est autorisé en Algérie.

En Afrique rares sont encore les pays où la greffe rénale est réalisée. On peut citer la Zambie qui a commencé en 2018, le Cameroun en 2021 et le Sénégal qui a débuté en décembre 2023 et qui réalise 4 transplantations par an.

Formation de l’équipe médicale mauritanienne

Le transfert des compétences du CHU de Batna a débuté en Avril 2024 où les médecins mauritaniens ont effectué un séjour d’une semaine en Algérie. Là ils ont pu assister à 6 opérations de greffes rénales dont une pour un couple mauritanien.

Dans une seconde phase, l’équipe algérienne est venue en Mauritanie pour faire l’état des lieux et étudier les possibilités de faire des opérations en Mauritanie.

C’est ainsi que les algériens ont pu valider le Centre National de Cardiologie qui dispose de tous les équipements requis.

Selon le directeur du CNC il sera créé un service de transplantation spécial et complet avec un service de néphrologie. Cela prendra 4 à 6 mois, le temps aussi de finir une extension de l’hôpital.

Pour le Pr Chaouch, cheville ouvrière de l’équipe algérienne, pour mieux former les chirurgiens mauritaniens il faut impérativement augmenter le nombre d’équipes algériennes et augmenter la cadence des greffes. La formation dit-il est une activité soutenue qui ne s’arrête pas. Ce n’est pas dit-il une opération compliquée mais elle doit être faîte avec minutie.

Dans la convention signée entre les 2 pays, un cycle de visites réciproques est prévu tous les 2 mois avec à chaque fois 30 à 50 greffes pour amener les chirurgiens à être opérationnels.

Selon le directeur du CNC, la maîtrise de la technique en question demande du temps. Il a donné l’exemple du CNC ouvert en 2002 (début de la chirurgie du cœur). Et cela a fonctionné pendant 10 ans avec une équipe étrangère et il a fallu attendre 2014     pour que l’équipe mauritanienne prenne le relais.

Mais pour la greffe du rein nous serons autonomes dans 2 ans et on aura un centre équipé, a assuré le directeur du CNC.

A noter que des techniciens, des néphrologues mauritaniens sont aussi actuellement en formation à Grenobles, en France.

La CNAM prête à accompagner la greffe rénale

Dans son intervention le DG de la CNAM a exprimé la volonté de l’institution d’accompagner cette nouvelle politique. Il a noté que cette pathologie est très répandue en Mauritanie où on compte actuellement 350 dialysés pris en charge par la CNAM. Et au cours des 6 premiers mois de l’année en cours on compte déjà 70 nouveaux cas. Donc pour le DG de la CNAM, la greffe est une solution durable. Jusque-là tous les cas nécessitant une greffe étaient évacués à l’étranger et cela demande de gros moyens. Ce sera dit le DG un gain économique appréciable et a souhaité que l’expérience réussisse.

La CNAM est prête à investir et à accompagner cette expérience, a conclu son DG.

Il convient de souligner que la mission algérienne bénéficie du support et de l’accompagnement de l’agence nationale des greffes d’Algérie.

Ce come-back des algériens nous rappelle que la première dialyse en Mauritanie avait été effectuée en 1996 par une équipe médicale algérienne. C’était un fait marquant à l’époque.

Bakari Gueye

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