Les regrettables événements consécutifs à la mort dans un commissariat de police de Nouakchott d’un jeune citoyen mauritanien a révélé au grand jour la fracture communautaire qui a toujours du mal à se cicatriser.
La communautarisation des manifestations qui ont secoué le pays et notamment la capitale est d’autant plus grave qu’elle doit pousser les dirigeants du pays à prendre leurs responsabilités.
Elle révèle en effet la fragilité de l’unité nationale et de la cohabitation régulièrement mises à rude épreuve par des fossoyeurs et autres baroudeurs du diviser pour régner, terrés dans l’ombre.
La Mauritanie a toujours été et demeurera une terre de diversité. Les différentes communautés qui la composent et qui y cohabitent depuis la nuit des temps continueront à y vivre.
Tous les projets de division et de sédition tentés à ce jour ont été voués à l’échec même si leurs auteurs ne s’avouent pas vaincus.
La Mauritanie demeurera un pays multiracial et multiculturel. Pas de place donc pour ceux qui prônent l’uniformisation et l’exclusion.
C’est en effet méconnaître l’histoire que de vouloir ignorer ou minimiser l’apport de telle ou telle frange de la population. Les mauritaniens toutes communautés confondues ont tous contribué à l’édification de l’Etat.
Et pour rafraîchir la mémoire aux négationnistes, le noyau dur des premiers bâtisseurs de l’Etat moderne était multiethnique avec une contribution notoire de nos voisins du Sud, sénégalais notamment qui nous ont envoyé les premiers agents de l’assistance technique (enseignants, cadres de l’administration, chauffeurs, mécaniciens…)
D’ailleurs la majorité de ces « coopérants » se sont définitivement installés en Mauritanie, se sont mariés au sein des différentes communautés sans exception aucune, ont eu des enfants et se sont parfaitement bien intégrés.
Il convient de rappeler aussi que tout au long de la 1ère République les postes les plus sensibles de l’administration et de l’armée étaient occupés sans distinction aucune par des personnes issues de toutes les communautés.
Et pendant la terrible guerre du Sahara, les ressortissants de la vallée ont payé un lourd tribut. Ils étaient en première ligne pour défendre la mère patrie. Cela est important à rappeler à tous ceux, et ils sont légion qui ont le culot de douter de leur mauritanité.
La vérité a la peau dure. Elle crève les yeux et s’impose à tous. Les mauritaniens sont égaux en droits et en devoirs. C’est aussi simple que ça. Il est temps de mettre en application ce postulat pour éviter les secousses « telluriques » récurrentes qui menacent la paix sociale et la stabilité du pays.
Le président de la République qui a eu la chance de vivre dans la Mauritanie d’antan où noirs et blancs avaient vécu dans l’entente et l’harmonie doit s’inspirer de ce modèle et éviter de répondre aux sirènes de la poussée chauviniste savamment entretenue par des lobbies maléfiques qui tirent les ficelles.
Bakari Gueye