Hana Al Amir est réalisatrice, auteure et présidente de l’association du cinéma saoudien depuis 2021.
Son film « Chakwa », (complainte) a obtenu le Palmier d’Or au Festival du Film Saoudien et elle a déjà été membre du jury dans ce même festival.
Hana El Amir a réalisé des courts et des longs-métrages ainsi que des films documentaires.
Elle milite depuis plusieurs années pour l’émergence d’un cinéma saoudien.
Hana Al Amir nous a accordé cet entretien, entre deux projections et des rencontres qui n’en finissent pas.
Si on faisait connaissance dans un premier temps avec l’Association du Cinéma Saoudien que vous présidez ?
Cette association a été créée il y a deux ans. C’est la première association spécialisée dans le cinéma dans le pays. Elle a été fondée par un groupe de vingt trois personnes dont je fais partie. Tous les membres du comité de direction ont été élus.
Cette association a pour objectif de diffuser la culture cinématographique, développer les compétences des actants saoudiens du monde du cinéma et de faire connaitre le produit cinématographique saoudien à l’intérieur du royaume et à l’étranger.
Il y a trente cinq ans de cela le cinéma était interdit dans le royaume, on émerge, on renaît et cette renaissance est le fruit de longues années où nous avons milité en silence, sans jamais désespérer.
Quel rôle joue le cinéma dans cette phase transitoire que vit l’Arabie Saoudite ?
Le ministère de la culture accorde une place de premier plan au cinéma. Ce dernier joue un rôle essentiel dans le développement culturel du pays. Ce secteur draine un grand public composé de jeunes et de moins jeunes.
Les cinéphiles sont nombreux ici, d’ailleurs en peu de temps nous avons occupé la première place des ventes de billets dans le monde arabe. Les films à l’affiche sont accueillis par un public joyeux, assoiffé, comme vous avez pu le constater lors de cette édition du Festival du Film Saoudien, qui à chaque fois applaudit les créateurs à la fin de la projection.
Notre objectif est d’atteindre prochainement les cinq mille salles de cinéma dans le royaume, nous y allons d’un pas ferme, encouragés dans cette démarche par les instances de tutelle et un grand nombre de cinéphiles et de followers.
Q’en es t-il de la présence de la femme saoudienne dans le monde du cinéma ?
Quand j’ai commencé ma carrière, la femme était minoritaire. Depuis les choses ont beaucoup évolué. Lors de la soirée d’ouverture, ce sont des femmes à la tête de postes importants qui ont pris la parole.
Le court métrage « Seleeg » qui a été projeté lors de la cérémonie d’ouverture était l’œuvre d’une réalisatrice saoudienne (ndlr)
La femme saoudienne, qu’elle occupe des postes décisifs, qu’elle soit sur le terrain, cinéaste, réalisatrice, actrice ou technicienne fait évoluer le monde du cinéma.
Emna Louzyr