Par Seyré SIDIBE
Notre force est dans notre capacité à nous unir, le FISO l’a démontré. Combien sont-ils, parmi nous à comprendre l’impérieuse nécessité de dépasser nos contradictions et différends.
La force et le respect d’une communauté résultent dans sa capacité à se remettre en cause; à rassembler lorsque la graine de la division est semée par quelques oiseaux de mauvaises augures.
La société Soninké a visiblement manqué de résilience et de ressort pour juguler les revendications d’une partie de son être, une partie non négligeable d’elle-même.
Qu’elle ne peut abandonner, troquer ou trahir, et dont elle ne peut se passer.
La crise qui traverse la société Soninké est aggravée par le succès fulgurant des « grandes gueules », de nouveaux troubadours et courtisans qui ont investi l’espace public virtuel, les réseaux sociaux et qui se donnent à coeur joie à l’injure publique, proférant sans retenue et sans conscience, ni état d’âme des propos grotesques et haineux.
Ceux-là entendent se substituer aux sages du village, aux facilitateurs assermentés d’antan de la communauté.
Ceux qui n’étaient ni récipiendaires d’un Master ou d’un doctorat mais avaient le bon sens en alerte, le flair « aiguisé » et ultra sensible, capable d’anticiper et d’annihiler, toute chose qui peut sonner le glas de l’harmonie du groupe. Harmonie au sens de consensus et de compromis pour préserver l’équilibre du groupe.
On nous raconte ( source tradition orale et histoires récentes qu’au Guidimakha ) qu’il est arrivé à plus d’une fois, qu’un chef de village en vient à prendre une décision impopulaire, sous le mode de la colère ou de l’émotion. Mais les sages intervenaient ou parfois même son épouse pour l’en dissuader.
Une fois raisonné, le chef perçoit l’impertinence et l’imprudence de sa décision et cède à la volonté populaire exprimée à travers les sages.
Ce faisant, il n’hésitait guère de présenter ses excuses. Ce sont ce genre de notabilités qui manque aujourd’hui dans le Soninkara. Notre crise est celle des valeurs, de la gouvernance et même des hommes. Reconnaissons-le pour avancer !
Cette façon de régler les différends du village était, plus portée sur la recherche de la cohésion et l’équilibre de la communauté que la « vérité ».
Le grand peuple Soninké est en train de se ridiculiser par son refus de s’adapter aux injonctions d’une ère nouvelle.
Il doit se surpasser et se poser les bonnes questions. Une partie de nos intellectuels et la jeunesse censées être les porte- étendards d’une nouvelle configuration sociale, en vue de garantir l’égalité et la fraternité réelle, se sont laissés influencer pour défendre des postures indéfendables.
Les Soninké ont visiblement opté pour le pourrissement. Une stratégie qui n’arrange personne, si ce n’est le mal qui ronge et désagrège notre communauté: le temps joue en faveur du mal et nous fragilise davantage.
Et pourtant, à observer de près, les Soninké n’ont jamais été des va-t-en guerre, les peuples qui ont cohabité avec eux, leur reconnaissent cette qualité: ils ont toujours mis en place des forces dissuasives, disposées à défendre plutôt qu’à envahir ou conquérir.
Quelle « vérité » ou valeur peut-elle se prétendre plus noble, et au dessus de la paix sociale ? Je n’en connais point !
Faut-il sacrifier une société née à la suite de sacrifices et de pérégrinations périlleuses de nos aïeux, qui ont enduré les affres de l’existence pour exister ?
Quelle société allons-nous, léguer à nos enfants, aux futures générations ?
La responsabilité de chacun et de tous est engagée .Tous ceux qui ont une influence, une audience, une tribune si minime soit elle, et ce quel qu’en soit sa nature doivent l’exploiter à bon escient, au service de la paix, pour rapprocher les deux parties d’un même corps en conflit.
La 7ème édition du Festival International Soninké (FISO) a été incontestablement un succès, au regard de la mobilisation, et la démonstration culturelle et artistique. Cependant, chacun d’entre nous dans son for intérieur, et loin de tout orgueilleux a dû regretter l’absence d’une partie de la communauté.
Et pourtant, l’histoire serait belle à écrire si la réconciliation entre les Soninké avait été scellée depuis Nouakchott à l’occasion du FISO.
Mais, nous avons préféré éviter ce sujet, ou disons ne pas en faire une priorité, pour sa complexité de crainte que ça ne dégénère ou encore de gâcher la fête.
Il n’y a pas échappatoire, de subterfuge, la réconciliation des Soninké est devenue » l’outre de l’éléphant » pour reprendre l’un de nos proverbes . Si tu la portes, tu risques d’être à la traine du peloton, et si tu décides de ne pas le porter, tu risques la mort certaine due à la soif.
« Tuure sumalle Ji ndande angana wutu an kunke na xose angana wara daqu na ankari »
Seyré SIDIBE
ondeinfo.com