Editorial : Décès de Soufi : mort accidentelle ou bavure policière ?

La police nationale est de nouveau sur la sellette après le décès le 9 février courant du jeune activiste Soufi Dibril Soumaré quelques heures seulement après son arrestation et sa garde à vue dans les locaux du commissariat de Dar Naim 2.

Selon le frère du défunt, ce dernier a été évacué à l’hôpital Cheikh Zayed après sa mort et abandonné dans l’enceinte de l’institution hospitalière sans autre forme de procès.

Dans un communiqué rendu public la direction nationale de la sûreté parle d’une mort suite à un problème sanitaire inopiné.

A l’annonce de sa mort une grande foule a pris d’assaut le commissariat 2 et le palais de justice de Nouakchott Nord où elle a exprimé ses vies protestations et réclamé l’ouverture d’une enquête afin d’élucider les circonstances de cette mort suspecte.

Et depuis lors l’affaire ne cesse de prendre de l’ampleur. C’est ainsi que le président de la République après avoir dépêché une importante délégation pour présenter ses condoléances à la famille du défunt a rappelé le ministre de la santé(en déplacement à l’intérieur du pays) sous le sceau de l’urgence pour superviser l’enquête médicale.

Parallèlement une information judiciaire a été ouverte afin de déterminer la responsabilité de chacun.

Le commissaire et ses éléments suspects ont été écartés et mis à la disposition des enquêteurs. Un bon signe qui dénote de la détermination des autorités supérieures de faire la lumière sur cette grave affaire qui engage la crédibilité de la justice, de la police et de l’Etat.

En effet l’affaire a pris une tournure internationale avec la constitution d’une commission d’enquête conjointe entre le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH).

Cette commission indépendante aura pour principal objectif de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé.

 Déjà le président de la CNDH a affirmé que les conditions de détention et de l’interrogatoire étaient contraires aux normes juridiques.

Cette nouvelle affaire a suscité une forte mobilisation de l’opinion publique et notamment des populations marginalisées qui ont exprimé leur ras-le-bol et ont réussi cette fois-ci de forcer la main aux autorités afin qu’elles mettent fin à cette impunité et à ces comportements d’un autre âge qui ont toujours le vent en poupe au sein de nos forces de sécurité et de la police en particulier.

Il est en effet grand temps que nos forces de l’ordre mettent en pratique les connaissances acquises en matière de respect des droits de l’homme et de respect de l’intégrité physique de la personne humaine.

Au niveau de l’école nationale de police un module traite de ce sujet. Beaucoup de programmes sont également mis en œuvre depuis plusieurs années avec les partenaires internationaux, dans le cadre de la formation continue.

Malheureusement le problème est beaucoup plus complexe et pourrait s’expliquer en partie par le laxisme au niveau du recrutement.

Dans ce pays où derrière chaque recrue il y a une main invisible et où l’on est souvent policier de père en fils, on passe outre les critères objectifs de recrutement -c’est valable dans tous les secteurs d’ailleurs-

Quoiqu’il en soit on espère que cette ténébreuse affaire sera élucidée et constituera un déclic pour un nouveau départ.

En attendant les résultats de l’enquête, les réactions politiques se multiplient et certains demandent la tête du ministre de l’intérieur.

Bakari Gueye

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