L’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz a débarqué ce matin à Paris. Comment est-ce possible ? La question est sur toutes les lèvres même si ce n’est pas véritablement une surprise depuis la fin du contrôle judiciaire le 07 septembre dernier et l’accélération des événements ces derniers jours.
En effet Aziz a pu non seulement recouvrer sa liberté de mouvement mais il est entré en possession de ses passeports, des clés de sa villa de Bénichab, a renouvellé sa pièce d’identité et certainement de biens d’autres avantages.
Bizarre quand on sait que l’homme est toujours poursuivi dans le cadre du dossier 01/2021 considéré à juste titre comme la plus grande et la plus rocambolesque affaire de corruption et de détournement de deniers publics que le pays n’ait jamais connu.
En effet, les chefs d’accusation sont d’une gravité telle que l’on s’étonne comment on en est arrivé à laisser dans la nature le principal accusé.
Pourtant dans ces deux derniers communiqués rendus public les 7 et 10 du mois courant, le parquet se voulait rassurant quand à la conduite de l’instruction jusqu’au bout et dans les règles de l’art.
« Le Parquet général continuera d’œuvrer résolument au bon déroulement des procédures du dossier, et à leur continuité dans les formes requises, et à veiller à ce que tous les inculpés assistent à toutes les étapes de ces procédures, y compris la phase du procès, et à prendre le temps nécessaire à cette fin en cas de besoin, conformément aux prescriptions du code de procédure pénale. »
Voilà ce qu’on pouvait lire dans l’un des communiqués.
La question qui taraude tous les observateurs est de savoir sur quelle base le prévenu a été autorisé à quitter le pays, en vertu de quelles dispositions juridiques ou politiques ?
Si comme on le susurre Aziz va pour des consultations médicales pourquoi on n’a pas entendu l’avis sur ce point du fameux comité médical d’experts censé donner son avis sur tout ce qui a trait à la santé de l’ex président ?
Et le collectif des avocats de l’Etat et celui de la défense de Aziz eux non plus sont restés motus et bouches cousues.
Quelles sont les garanties pour le retour de l’ex président pour assister à un éventuel procès ?
Ne va-t-il pas profiter de cette liberté retrouvée pour organiser la riposte. Tout le laisse croire lui-même ayant déclaré que personne ne pourrait l’empêcher de faire de la politique. « Il n’y a pas d’Etat » avait-il d’ailleurs lancé dans l’une de ses précédentes déclarations.
Quoiqu’il en soi, le silence assourdissant tant du côté du parquet que du côté du gouvernement est incompréhensible.
Après tout l’opinion publique a le droit de savoir qu’est ce qui se passe.
Ce dossier qui a occupé l’opinion depuis bientôt 3 ans est-il en passe d’être rangé dans les tiroirs ? Certains indices permettent de le croire.
En tout cas si tel était le cas ce serait un grand gâchis et un sérieux coup asséné à la justice mauritanienne et à l’image du pays.
Bakari Gueye