Dans le cadre du projet conjoint (Contrer les récits extrémistes) d’Equal Access International et de l’ambassade des Etats Unis en Algérie, une journée de sensibilisation destinée à quelques journalistes mauritaniens s’est déroulée dimanche 24 avril au centre Camara de la SOCOGIM PS à Nouakchott.
Trois journalistes mauritaniens ayant profité de ce projet ont restitué leurs enseignements à leurs collègues.
Au cours des 8 sessions virtuelles et d’un atelier tenu à Abidjan en janvier dernier ces 3 journalistes ont fait part de leurs initiations sur diverses notions et concepts ayant trait à la couverture des faits sur l’extrémisme violent.
Ils ont parlé entre autres du rôle des medias traditionnels par rapport à la couverture des conflits, à l’extrémisme violent ; du journalisme de paix basé sur une narration positive et du story telling, l’art de la narration qui consiste à écrire des histoires, des contre-récits à la propagande extrémiste.
Ainsi, les professionnels des médias sont invités à adopter différentes stratégies pour produire un récit efficace et proposer une alternative aux contenus violents qui sont véhiculés par les groupes extrémistes.
Autre point important abordé, la vérification des faits par l’entremise des outils du fact checking.
L’atelier d’Abidjan aura permis de se pencher sur des cas pratiques et des mises en situations ainsi qu’une présentation des différentes approches de lutte contre l’extrémisme violent dans les différents pays.
Les journalistes ont été sensibilisés sur le danger des récits toxiques ainsi que sur le processus de radicalisation.
Ce programme aura ainsi perms de donner de nouvelles pistes aux journalistes pour la couverture de l’extrémisme violent afin de mieux servir leur public qui est confronté à ce défi.
A son issu, les journalistes concernés ont pris part à un followship de deux mois au cours duquel ils ont été invités à mettre à contribution ce qu’ils ont appris afin de créer des contenus efficaces qui permettent de contenir l’extrémisme violent.
Témoignages
Les dizaines de journalistes de la presse publique et privée qui ont pris part à cette journée de sensibilisation sont satisfaits des résultats.
C’est le cas de KIssima Diagana formateur et expert en communication qui estime que : « La modération est la meilleure des choses. » Pour lui : « L’extrémiste ne se définit pas lui-même comme extrémiste mais ce sont les autres qui le qualifient comme tel. Il a des idées dont il est convaincu. Le rôle du journaliste doit être guidé essentiellement par la déontologie. »
Abondant dans le même sens, Ely Cheikh du magazine « Majabat » estime que : « Les journalistes doivent faire très attention à l’usage des termes comme extrémiste. Le journaliste doit par contre contribuer à la construction de la paix. »
Et pour Minetou Mint Maaloum, étudiante en journalisme : « Le journaliste doit toujours être au dessus de la mêlée. » Et : « Il doit être alerte et cultivé et ne pas se laisser mener en bateau. » ajoute Mohamed Yahya.
Pour sa part Diallo Saydou spécialiste en Langues Nationales: « Tout conflit commence par l’injustice et c’est toujours l’Etat, le régime politique qui sécrète les extrémismes. »
Enfin pour El Hadj Abdallahi de la télévision nationale de Mauritanie : « L’initiative consistant à faire cette restitution est louable. C’est rare chez nous. Les journalistes assistent à beaucoup de formations mais n’en font pas profiter leurs collègues. »
Pour lui : « L’extrémisme violent est causé par l’exclusion. Les extrémistes sont dangereux. Ils trompent la jeunesse. Ils falsifient les textes coraniques et vendent des chimères aux jeunes en leur faisant croire qu’ils peuvent devenir des saints et entrer au paradis par la voie de la violence. Chez nous en Mauritanie on a besoin de vulgariser le journalisme de paix pour barrer le chemin aux extrémistes. »
Bakari Gueye