Le Palais des Congrès de Nouakchott abrite depuis ce matin un colloque sur le thème : « Faire de la lutte contre l’esclavage un combat commun et consensuel entre les Sociétés Civiles et les Gouvernements des pays du Sahel ».
Cet événement unique en son genre organisé par IRA Mauritanie se déroulera pendant deux jours sous le haut patronage du président de la République Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Il regroupe des ONG de la société civile nationale et internationale. Le colloque se tient en présence des représentants du gouvernement, des élus locaux et des représentants des organisations internationales des droits de l’homme accrédités en Mauritanie.
Dans un mot prononcé pour la circonstance, le président du mouvement IRA le député Birame Dah Abeid s’est félicité de la tenue de ce forum sous-régional qui dit-il regroupe des délégations venues des quatre coins du monde.
Ould Dah a rendu un hommage appuyé aux « valeureux officiers patriotes » victimes des événements du 16 Mars 1981 et qui se sont sacrifiés dit-il au service du pays. Il a cité le Colonel Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader, l’Emir Commandant Ahmed Salem Ould Sidi et les lieutenants Idrissa Niang et Mohamed Ould Doudou Seck. Et le député d’ajouter qu’à compter de ce jour, l’histoire du pays ne sera plus liée au sang. « Je tends mes deux mains à cette nouvelle ouverture démocratique avec des relations basées sur la tolérance, le pardon et la paix » a-t-il souligné.
A cette occasion Birame a adressé ses vies félicitations pour le peuple mauritanien et pour le Comité de la Paix du mouvement IRA. Il a rendu un hommage appuyé à la résistance et à la patience des militants de IRA. Hommage appuyé également au barreau national, à tous les avocats sans distinction d’appartenance politique pour leur soutien pendant les heures sombres. Il a cité au passage les avocats Brahim Ould Ebety, Cheikh Ould Hindi et d’autres. Remerciement appuyés aussi au président Ghazouani et aux membres de son équipe.
Le président du mouvement IRA a affirmé que la création de ce nouveau cadre de concertation sous-régional en partenariat avec les Etats est l’occasion d’expliquer que : Notre combat contre l’esclavage n’est pas dirigé contre l’Etat ou une communauté particulière. L’esclavage n’a pas de couleur. Il fait partie de l’histoire amère de nos pays. »
Birame a indiqué par ailleurs que la hiérarchisation de la société maure n’est pas hérité de leur origine Moyen Orientale mais bien de l’Afrique.
Et de poursuivre en disant que « l’esclavage est un phénomène mondial et la Mauritanie est pionnière dans la lutte contre ce fléau dans la sous-région. La Mauritanie a adopté un arsenal juridique unique considérant l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Elle a créée des tribunaux contre l’esclavage, un Mécanisme National de Prévention de la Torture, des avancées qui n’existent nulle part ailleurs dans les pas de la sous-région.
Mais pour le président du mouvement IRA, des efforts supplémentaires sont encore nécessaires et il préconise de profiter du climat de paix actuel pour combler les lacunes.
« J‘ai dit-il pris la parole dans tous les parlements du monde mais mon discours aujourd’hui dans cette salle aura plus d’échos chez les mauritaniens. Et c’est toujours le même discours que j’ai eu. »
Le député a magnifié la complicité entre les différents pouvoirs, législatif et exécutif avec la Société Civile mais a dénoncé l’inertie et la duplicité des juges.
Selon lui la justice doit être mise à niveau car note-t-il le comportement des juges est en porte-à-faux avec la disparition de l’esclavage et l’instauration de la paix sociale. De ce fait conclut-il sur ce point, les juges doivent appliquer la loi et se départir des mentalités contraires à la législation nationale. »
Le président du mouvement IRA a par ailleurs lancé des appels à l’adresse des pouvoirs législatif et exécutif pour le vote de la loi pour la protection des femmes et des filles, pour le règlement de la question foncière, le foncer rural notamment ainsi que la question du passif humanitaire qui doit-il être réglée directement avec les ayant droits sans l’intermédiaire des politiciens.
A son tour le représentant du Bureau des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en Mauritanie Mr Laurent Meillan a dans son mot salué les efforts déployés par le gouvernement mauritanien dans lutte contre l’esclavage. Il s’est aussi félicité de la collaboration entre le gouvernement et IRA Mauritanie. Il a noté que l’existence de cette plate forme sous-régionale permet de partager les expériences afin de mettre fin à l’esclavage. Il a enfin souligné que l’institution qu’il représente et le BIT accompagnent les acteurs dans cette lutte. Il a réitéré ses encouragements pour le gouvernement et la CNDH pour la mise en œuvre de la loi de 2015. Un rapport dans ce sens sera publié dans les tout prochains jours et une invitation a été adressée au Rapporteur Général de l’ONU qui devrait effectuer une visite en Mauritanie le 13 mai prochain.
Quant au Secrétaire Général Exécutif du Réseau G5 contre l’esclavage, Mr Ali Bouzou il a exprimé sa reconnaissance pour l’implication personnelle du président Ghazouani pour le parrainage du forum. Il s’est félicité des pas franchis par la Mauritanie dans la lutte contre l’esclavage.
Dans son discours pour l’ouverture officielle des travaux du colloque le commissaire aux Droits de l’Homme et à l’Action humanitaire, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, a mis en exergue la volonté politique sincère des hautes autorités du pays et de leur détermination à privilégier la concertation, le dialogue ainsi que le refus de toute exclusion, soulignant que la lutte contre l’esclavage et ses séquelles constitue une priorité constante et irréversible pour le gouvernement.
Le Commissaire a rappelé le bilan jugé nettement positif des actions du gouvernement destinées à enrayer le phénomène.
Notons enfin que l’organisation de ce colloque, une chose impensable il y a peu est la preuve qu’une nouvelle page est ouverte dans le cadre du renforcement de l’approche de l’ouverture tous-azimuts et de la décrispation de la scène politique suivie par le pouvoir du président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Bakari Gueye