La dernière affaire d’esclavage à Ain Farba dans le Hodh Occidental qui a défrayé la chronique a fait l’objet d’un décryptage de la part du leader anti-esclavagiste, député et président du mouvement IRA Birame Dah Abeid qui a tenu hier après-midi une conférence de presse au siège du parti Sawab à Nouakchott.
Dans son intervention devant les journalistes l’homme, comme à son habitude ne s’est pas soucié des formes diplomatiques et n’y est pas allé de main morte pour fustiger l’attitude de l’opinion nationale face à ce qu’il a qualifié de crime abject.
Il a mis dos à dos les blocs politiques, de la majorité comme de l’opposition, la presse, les réseaux sociaux et le commun des mortels, tout ce beau monde qui à ses yeux a été complice en ce sens que personne mis à part les militants du mouvement abolitionniste n’a pipé mot pour dénoncer ce cas jugé flagrant d’esclavage.
Et au passage le président du mouvement IRA n’a pas ménagé l’opposition à qui affirme-t-il il n’a jamais fait confiance.
Et paradoxalement, seul l’Etat et l’appareil judiciaire sont sortis vainqueurs aux yeux de Birame et ont plus ou moins tiré leur épingle du jeu.
Revenant sur la genèse de ce cas d’esclavage le député a affirmé que l’enquête se poursuit et certains auteurs sont toujours en liberté. Il a cité Néma Ould Chehlawi et Idoumha Mint Chehlawi.
Il a dénoncé au passage les pressions sur les victimes exercées par le Commandant de Brigade de Ain Farba le sieur Bâ Oumar, son adjoint Mohamed Mahmoud ainsi que le maire et le hakem de Tintane.
Ils sont accusés de non assistance à personnes en danger malgré la clarté de la loi.
C’est suite à ce refus dit Birame que la principale victime nous a contactés. Une délégation a été alors dépêchée sur les lieux et n’a reçu aucun soutien de quelque bord que ce soit.
« Ces gens veulent parler seulement d’argent, de politique, de loi des symboles de l’Etat mais pas des vrais problèmes de la Mauritanie ; des problèmes qui influent sur l’unité nationale et sur l’image du pays au niveau international. » a-t-il estimé.
Et d’ajouter que : « Seuls l’Etat à travers le parquet et la chambre d’accusation de la Cour d’Appel d’Aioun ont répondu à notre appel et nous les en remercions. »
Pour Birame cette affaire est une occasion pour couper court aux supputations selon lesquelles il a rejoint Ghazouani avec armes et bagages. « Nous on ne parle que si c’est nécessaire. Nos positions ne sont pas à monnayer. On n’est pas de ceux qui ne cherchent que leurs intérêts personnels. Pour moi tout est négociable sauf deux choses : la lutte contre l’esclavage et le droit de jouir d’un cadre d’organisation légal. Tout le reste ne me pose pas de problème surtout dans ce contexte de main tendue et de pacification des rapports avec le pouvoir. »
Notons que Marième Mint Cheybani par qui l’affaire a été portée devant la justice et l’opinion était aux côtés de Birame avec ses enfants en bas âge et son mari au cours de cette conférence de presse.
L’une de ses filles était exploitée ici même à Nouakchott par Selemha Mint Sehlawi. Et c’est la preuve dit Birame qu’à Nouakchott même l’esclavage existe.
Pour lui les filles de Marième ne sont pas encore libres donc l’Etat note-t-i doit bouger pour donner la liberté totale à cette famille de Ain Farba.
« Dans cette affaire fait observer le président du mouvement IRA, on est parti seuls et on a eu comme alliés l’Etat et la justece. Nous saluons ce début de remise de leurs droits aux victimes d’esclavage. »
Birame s’est aussi félicité signée par 3 ministres de souveraineté adressée aux Procureurs Généraux auprès des Cours d’Appels, Procureurs Généraux auprès des tribunaux, aux Procureurs Généraux régionaux et aux officiers de police judiciaire qui sont invités à assister les victimes d’esclavage ; de faire un rapport mensuel sur les crimes d’esclavage ; de faire le point sur les enquêtes en cours…
Le député s’est aussi félicité de l’imminence de la promulgation du décret d’application de la loi sur les associations.
Birame a enfin lancé un appel au Commissariat aux Droits de l’Homme et à l’agence Taazour pour la prise en charge de Marième et de ses 5 enfants.
Bakari Guèye