Dans un discours audio diffusé ces dernières 24 heures à partir de l’étranger à travers les plates formes numériques, le député et président du mouvement IRA, Birame Dah Abeid exprime certaines inquiétudes au sujet du dialogue en vue et du Projet de loi tant contesté portant protection des symboles nationaux.
« La réussite de ce dialogue constituera un début de rupture »
Il met en garde le président de la République contre les manœuvres de la vieille garde qui n’a d’autres objectifs que la préservation des privilèges et du statu quo ante.
Il félicite les mauritaniens pour le lancement des préparatifs du dialogue. « La réussite de ce dialogue constituera un début de rupture avec l’époque des crises, de la violence de la gabegie qui a duré des décennies.
Mais cette concertation fait face à de grands défis qu’il va falloir surmonter.
« L’ambition des groupes influents au sein du pouvoir c’est de maintenir le climat de délation et de peur »
Le premier défi, le plus important et le plus dangereux c’est celui qui vient de la profondeur du pouvoir avec des groupes et des éléments de poids qui s’opposent à ce dialogue.
Il s’agit des cercles de certaines élites politiques, de la mafia de la gabegie, de l’élite aristocratique qui profitent des régimes autoritaires depuis 1978.
Pour ces groupes au service de l’Etat l’ambition c’est toujours de maintenir le statut quo, maintenir la tension ambiante, le climat de délation et de peur.
Cette mafia diabolique veut continuer à faire main basse sur les ressources du pays.
« L’activation des rapports de renseignements contre les partenaires honnêtes et crédibles »
Le pouvoir qui a cautionné l’initiative de cette concertation doit se baser sur les conseillers honnêtes du président de la République et ses proches dans le cercle familial qui doivent l’aider à atteindre son noble objectif.
Et parmi les défis actuels il y a ce début d’activation des rapports de renseignements contre les partenaires honnêtes et crédibles pour cette opération de changement.
Il y a aussi cette phagocytassion de l’opposition avec ses positions divergentes, improvisées et superficielles et son manque de vision.
Toutes ces faiblesses sont exploitées par les partisans du régime qui sont contre le dialogue.
« Des tentatives pour faire capoter le dialogue »
Il y a le problème des arrestations à grande échelle à Rkiz, les arrestations qui se poursuivent dans d’autres milieux au niveau du département de Tékane, de l’arrondissement de Lexeiba, des arrestations qui sont en cours.
Il y a aussi d’autres tentatives visant à créer des zones de tension ça et là. Tout cela n’augure de rien de bon et risque de faire capoter le dialogue.
« Des zones d’ombre au niveau du Projet de loi portant protection des symboles nationaux »
Il y a aussi note Birame ce Projet de loi portant protection des symboles nationaux dont le contenu laisse à désirer et nous avons déjà tiré la sonnette d’alarme à ce sujet nous allons continuer à le faire.
Et dans ce cadre nous rendons hommage aux députés de la majorité qui ont accepté de débattre de ce projet et n’ont pas voulu donner carte blanche pour un vote de leur majorité automatique.
En effet il y a toujours des zones d’ombre au niveau de ce projet de loi. Il y a toujours dangers cachés derrière certaines expressions.
Nous avons dans ce cadre assisté au boycott des députés de l’opposition et nous les soutenons et les félicitons pour cette position. Mais nous leur demandons de poursuivre les discussions avec les députés de la majorité et nous demandons au président de l’Assemblée Nationale et à tous les députés de tout bord d’accorder un nouveau délai pour les concertations.
Car il n’est pas de notre intérêt à tous que ce projet de loi passe dans ce contexte du dialogue en vue va influer négativement sur le processus. Comme ce sera le cas pour les événements de Rkiz et pour d’autres affaires en cours de fabrication.
Tout cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le dialogue qui risquerait de prendre u mauvais départ, un départ qui serait un frein.
« Nécessité de revoir certaines expressions floues du projet de loi »
De ce fait moi Birame Dah Abeid je demande à tous les blocs politiques, au président de la République, au Chef du gouvernement, au ministre de la justice, de nous aider. Cet appel je l’adresse aussi au président de l’Assemblée Nationale et à mes collègues députés Jemal Ould Y édali, Dane Ould Othmane et Mohamed Ould Amar avec qui j’ai discuté de cette question.
Je ne suis pas dans le pays présentement mais je leur demande de nous aider. Nos collègues de l’opposition aussi doivent nous aider.
Et la réunion qui aura lieu demain devrait déboucher sur autre chose de différent.
Et personnellement je voudrais qu’on revoit certaines expressions qui sont floues et sont sujettes à toutes les interprétations. Ces expressions ne doivent pas constituer une épée de Damoclès sur la liberté d’expression en Mauritanie.
Je suis d’accord avec les auteurs du projet de loi et même avant eux pour dire que la diffamation, les attaques contre la vie privée des personnes, les atteintes à la réputation et à l’honneur des personnes, tout cela est devenu la spécialité des blogueurs et de la plupart des journalistes de la presse mauritanienne. Mais il existe des lois prohibitives qu’on pourrait activer sans faire recours à ce projet de loi qui lui aussi pourrait être approuvé s’il est revu convenablement.
Mais il ne doit en aucun cas toucher aux acquis de la liberté d’expression et nous ramener en arrière.
Les expressions telles que : l’atteinte au prestige de l’Etat, à la préservation de l’unité nationale, à l’impact sur l’unité du peuple, aux constantes de la société, à la diffusion de la haine entre les communautés, à la sécurité nationale, à la paix sociale, à la cohésion sociale, à l’atteinte aux fondements sacrés de l’islam, l’incitation à la violence, au moral des forces armées et l’atteinte à leur fidélité à l’Etat…Toutes ces expressions peuvent être interprétés différemment et utilisés pour des règlements de compte.
Donc on n’est pas d’accord sur toutes ces définitions qui sont vagues. Et chacun a sa propre compréhension et nous le savons tous.
Cette situation doit être évitée par l’Etat et par l’Assemblée Nationale avec tous ses députés de la majorité et de l’opposition.
Et tous ceux qui soutiennent l’approche du président de la République doivent éviter de tomber dans ce piège. Cela n’est pas dans l’intérêt du président de la République et risque d’influer sur le processus qu’il a enclenché avec cette ouverture, cette unité et sur le bon usage de l’appareil sécuritaire.
Donc le fait de faire passer cette loi signifierait tout simplement le retour à la case départ.
Transcription et traduction
Bakari Gueye