Le directeur de l’Agence belge de développement (Enabel) effectue une visite de travail en Mauritanie.
Cette visite a débuté le 27 septembre et prendra fin le 30 du même mois.
Après l’audience que lui a accordée mardi le ministre de la santé Jean Van Wetter a effectué ce mercredi deux visites de terrain au niveau des deux centres pilotes de Dar Naim (Dar Naim et Slam Diam. Ces deux centres sont couverts par le projet AI-PASS (Appui Institutionnel au Programme d’Appui au Secteur Santé) financé par l’Union européenne et l’Agence Française de développement (AFD) et dont Enabel est chargée de la mise en œuvre d’un partenariat avec le ministère de la Santé.
Au cours de cette visite qui a débuté par le centre de santé de Dar Naim le directeur d’Enabel était accompagné d’une importante délégation composée de MM. Jean Marc DEWERPE Alvaro, Premier Conseiller Chef coopération UE, le directeur pays d’Enabel et de la représentante d’Enabel au Maroc. On notait également la représentante du projet, le médecin chef du centre de Dar Naim accompagné de Amadou Kane médecin et assistant technique national représentant Enabel au niveau de cette structure sanitaire.
Au niveau du centre Diam Slam la délégation a été accueillie par M. BA Abdoulaye Samba Président de l’ONG APSDN qui gère le centre et Mme Aissata Responsable des structures de santé.
Au cours de la première escale une discussion à bâtons rompus s’est engagée dans la cour du centre dès l’arrivée de la délégation. Les visiteurs ont été édifiés par le médecin chef de la Moughataa sur le centre dont il a fait une description exhaustive.
Il comprend un bureau pour les consultations une unité pour les tuberculeux, une maternité, un service labo, une salle d’échographie et une unité pour la vaccination contre la Covid. L’équipement n’est pas fameux mais assure le médecin un important équipement labo et radio est prévu par le projet.
Il a aussi parlé de la reconstruction et l’extension prévue mais qui tarde encore pour des raisons procédurales.
Cela ne saurait tarder car la responsable du projet a au cours de la discussion apporté la bonne nouvelle en affirmant que l’appel d’offres devrait être lancé aujourd’hui. En effet la construction du centre est programmée dans le premier volet qui concerne les 5 centres sur 10 prévus dans le cadre du projet AI-PASS.
Le centre de Dar Naim assure la couverture pour 30000 habitants. Il dispose d’une trentaine d’employés, des paramédicaux en plus de 2 médecins.
Entre le curatif et le préventif le centre assure en moyenne près de 200 prestations par jour.
Concernant la vaccination Covid le médecin a parlé de 3 campagnes qui ont été organisées.
Les outils des registres pour les médicaments existent déjà dans le centre et le projet de digitalisation au niveau des pharmacies est en cours.
A ce sujet, la représentante du projet a noté qu’il y a 5 ou 6 structures qui s’occupent de la création des logiciels et de la maintenance informatique.
Rebondissant sur les propos du médecin, le directeur d’Enabel a rappelé que l’agence est présente en Mauritanie depuis 4 ans. Elle intervient dans les domaines de la santé et de l’agriculture. « Il est essentiel pour moi de se rendre sur place poursuit-il et de voir comment contribuer à la couverture assurance universelle. Nous avons rencontré hier le Ministre de la santé. J’apprécie le partenariat avec la Mauritanie. »
L’assistant technique Kane note de son côté : « J’apporte un appui. Je travaille en binôme avec le médecin chef pour le renforcer dans la démarche recherche/action afin de renforcer le système de santé. On envoie au ministère de la santé des ajustements sur le plan opérationnel. On l’informe sur ce qui marche et ce qui ne marche pas.»
Après ce briefing, la délégation a visité tous les compartiments du centre : la pharmacie, la salle de la tuberculose, la maternité, l’unité Covid.
La délégation a eu droit à une présentation du médecin chef, cette fois-ci dans son bureau. Il a exprimé son honneur de recevoir cette délégation de haut rang. Il a présenté la moughataa et le programme de recherche/action initié en 2017.
Le département de Dar Naim est de création récente, dans les années 1990. Il compte 192000 habitants, pour la majorité des populations à faible revenu. Il dispose de 10 structures de santé dont 8 sont tenues par des ONG. Il y a aussi l’hôpital régional Cheikh Zayed.
Le centre de santé avait été sélectionné par le projet AI-PASS avec celui de Bababé dans le Sud du pays. Il y a un assistant technique national et 2 assistants techniques de l’INI.
Le médecin a affirmé avoir bénéficié d’une bourse d’un mois à Anvers qui lui a permis de renforcer ses capacités. Il a ajouté que le projet a connu des avancées notoires.
Il y a une équipe cadre de 7 personnes plus le médecin chef. Chaque membre dispose d’une fiche et d’un plan de développement individuel.
Les réunions sont mensuelles en plus d’une supervision trimestrielle de l’ensemble des structures de santé. Il y a aussi des formations diverses dans le cadre du projet.
Le médecin a cité d’autres réalisations tels que le réaménagement du cadre en attendant la reconstruction, la réhabilitation de l’incinérateur de déchets, la formation continue…
Le projet a également apporté un appui Covid. Par ailleurs c’est la seule moughataa qui a bénéficié d’une formation en PCI.
Abordant les défis et les perspectives a cité la pandémie en cours qui a perturbé le programme ; la non implication de la communauté ; la problématique de la motivation du personnel et l’absence de logistique roulante (véhicule, ambulance).
Pour les perspectives il a soutenu que la pandémie est une opportunité qui a permis au ministère de la santé d’améliorer beaucoup de choses. Il a parlé aussi de la perspective d’impliquer les DRASS.
Au niveau du centre Diam Slam, la délégation conduite par le directeur d’Enabel a été accueillie par M. BA Abdoulaye Samba Président de l’ONG APSDN lequel est entré tout de suite dans le vif du sujet en faisant une présentation power point dans laquelle il a retracé l’histoire du centre dont la création remonte à 1989.
Le projet santé Dar Naim dit-il avait été piloté par CARITAS qui a créé des centres distants de 3Km les uns des autres.
L’appui technique et financier belge est intervenu en 1998 poursuit M. Bâ.
En 2009 une mutuelle a été créée. Ce fut la première en Mauritanie. En 2013 un fond d’équité a été mis sur place et malgré la faiblesse des moyens il prenait en charge les plus faibles. Ce fond est appuyé par l’UNICEF. En 2014 intervient l’autonomisation. Et c’est en 2019 que le centre a intégré le programme AI-PASS et la collaboration avec 3 acteurs belges à savoir Enabel, IMT et Memisa.
Selon M. Bâ le projet offre des soins à la moitié de la population de Dar Naim, des soins de qualité grâce dit-il à la formation continue.
Il existe aussi une convention de partenariat avec l’hôpital Cheikh Zayed. Des visites à domicile sont organisées afin de mieux connaître les problèmes des populations.
L’assurance maladie volontaire qui sera mise en place par AI-PASS est une bonne chose souligne-t-il.
Le partenariat avec le ministère de la santé qui date de 2014 est renouvelé tous les 2 ans. Il permet la formation du personnel et la prise en charge de l’eau et de l’électricité entre autres.
Pour M. Bâ, AI-PASS a un double ancrage au niveau central et au niveau opérationnel et il a loué au passage un bon exemple de collaboration avec les 3 acteurs belges.
A la fin de cet exposé la délégation a visité l’ensemble des unités du centre y compris la pharmacie qui a attiré l’attention du fait du manque cruel de médicaments et notamment ceux destinés aux hypertendus et les sirops pour enfants.
« L’objectif principal de l’AI-PASS est de contribuer à la réduction de la pauvreté en Mauritanie en donnant aux individus les moyens de vivre une vie saine et en promouvant le bien-être de tous à tout âge. »
La seconde phase du projet (PASS-ECMU) dont le financement s’élève à 6 millions d’euros est prévue pour le début de l’année 2022.
Notons enfin qu’en dehors du domaine sanitaire Enabel intervient aussi dans les domaines de la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable. Ainsi le projet RIMRAP engagé en 2016 avait pour objectif de renforcer les investissements productifs et l’accès à l’énergie renouvelable. Il est suivi par le RIMDIR.
En 2020 a été lancé le RIMFIL. L’objectif global de toutes ces interventions financées par l’Union Européenne « est de renforcer la résilience des populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en Mauritanie. L’objectif spécifique est d’améliorer durablement et équitablement l’accès aux services et infrastructures productives et énergétiques des populations les plus vulnérables. »
Ces projets qui ont mobilisé un investissement total de 42.150.000 Euros ont profité essentiellement aux Wilayas de l’Assaba, du Guidimakha, du Hodh el Chargui et du Hodh el Gharbi.
Bakari Gueye