« Celui qui crie le plus fort n’a pas forcément le plus de bon sens, et une grande foule agitée n’est pas forcément la mieux à même de décider de ce qu’il faut faire » Desmond TUTU
Le développement procède avant tout d’un état d’esprit susceptible d’impulser des actions réfléchies, concertées et orientées. Axelle KABOU, dans son célèbre ouvrage, « Et si l’Afrique refusait le développement », nous explique que le développement matériel du continent passe d’abord par un assainissement des mentalités. C’est dire que le développement socioéconomique d’un pays repose essentiellement sur l’état d’esprit de son peuple. Ce principe constitue certes, un premier pas important mais pour un véritable décollage, il faut aussi un leadership de qualité et une vision claire. Sur ce plan, les exemples ne finissent pas. Japon, Chine, Corée… pour ne citer que ceux-là, ces pays étaient répertoriés dans le groupe du tiers-monde dans un passé encore récent. Aujourd’hui, ces pays sont devenus des puissances économiques. Encore plus près de nous, le décollage économique de pays, comme le Rwanda, l’Ethiopie, l’Erythrée et le Maroc force le respect. Grâce à un leadership et une vision claire, ces pays sont en train d’inverser la tendance en Afrique. Longtemps considéré comme le continent maudit, de tous les maux (famines, guerres etc.…). D’autres pays ont aussi rompu ce fatalisme et se sont hissés sur la voie du développement et de l’émergence. Mais quand en est-il pour notre pays ? Après 60 ans d’indépendance ?
Toujours classé parmi les pays les plus pauvres et très endettés, la Mauritanie s’enfonce de plus en plus dans une pauvreté endémique et les inégalités continuent de se creuser. Malgré une volonté politique des différents régimes d’inverser la tendance en mettant en place des plans à coût de milliards. Mais soixante ans après, le constat est amer : un pays qui tourne en rond, incapable de se développer. En réalité, le mal est beaucoup plus profond. C’est pourquoi, il faut aller au-delà des symptômes et interroger les vraies sources de cette absence de mouvement ne serait-ce que vers une esquisse de développement.
Nos pères fondateurs nous ont légué un état reposant sur le particularisme régional, ethnique et tribal. Cet héritage est à l’origine du délitement de notre tissu social, la rupture de notre lien idéologique. Aujourd’hui, le débat public est devenu hystérique, on se parle mais on ne s’entend pas. Il semblerait que nous soyons frappés d’une amnésie collective au point de laisser prospérer une idéologie qui prône la désunion et la culture de l’intolérance. Certains politiciens pyromanes surfent sur les replis identitaires et voguent au gré de leurs intérêts du moment. Ils excellent dans l’art de l’indignation sélective et s’érigent en portes étendard d’un combat médiocre dénué de toute noblesse. Avec une stratégie bien huilée qui consiste à mettre les mauritaniens dans des cages pour mieux souffler sur les braises de la division. Le moment est venu, nous semble-t-il, de sortir de cet obscurantisme. Surtout dans un pays comme le nôtre, où nous sommes un peuple de sang mêlé. Il est venu, le moment de magnifier nos valeurs de nous parler sans complexe, pour bâtir ensemble une nation.
C’est pourquoi, les intellectuels, les leaders d’opinions et toutes les forces vives de ce pays doivent se lever comme un seul homme pour dissiper les malentendus et les calculs politiques qui minent notre vivre-ensemble. Pour ce faire il faut d’abord bâtir les bases d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même, résolument tournée vers l’avenir, avec un leadership fort basé sur la responsabilité individuelle et collective.
En ce moment, le débat est très agité sur l’urgence de tenir un dialogue national. Au-delà de la querelle sémantique entre dialogue et concertation, le décalage est troublant entre les priorités de notre élite politique et les réelles aspirations du peuple. Pendant que les prix des denrées de premières nécessités grimpent et que le mauritanien lambda n’arrive plus à joindre les deux bouts, on nous divertis entre dialogue et concertation …Qui dialogue avec qui ? Pourtant, il ne semble pas que le dialogue soit rompu entre le pouvoir et les chefs des partis de l’opposition ?
Dans ces conditions, il est légitime de pouvoir se demander le vrai sens que l’on veut bien donner à ce dialogue, et le résultat qu’on pourrait en espérer ? Tout cela a un air de déjà-vu. Nous ne voulons plus de cette veille recette entre pouvoir et opposition basées sur les coteries et les fausses querelles.
Aussi, pour poser les vraies bases d’un véritable dialogue sans complaisance, il faudrait d’abord favoriser l’émergence d’une véritable conscience citoyenne. C’est-à-dire avoir des citoyens conscients des enjeux, loin de toute considération basée sur l’ethnie, la tribu ou le régionalisme. En d’autres termes, arriver à rompre avec les démons de la division qui ont portés un coup fatal à notre volonté de vivre ensemble.
De ce fait, nous devons revenir aux principes les plus élémentaires du vivre ensemble qui sont, le respect et la considération de l’autre. Au demeurant, développer en chaque mauritanien le sentiment d’appartenance à un seul état et à un seul peuple : « le Peuple Mauritanien ».
Parallèlement, les mauritaniens ont besoin d’un nouveau projet politique, d’un nouveau pacte républicain au travers d’une nouvelle offre politique nécessaire au remplacement de certaines valeurs politiques, devenues inefficaces et inadaptées au contexte actuel.
A cet effet, Il devient urgent de mettre fin à cette situation de suspicion et de méfiance qui mène la société au chaos. Par conséquent, le temps est venu de rompre avec cette fatalité la pauvreté inter-sociétale.
Nous comptons sur cette jeunesse engagée bien outillée et qui a un réel potentiel de changer le paradigme, pour répondre aux défis de notre pays et qui mettra, la citoyenneté au cœur de son action politique.
Par ailleurs, Il y a dans la marche d’une nation des moments cruciaux où, se levant comme un seul homme des citoyens de bonne volonté, payent de leur engagement total et entier, les sacrifices nécessaires pour le bonheur de la communauté. Ces derniers sont pour chaque mauritanien individuellement un devoir. Cependant, pour la jeunesse actuelle, il s’agit d’une opportunité et un défi, dans la mesure où la force de la jeunesse est un atout incomparable. … Voilà pourquoi une bonne lecture des enjeux nous impose une certaine lucidité. Notre jeunesse, notre nation tout-entière ne tirera son épingle du jeu que si elle réussit à inscrire sa trajectoire et ses actions dans un cadre citoyen.
Nous parlons bien de citoyenneté et ce n’est pas un vain mot. Ce que nous voulons, espérons et souhaitons c’est d’arriver à un niveau de conscience, où pour chaque mauritanien la nation et le bien-être du peuple soient une priorité. En somme, Voilà la clé de voute qui nous conduira vers les sommets de nos rêves.
Mansour LY