Les rideaux sont tombés sur les journées d’échanges et de débats organisées par la coordination du mouvement IRA et du parti RAG à l’intention des cadres et militants qui avaient la lourde tâche d’évaluer la relation apaisée avec le pouvoir de Ghazouani au cours des deux années écoulées.
La dernière journée qui s’est déroulée cet-après midi à Arafat a permis aux militants de Nouakchott Sud d’évaluer ce compagnonnage.
Après avoir planté le décor le chargé de Communication du mouvement IRA a au nom du président Birame Dah Abeid invité les intervenants à répondre à la question posée. Le mariage de raison entre IRA/RAG et le pouvoir a-t-il porté ses fruits ? Doit-il se poursuivre ? Ou bien faut-il jeter les amarres et quitter le navire ?
Les différents intervenants ont tous salué cet apaisement qui a ses avantages mais aussi ses inconvénients.
D’abord les avantages qui se résument comme suit : Une liberté complète pour mener les activités, le règlement de certains dossiers (fonciers, Droits Humains et autres), l’ouverture des portes de l’administration devant le président Birame considéré dorénavant comme un Robins des Bois. Ainsi les bénéfices de l’apaisement sont tout à fait remarquables et cela doit continuer note Dah Ould Boushab car dit-il, l’histoire nous a montré le danger de la violence. Et conclut-il, « Nous ne sommes plus prêts à nous battre pour les autres. »
Du côté sombre du tableau, les militants ont tous demandé en chœur des récépissés pour IRA et le RAG. L’attitude du pouvoir à cet égard a été jugée scandaleuse et certains n’ont pas hésité à fixer un ultimatum pour le gouvernement (d’ici la fin de l’année) pour signer ces récépissés.
Sur les questions de l’enrôlement, de l’esclavage, de la justice, des inégalités, de la détérioration des conditions de vie des citoyens, le diagnostic a été sans appel t les militants ont dénoncé le statu quo.
Certains ne comprennent pas pourquoi ce rapprochement jugé inconditionnel avec le pouvoir et semblent flairer le piège. C’est le cas de Amadou Idriss Dieng qui estime que l’objectif du pouvoir c’est de décrédibiliser Birame.
Mais toutes ces inquiétudes ne sont pas unanimement partagés par certains militants comme Hadj Ould El Id qui affirme : « Par principe, nous n’avons pas confiance aux militaires mais nous sommes pour l’apaisement et nous avons confiance à Birame qui ne nous a jamais déçu. »
Et Mohamed Ould Sidi de corroborer les propos de son ami en ajoutant que : « Le président de la République n’a pas besoin de l’opposition. C’est elle qui a besoin de lui. Birame fait ce qu’il faut pour l’intérêt de la Mauritanie et c’est Ghazouani qui n’a pas respecté ses engagements. »
Dans son mot de clôture le président Birame Dah Abeid a remercié ses troupes pour leur esprit d’ouverture, leur volonté de dialogue et pour l’amour qu’ils vouent à leurs organisations. Il a souhaité que les mauritaniens bénéficient de ce climat de liberté et de démocratie mis en exergue par les militants de IRA et du parti RAG.
Le député a aussi adressé une menace à peine voilée pour tous les proches de Ghazouni qui selon lui œuvrent et rêvent de faire capoter la lune de miel, l’apaisement avec IRA.
Ils les invitent à ne pas chercher à ramener la confrontation en jetant de l’huile sur le feu. Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses. Cet avis est adressé aux : « Chats gras et à cette mafia de gabégistes qui profitent de la haute administration. Ils ne peuvent pas se dresser contre la soif de liberté des militants de IRA. »
« Ils veulent barrer la route devant les militants de IRA afin de les empêcher de profiter des opportunités offertes par le pays. » Ces gens doivent laisser Ghazouani faire la paix avec les mauritaniens, ils doivent cesser de mettre des chausse-trapes devant IRA et le RAG, a-t-il souligné. Et de les avertir que IRA sait comment sortir des guet-apens comme elle a déjà eu à le prouver.
Et pour arriver à leur fin note le député, ils s’adonnent à toutes les bassesses (désinformation, espionnage, etc)
Et Birame de conclure en laissant entendre que sa patience a des limites : « Je veux leur dire que je finirai par leur dire la vérité. Moi, je n’évolue pas dans le mensonge. Je suis au courant de l’espionnage des grands responsables de l’Etat. Je les conseille d’arrêter. »
A noter enfin que ces journées se poursuivront à l’intérieur du pays, dans les villes et les zones rurales.
Bakari Guèye