Qu’est-ce que la visite du président Ghazouani a-t-elle de « spécial » comme le souligne l’agence de presse officielle?
Ce qui retient le plus l’attention c’est qu’elle intervient dans un contexte national agité et quelques heures seulement après la sortie de l’ex président sur la chaine France 24 dont la ligne éditoriale est fortement influencée par l’Elysée comme d’ailleurs celle de RFI qui fut la première à obtenir la confirmation de son arrestation.
France 24, RFI deux bras armés de l’information, deux instruments redoutables que la France utilise souvent pour mener sa politique africaine et mettre dans le pétrin les régimes du continent dont la plupart continuent à être pilotés à distance depuis Paris.
Curieusement la première question posée à Aziz par Marc Perelman portait non pas sur ses démêlés avec la justice mais sur la situation sécuritaire au Sahel.
C’est dire que le sort de Aziz compte peu comparativement à la situation au Sahel avec la montée en puissance des groupes djihadistes qui ont contraint la France à revoir son dispositif avec notamment beaucoup moins d’engagement de la part de Barkhane. Cette situation délicate est aggravée par la disparition du maréchal Déby et la perspective de l’effritement du verrou Tchadien.
La Mauritanie demeure l’un des maillons forts du G5, une stratégie mauritanienne pilotée justement par Aziz, qui a eu de bons résultats et que Ghazouani est appelé à maintenir et à améliorer.
Cette question serait peut-être la raison du déplacement en catimini du président à Paris surtout dans un contexte inquiétant pour la sécurité dans la région.
La France voudrait toujours compter sur la Mauritanie, une Mauritanie forte qui saura dépasser la crise actuelle. Il ne serait donc pas étonnant qu’une médiation de la France puisse permettre d’accorder les violons entre les deux amis d’hier et l’affaire Aziz serait ainsi sacrifiée sur l’autel de l’urgence sécuritaire au Sahel.
Bakari Guèye