Contribution : L’indifférence et l’insouciance tuent sur les routes en Mauritanie

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il importe de rappeler aux autorités mauritaniennes leur responsabilité première est celle de la protection des citoyens. Contrairement à leurs menaces contre les journalistes et blogueurs qui pointent du doigt leurs manquements par rapport aux besoins vitaux du pays, leur méthode stalinienne consiste à intimider et à assigner les citoyens au silence, à la soumission et à l’obéissance à des comportements scélérats au lieu de se conformer aux normes et aux standards internationaux pour sécuriser et secourir les citoyens en dangers sur les routes, face aux incendies et aux intempéries de la nature. En Mauritanie en cas d’accident, de catastrophe naturelle tout se résumerait dans l’improvisation et dans l’amateurisme, alors que la prévention, la formation et la mise en place des moyens suffisants et adéquats accompagnés d’un personnel bien formé devraient être les premiers gages d’une vraie sécurité routière.

Sur le plan de la sécurité routière, les statistiques montrent que la Mauritanie est loin d’être un exemple d’excellence. Selon le dernier rapport de l’organisation mondiale de la santé (OMS) sur la situation mondiale de la sécurité routière, le taux de mortalité lié aux accidents de la route en Mauritanie s’établit à 25,6 décès pour 100 000 habitants.

 

Quelles sont les causes de ce carnage sur nos routes ?

Faut-il évoquer la nullité et l’inadéquation du système des assurances, qui, malheureusement, relevait d’une vraie arnaque des automobilistes et des citoyens ordinaires au profit des courtiers sans scrupules souvent soutenus et encouragés par des hauts fonctionnaires de l’Etat enclins de se partager le butin de la rançon. Comment peut-on garantir, la sécurité routière et l’intérêt des citoyens si les gestionnaires de l’État constituent les vrais fossoyeurs de nos tombes par la mauvaise gouvernance, l’indifférence, les rançons et l’insouciance qui conduisent à des drames sur toutes les routes en Mauritanie. Je ne pourrai rentrer dans l’état calamiteux des routes, sur leurs manques d’entretiens, de personnel non qualifié et d’infrastructures dont les feux tricolores, sans oublier le lot de fraude à la remise des permis de conduire à de potentiels tueurs ambulants contre quelques Ouguiya qui ne pourront jamais ramener nos morts.

Force est de constater qu’il n’est pas rare de voir, à Nouakchott, la corruption permettre à certains contrevenants de se tirer d’affaire avec un simple « pot-de-vin » et à d’autres de se procurer un permis de conduire en soudoyant les institutions, parfois sans jamais avoir pris la moindre leçon de conduite. Et comme si ces transgressions graves ne suffisaient pas, les agents du groupement général de la sécurité routière (GGSR) et ceux de la police nationale, se livrent à une guéguerre honteuse ; deux institutions policières qui se disputent la légitimité des contrôles routiers, d’où l’intensification de la corruption et le désarroi des automobilistes souvent contraints de mettre la main à la poche à certains postes de contrôle routier sur les grands axes.

Dans un État de droit, la sécurité des citoyens doit être une priorité et des moyens colossaux doivent être alloués à celle-ci au lieu que nos services de renseignements et de sécurité s’adonnent à coups de millions à traquer les voix dissidentes ou à corrompre  pour pérenniser un pouvoir autocratique, le pays en sortirait grandi si la vie des citoyens n’est pas en danger face aux accidents, aux incidents et aux catastrophes naturelles liées au climat et à notre environnement dont les dégradations restent galopantes, un autre sujet d’irresponsabilité d’actualité.

Le pouvoir exécutif semble être dépassé, et tous les domaines de la vie courante en Mauritanie sont naturellement des chantiers à bâtir, à rénover, à améliorer et à promouvoir. L’éducation, la santé, le civisme, la rigueur de l’État pour accompagner les règles liées à la sécurité routière seront un minimum de garantie et de respect pour ne point endeuiller au jour le jour de nombreuses familles dont aucune assurance ne viendra compenser les douleurs et souffrances du fait d’un système vil, désuet, voire corrompu qui n’assume rien pour les victimes et ayant droits.

Il est temps pour nos experts de trouver une solution et de combler le vide de la politique de sécurité routière dans notre pays en commençant par :

  • L’état des routes et de leurs entretiens ;
  • Une volonté ferme et dépourvue de toute ambiguïté des autorités et les forces de sécurité à faire appliquer la législation routière ;
  • La mise en place d’infrastructure de contrôles dont les feux, les radars etc… ;
  • Personnel qualifié et bien formé pour ses contrôles de route ;
  • Créer une direction de secours aux accidents des routes avec des moyens d’intervention rapide et efficace ;
  • Rendre obligatoire, le diplôme de secourisme à tous, dès le Lycée ;
  • Punir par loi de non-assistance en danger de tout secouriste qui abandonnerait une victime sur nos routes ;
  • Une campagne nationale de sensibilisation et de formation des citoyens, car bon nombre de comportements irresponsables peuvent être affectés à une ignorance des règles de circulation ;
  • Un grand hôpital de grands accidentés, et de grands brûlés, des services de traumatologie bien équipés, seraient nécessaire dans ce pays.

À mon humble avis, sans une prise de conscience, sans mesures fortes et contraignantes, nous continuerons à compter nos morts dans l’indifférence et l’insouciance totale….

Me diriez-vous que l’État n’est pas responsable de tout, l’irresponsabilité de nos concitoyens, leur manque de civisme en ont une part considérable, c’est exact, mais tout cela n’est que le reflet de l’incompétence de certaines directions de ce pays et de leur indifférence dans la gestion de la vie publique d’où l’accentuation de la corruption sur toutes les routes et la banalisation des délits de conduite et autres infractions non moins importantes dont celles des permis acquis dans des conditions opaques.

En cas d’accident dans notre pays aucune prise en charge immédiate, aucun hôpital spécialisé, aucune ambulance sur les routes et les accidentés sont souvent livrés à leur triste sort, secoués dans tous les sens par défaut de professionnel en secourisme, et ainsi donc la mort subite s’en suivra pour la plupart du temps. À qui la faute ? J’accuse l’État.

En matière de sécurité routière et comme tant d’autres domaines, le duo infernal que forment l’inefficacité administrative et la corruption encourage l’effloraison d’un marché des intermédiaires permettant d’escamoter les voies officielles et continue d’éteindre des vies mauritaniennes.

Cheikhna DIAKITE KABA

Laxou, le 28 mai 2021

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