L’équipe gouvernementale du premier ministre Mohamed Ould Bilal est sous les feux de la critique pour insuffisance de résultats. Cette léthargie a été reconnue par le chef du gouvernement en personne qui s’est empressé depuis à mettre de l’eau dans son zrig. Mais la balle était déjà partie et cet aveu d’échec n’est certainement pas du goût du président Ghazouani qui aurait vertement savonné les membres du gouvernement avant de claquer la porte du Conseil des ministres tenu ce mercredi 5 mai.
L’incident a été tourné en boucle par les médias locaux même si le ministre de la justice s’est évertué de démentir les faits.
On sait cependant que le retrait du président avant la clôture du Conseil n’est pas anodin. Il y a donc anguille sous roche. Le malaise est bien là et va falloir que le président de la République agisse pour remettre les pendules à l’heure.
D’ailleurs au cours de ce conseil une communication relative au Programme Prioritaire Élargi du Président de la République (PROPEP) a été présentée par le ministre de l’Economie.
Elle propose un train de mesures tendant à accélérer l’atteinte du PROPEP.
C’est dire que le train a du mal à atteindre sa vitesse de croisière et il va falloir insuffler du sang neuf pour secouer la machine gouvernementale.
De ce fait tous les ministres qui sont en première ligne pourraient faire les frais de ce changement tant attendu. Entres autres les ministres de l’intérieur, de la l’éducation, de la santé, du commerce, de l’hydraulique, des Affaires Sociales, des Affaires Islamiques…
Au niveau de la quasi-totalité des départements c’est toujours la mentalité d’antan qui fait des ravages avec une gestion politicienne basée sur la complaisance.
C’est ainsi que l’un des plus grands projets du président de la République, l’école républicaine a du mal à voir le jour, le ministère de l’éducation étant toujours embourbé dans ses problèmes structurels, une situation aggravée par l’activisme d’un front syndical décidé à annihiler tous les efforts entrepris. Et avec sa politique de la sourde oreille face aux revendications des enseignants il n’arrive toujours pas à trouver la bonne formule pour mettre en œuvre son ambitieux projet.
Le ministère de l’éducation semble complètement absorbé par son projet futuriste de plate-forme informatique dont l’objectif est de digitaliser le système éducatif. Avec ce projet on met la charrue avant les bœufs car on sait qu’un peu partout dans le pays il y a encore des élèves qui apprennent sous la khaima.
Au niveau du ministère de l’intérieur on a toujours du mal à circonscrire la délinquance juvénile et le crime organisé qui touchent aujourd’hui plusieurs villes du pays. De ce fait la sécurité des personnes et de leurs biens est en cause.
Dans le domaine de la santé, la doctrine Nedhirou a montré ses limites. Le trafic des faux médicaments a repris de plus belle. La pénurie des médicaments de certaines maladies chroniques est préoccupante et l’amélioration des prestations dans les services de santé a encore du chemin à faire.
Le ministère de l’hydraulique n’arrive toujours pas quant à lui d’assurer un approvisionnement régulier en eau de la capitale. Dans certains quartiers le robinet est à sec. A l’intérieur du pays la situation n’est guère meilleure et les derniers événements de Tintane en attestent.
L’agence Taazour avec son budget colossal a pour mission entre autres de venir en aide aux pauvres et aux exclus. Mais jusque-là elle n’a pas encore imprimé son empreinte et se contente de distribuer quelques produits alimentaires et quelques sous à quelques familles.
Autre anomalie,le porte parole du gouvernement qui soi dit en passant a des compétences à revendre mais dont la diarrhée verbale nuit beaucoup au gouvernement, au point où il a été privé ce jeudi de sa conférence de presse habituelle. Sa dernière gaffe fut d’avoir annoncé le retrait de Tidjikja du projet d’université, une annonce qui a mis le feu aux poudres.
Il s’agit là d’un petit échantillon qui est loin d’être représentatif des défis auxquels les départements ministériels n’arrivent toujours pas à faire face, un peu moins de deux ans après le démarrage du programme Taahoudati.
Ainsi des voix s’élèvent de partout pour demander un changement de cap. Et c’est dans ce cadre que le célèbre érudit Cheikh Ahmed Ould Cheikh Hamahoulah a adressé aujourd’hui une lettre au président Ghazouani lui demandant de démettre le gouvernement et de mettre sur pied une politique efficace destinée à améliorer les conditions de vie des citoyens.
Bakari Guèye