Depuis que « le Président de la République a instruit les membres du Gouvernement à l’effet d’assurer un contrôle rigoureux de la présence effective des agents dans les administrations pendant les heures de travail », les administrations publiques sont bondées. Enfin, à huit heures et dix sept heures, c’est-à-dire aux heures de pointage.
Moussa est chef de service dans un ministère. Il se pointe le matin pour signer et revient en fin d’heure pour la seconde signature. « Une torture, soupire-t-il, puisqu’entre huit heures et dix-sept heures, je circule en ville pour tuer le temps ».
Pourtant les instructions du président de la République visent entre autres « la célérité de traitement des affaires et questions soumises par les citoyens. » Ce lundi le premier ministre s’est rendu dans deux ministères dont il a rencontré les responsables. Mohamed Ould Bilal a précisé que son déplacement visait à « rappeler aux responsables de l’administration publique que la nouvelle vision du Chef de l’État, vise à bâtir une administration de proximité, transparente et respectueuse des lois et règlements ».
Mais Moussa se plaint de n’avoir rien à faire. « On ne m’a confié aucune tâche précise, comme tout ce monde qui se bouscule au ministère ».
La bousculade ce n’est pas que dans les ministères. Les autres institutions publiques ou para publiques sont aussi concernées par ce que Mohamed appelle « cinéma ». Lui travaille dans une société anonyme de service public. Dans le hall, un tohu-bohu s’est formé juste avant la fin d’heure, chacun cherchant à pointer pour revenir le lendemain et s’adonner à la même « corvée ».
Astou travaille dans la même société. Elle a trente ans d’ancienneté mais, ne se présente que rarement au travail. Avec les nouvelles mesures, elle s’efforce d’être là pour la signature. Cette fonctionnaire confie être nostalgique d’une époque où « c’était agréable de venir travailler car on savait exactement ce qu’il fallait faire. Ce n’est plus le cas maintenant » regrette-elle. Mohamed et Astou font partie de ces nombreux fonctionnaires qui sont payés à ne rien faire. Mais par crainte d’éventuelles sanctions, ils se sont imposés ce rythme qui, espèrent-il, « va bientôt passer ».
Abou SY