Le Premier ministre Mohamed Ould Bilal a prononcé hier le discours d’ouverture de la 5ème session ordinaire du Comité Régional de Pilotage(CRP) du projet d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend (SWEDD).
Cette session qui devrait se tenir en présentiel à Nouakchott s’est tenue en mode virtuel crise sanitaire oblige.
La rencontre a été modérée par Mme Mariétou Koné Ministre de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté de la Côte d’Ivoire, présidente sortante du CRP.
Interventions des participants
La Mauritanie devait être représentée à cette rencontre du CRP par le Ministre des Affaires économiques, et de la Promotion des secteurs productifs, Ousmane Mamoudou Kane mais c’est finalement Mohamed Lemine Ould Dhehbi, ministre des finances qui était présent. Ce dernier a dans son mot de bienvenue lancé aux participants : « Votre participation témoigne de votre engagement pour le projet SWEDD qui a connu des avancées importantes et qui a eu un impact positif sur l’autonomisation des femmes. »
Pour sa part, le Professeur Stanley Okolo, directeur général de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) a affirmé que cette rencontre vient à point nommé soulignant que l’épidémie de la Covid 19 et celle d’Ebola en Guinée constituent de véritables défis.
Il a aussi signifié l’engagement de son organisation pour la seconde phase du projet.
Le directeur général de l’UNFPA(Le Fonds des Nations unies pour la population) pour l’Afrique de l’Ouest et du centre Mabingue Ngom a exprimé la gratitude et l’estime de son organisation pour le président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour avoir accepter que la Mauritanie abrite cette session du CRP.
L’année 2020 a-t-il ajouté a profondément marqué le projet SWEDD avec la crise sanitaire et les problèmes sécuritaires dans certains pays.
Mais les concertations ont permis de mettre sur pied un plan de résilience et 680 millions de dollars ont été mobilisés pour la phase 2 du projet. Cette seconde phase s’inscrit dans le cadre de la collaboration entre le FNUAP et l’OOAS a souligné le directeur qui a assuré tous les pays membres de l’assistance technique du FNUAP, celle de l’organe technique chargé des expertises, en collaboration avec la Banque Mondiale.
Il a enfin salué la présence du Premier ministre qui dénote selon lui d’un engagement fort pour l’autonomisation des femmes.
La Représentante Résidente de la Banque Mondiale en Mauritanie s’est dit ravie de prendre part à cette réunion. Elle a félicité l’équipe du projet pour les pas franchis durant l’année écoulée.
Elle a salué l’engagement de la Mauritanie comme le prouve affirme-t-elle la présence du Premier ministre. Elle a assuré l’appui continu de son institution au projet aux côtés des autres partenaires.
La présidente sortante du Comité de Pilotage a fait part des leçons tirés des deux mandats successifs, leçons portant sur la gestion de crises et les violences basées sur le genre. Elle a parlé des précédentes sessions de Niamey (2016), Ndjamena (2017), Bamako (2018) et Abidjan (2019). Les actions mises en œuvre de 2019 à 2020 sont entre autres les résultats significatifs obtenus avec la formalisation de l’expansion spatio-temporelle de SWEDD qui est passé de 6 à 9 pays. Il y a aussi les financements additionnels obtenus par le projet ainsi que le renforcement de la collaboration et la qualité de l’assistance technique avec l’OOAS et l’UNFPA.
La présidente sortante a fait état du PTA (Plan de Travail Annuel) et du renouvellement du bureau du Comité de Pilotage ainsi que la validation du plan d’action pour 2021.
Le lancement de la phase 2 du projet SWEDD se fera avec trois catégories de pays. Il y a 5 pays de la phase 1, la 2ème catégorie concernera deux pays de la phase 1 en fin de programme (le Burkina Faso et le Niger), la 3ème catégorie regroupe 2 pays pour la phase 2 (Le Cameroun et la Guinée).
La 2ème phase du projet sera focalisée sur les problèmes de la jeune fille vulnérable et la prise en compte des VBG (Violences basées sur le genre) avec la promotion de la planification familiale.
Mot du Premier ministre
Dans un mot prononcé pour la circonstance, le Premier ministre Mohamed Ould Bilal a souligné que les défis sécuritaires au Sahel viennent après le défi humain qui se caractérise par un taux de croissance démographique des plus élevés sur la planète, et des indices de développement humain parmi les plus bas.
Selon le Premier ministre la croissance économique est engloutie par la démographie galopante.
Les projections note le chef du gouvernement montrent que la population de la région du Sahel pourrait doubler en 20 ans, passant de 80 millions aujourd’hui à 160 millions d’habitants en 2040.
Parallèlement, des dizaines de milliers de femmes meurent chaque année de causes bien évitables, liées à la grossesse et à l’accouchement, et des millions d’enfants (surtout des filles) ne connaissent pas le chemin de l’école.
Ainsi l’objectif du Projet SWEDD est faire face à tous ces défis. Selon le Premier ministre le bilan du projet es globalement positif.
Au sujet de la Mauritanie, Mohamed Ould Bilal a affirmé que les engagements électoraux du Président de la République placent au centre de leurs objectifs, les préoccupations et les défis qui sont à la base de la création du SWEDD.
Il a enfin invité l’ensemble des pays pour que l’autonomisation des femmes soit une dimension centrale, effective et pérenne dans toutes les politiques et stratégies de développement.
Pascal Brouillet représentant de l’Agence Française de développement (AFD) s’est dit impressionné par l’engagement de très haut niveau et des priorités définies par le projet SWEDD.
Les ministres représentants les différents pays ont tour à tour fait le point de l’état du projet dans leurs pays respectifs.
Un état a été dressé sur le suivi des performances, un bilan moral des activités en 2020 et des perspectives en 2021.
« Le Covid a ralenti nos activités note la présidente du comité sortant mais on a fait preuve de résilience. »
Bilan et perspectives
Le bilan fait état d’une bonne performance du projet malgré la pandémie. Les interventions de SWEDD ont été efficaces.
106 millions de personnes ont été sensibilisées. De grands projets ont été exécutés pour l’amélioration des compétences des filles. Il y a eu 3059 espaces sûrs, 1428 Clubs de maris et de Futurs maris.
90% des jeunes ont acquis des connaissances sur les mariages précoces et l’espacement des naissances.
155141 filles et adolescentes ont bénéficié de bourses ou d’appuis.
12443 abandons scolaires ont pu être évités. Autre résultat probant : le taux de rétention au secondaire a atteint 95%.
Pour la 2ème composante on note une disponibilité des produits contraceptifs : 97% au Burkina et plus de 80% au Mali et en Côte d’Ivoire. Il y a eu également une amélioration de la disponibilité et l’accessibilité des produits et services SR (Santé de la Reproduction).
Ainsi, 2.442.000 grossesses non désirées ont été évitées.
Au niveau du dialogue politique il y a eu la création de réseaux de jeunes, de juristes et de religieux et un partenariat public-privé.
Le taux d’exécution a atteint 73%.
Le financement tend vers la hausse et la somme des expériences a permis au projet de faire des économies. De ce fait les 9 pays pourraient constituer une plate-forme de coopération Sud-Sud.
Ainsi, 174 millions de dollars seront économisés par ces pays grâce à la réduction des grossesses non désirées, à une meilleure planification familiale, à la fin des abandons scolaires…
Notons que l’extension du projet SWEDD au-delà des pays du Sahel est envisagée. Au titre de la phase 2, 376 millions de dollars additionnels vont être mobilisés comme l’a rappelé la Représentante de la Banque Mondiale Mme Margaretta.
A l’occasion de cette session, le Comité de Pilotage a offert une distinction au ministre de l’éducation Mohamed Melainine Ould Eyih, ancien Coordinateur national du projet. Ce dernier a remercié Mme Koné pour le travail énorme abattu. Il a remercié toute l’équipe du SWEDD avec à sa tête Mme Margaretta Moris qui conduit le projet de main de maître.
La Mauritanie a pris le relais de la Côte d’Ivoire pour la direction du CRP. Dans son mot de clôture Mohamed Lemine Ould Dhehbi, ministre des finances a souhaité que la prochaine session puisse se tenir en présentiel à Nouakchott.
Les travaux de cette session ont été sanctionnés par un communiqué final.
Bakari Guèye