Addis-Abeba, Éthiopie, le 20 mars 2021 (CEA) – La mise en place du protocole de libre circulation sera essentielle pour garantir les gains de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) révolutionnaire, déclare David Luke, Coordonnateur du Centre africain pour la politique commerciale (ATPC), à la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Dans son discours d’ouverture d’un évènement parallèle de l’OIM sur la numérisation de la réponse à la migration pour exploiter le développement économique et le dividende démographique de l’Afrique dans le contexte de la COVID-19, M. Luke déclare que la liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services sont les quatre libertés fondamentales qui constituent les agendas d’intégration continentale et régionale africaine.
Il dit que c’est la raison pour laquelle le Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine, qui a été adopté par l’Organisation de l’unité africaine en 1991, envisageait « la libre circulation des personnes et les droits de résidence et d’établissement ».
« Il s’agit de la cinquième phase du Traité d’Abuja, qui doit être réalisée d’ici 2023 », affirme M. Luke aux délégués participant à l’évènement, en marge de la Conférence des ministres africains des finances, ce lundi, organisée par la CEA.
Le Protocole au Traité sur la création de la Communauté économique africaine relatif à la libre circulation des personnes, au droit de séjour et au droit d’établissement a été adopté en janvier 2018 avec une feuille de route de mise en œuvre complète.
« Pourtant, le rythme concernant la signature et la ratification du protocole s’avère lent », affirme le Coordonnateur d’ATPC.
Le protocole doit être ratifié par 15 États membres pour entrer en vigueur. Seuls 32 États membres ont signé le protocole mais un seul, le Rwanda, l’a ratifié.
Diverses raisons sont avancées expliquant les obstacles à la ratification du Protocole, notamment la volonté des États de maintenir leur souveraineté en contrôlant ceux qui entrent sur leur territoire ; et une forte perception des menaces à la sécurité posées par la libre circulation des personnes, entre autres.
- Luke dit que le concept de libre circulation des personnes est souvent mal compris.
« Nous devons faire mieux que cela. Une circulation plus libre ne peut pas dépendre uniquement du protocole de la ZLECAf sur les services qui permet la circulation en matière d’investissement et de prestation de services », dit-il.
« La véritable liberté de mouvement en Afrique permettrait plutôt aux citoyens africains de s’installer, de vivre, de travailler ou d’offrir un service ou une activité commerciale dans un autre pays du continent, dans des conditions identiques ou similaires à celles d’un citoyen de ce pays ».
Pour aller de l’avant, M. Luke indique qu’il serait peut-être nécessaire de repenser le Protocole sur la liberté de circulation afin de répondre aux préoccupations soulevées par les décideurs pour garantir que les populations africaines puissent profiter pleinement du marché libéralisé créé par la ZLECAf. Cela offrirait également l’occasion d’incorporer des solutions innovantes aux transitions verte et numérique dans le cadre du Protocole.
Les Communautés économiques régionales (CER), qui ont fait face à leurs propres défis avec la ratification et la mise en œuvre des Protocoles de libre circulation, ont un rôle à jouer dans la promotion d’une meilleure compréhension du concept de libre circulation, ajoute-t-il.
« C’est la libre circulation des personnes qui stimulera le commerce intra-africain dans le cadre de la ZLECAf et permettra aux pays africains de répondre de manière proactive et rapide aux doubles transitions verte et numérique auxquelles nous sommes confrontés dans les années 2020 », déclare M. Luke.
« Nous ne pouvons nous permettre de ne pas construire des frontières transparentes pour l’Afrique de demain », dit-il et propose que l’ATPC et l’OIM s’engagent à organiser conjointement une série d’évènements de sensibilisation sur le Protocole de libre circulation avec le Gouvernement du Rwanda comme partenaire clé.
En tant que seul pays africain à avoir ratifié le Protocole et en tant que l’un des 11 pays africains offrant une entrée sans visa ou avec visa aux Africains, le Rwanda est un pionnier de la libre circulation sur le continent et peut offrir d’importantes leçons d’expérience à d’autres pays, ajoute M. Luke.
Pour sa part, M. Jean-Denis Gabikini, Directeur par intérim de la Direction du développement économique, de l’intégration et du commerce, à la Commission de l’Union africaine, déclare que le continent abandonne sa jeunesse, entraînant ainsi une augmentation des migrations.
« Au moins 60% de la population africaine est âgée de moins de 24 ans et sa contribution active à la croissance économique, qui se traduit par une augmentation des revenus et du développement, est absente », déclare Gabikini.
« Au lieu de tirer le meilleur parti de ce dividende, nous sommes incapables d’offrir des emplois à nos jeunes, ce qui les oblige à chercher des moyens de subsistance ailleurs ».
L’événement parallèle fait partie de la 53ème session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, de la Commission économique pour l’Afrique qui se tient sous le thème, « Industrialisation durable et diversification de l’Afrique à l’ère du numérique dans le contexte de la Covid-19 ».
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