La cinquante-troisième session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) se tient à Addis-Abeba du 17 mars au 23 mars 2021 sous une forme hybride.Le thème retenu cette année c’est : «L’industrialisation durable de l’Afrique et la diversification à l’ère numérique dans le contexte du COVID-19».En prélude à la réunion ministérielle qui aura lieu du 17 au 19 mars 2021, s’est tenue aujourd’hui la 39ème réunion du comité d’experts-CoM 2021. Cette réunion des experts procédera à des délibérations techniques sur le thème et les questions statutaires de la Commission. En outre, un certain nombre d’événements parallèles abordant divers sujets se tiendront virtuellement.
Ouverture officielle
L’ouverture de la séance du jour a été marquée par l’élection du nouveau bureau présidé par le diplomate équato-guinéen Crisantos Obama Ondo qui a immédiatement pris fonction et dirigé les travaux.Des déclarations d’ouverture ont été prononcées tour à tour par le Président du Bureau sortant, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le représentant du Gouvernement éthiopien. Tesfaye Yilma Sabo (Ambassadeur) Représentant permanent de l’Éthiopie auprès de l’Union africaine et de la CEA a remercié les participants et noté que l’Afrique a fait de gros efforts sous la direction de l’Union africaine pour lutter contre cette pandémie et réduire son impact socioéconomique. Mais a –t-il poursuivi, l’Afrique n’est pas encore sortie du bois même si l’accès actuel aux vaccins peut être considéré comme un bon début.L’ambassadeur a exprimé sa satisfaction de l’engagement de la CEA, en tant que principale institution de recherche politique des Nations Unies dédiée à l’Afrique, pour aider les décideurs politiques sur les questions liées à l’impact socio-économique du COVID-19.Et d’ajouter qu’à cet égard, la 53ème session de la CEA et la Conférence des ministres africains des finances sont opportunes et essentielles pour comprendre les conséquences socio-économiques complexes de la pandémie et pour tracer la meilleure voie à suivre dans ces circonstances difficiles.Après les messages officiels, place aux présentations au programme.
« Aperçu de l’évolution récente de la situation économique et sociale en Afrique dans le contexte de la pandémie de COVID-19 »
Tel était le titre de la première présentation du jour signé Vera Songwe Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA).La prétention a consisté à donner un aperçu de la situation économique et sociale en Afrique en 2019 et 2020, et de l’impact de la pandémie du coronavirus (COVID-19). L’exposé a mis en lumière l’évolution récente de l’économie mondiale et ses répercussions pour l’Afrique. Vera Songwe a fait une analyse des tendances dans les sous-régions et des performances économiques régionales, notamment les tendances en matière de développement social et les perspectives de croissance du continent, les liens entre les changements structurels et le développement social, ainsi que les risques et les incertitudes associés aux performances de croissance à moyen terme de l’Afrique, tout en tenant compte de l’impact de la crise liée au COVID-19.Au cours de cette présentation le point a été fait sur la situation actuelle de la pandémie sur le continent. Les conséquences sur le plan économiques sont négatives.Ainsi les termes de l’échange et les flux d’IDE se sont détériorés à mesure que le virus se propageait. Le taux de vaccination est encore faible. Mais plusieurs pays sont enregistrés pour les vaccins sur la Plateforme africaine d’approvisionnement en médicaments (AMSP).Par ailleurs on planche sur un modèle commercial pour le projet pharmaceutique pilote dirigé par la CEA(AfCFTA). L’initiative pilote propose une production localisée, des achats groupés et un cadre réglementaire et de qualité harmonisé pour les soins maternels et infantiles. 43% d’économies sur un budget de 1,3 milliard de dollars prévus pour la santé maternelle et infantile.Il y a l’existence d’outils comme la Plateforme Africaine de Communication et d’Information (ACIP) pour la Santé et l’Action Economique et 25 pays ont adhéré à l’Initiative de suspension du service de la dette avec des économies potentielles égales à 0,71% du PIB de 2019. La Secrétaire Exécutive de la CEA a noté la nécessité de faire fonctionner la quatrième révolution industrielle pour l’Afrique.Elle a rappelé l’importance des initiatives tel que le camp de codage des filles, le Centre de surveillance des prix de la CEA pour l’Afrique et l’appui à l’élaboration de plans nationaux et de stratégies de relance.Elle a également fait l’analyse des investissements verts prévus par la CEA insistant sur la nécessité de construire ensemble.Les options de financement ont été passées au peigne fin. Et Vera Songwe de s’interroger sur le programme de plaidoyer pour mieux avancer et comment l’Afrique peut co-assurer son redressement avec la communauté internationale ?En conclusion l’Afrique doit se serrer la ceinture dit-elle car la relance coûte à l’Afrique 5,4 points de pourcentage de perte de croissance du PIB.Cette présentation sera suivie d’un débat général sur les grandes questions et recommandations de politiques qui ont été mises en évidence.
« Évaluation des progrès de l’intégration régionale en Afrique dans le contexte de la pandémie de COVID-19 »
Au titre de ce point de l’ordre du jour, le secrétariat a présenté un rapport intérimaire sur l’état d’avancement de l’intégration régionale en Afrique et l’impact de la crise liée au COVID-19, notamment les principaux défis et contraintes. Au début de son intervention, Hopestone Kayiska Chavula a affirmé que l’économie de l’Afrique s’est contractée durant cette crise. Le déficit budgétaire s’est élargi à cause de l’augmentation des dépenses publiques. Ainsi l’Afrique du Nord a enregistré le plus grand déficit budgétaire (20% en 2020).En Afrique Centrale la baisse des recettes touristiques s’est fait sentir. Les pays exportateurs de pétrole ont fait également face à une baisse des prix et de la demande.Cela a provoqué un déficit et des risques d’endettement.Il y a eu aussi l’augmentation des pressions inflationnistes dans certains pays.La vulnérabilité macro-économique a aussi augmenté. Le commerce intra-africain a baissé de 13%.Près de 161 millions de personnes en Afrique ont été touché par l’impact de la pandémie.D’autres facteurs négatifs sont à signale comme l’instabilité postélectorale, les risques sociaux dûs au confinement et les risques des changements climatiques car la plupart des pays dépendent de l’agriculture. En Afrique australe et en Afrique de l’Est on note l’existence de phénomènes climatiques extrêmes. Et face à ces problèmes dont le stress de la dette la plupart des pays africains courent des risques.Le commerce a baissé mais la mise en place de la ZLECAF aura pour objectif de stimuler le commerce intra-africain.Aujourd’hui la question de l’accès au financement est fondamentale pour la relance et l’atteinte des ODD.Le PIB s’est contracté passant de 1,8 à 5,4 en 2020. Cette situation a été accentuée par la baisse des prix des matières premières et les conflits dans certains pays. Mais au début du 4ème trimestre 2020 on a noté un début de croissanceLes pays africains se sont lancés dans le recouvrement vert et l’industrialisation durable. Cette politique sera de nature à encourager les investissements verts.Plusieurs recommandations ont été faîtes par Hopestone. Entres autres le soutien aux PME, le renforcement de la couverture sociale, le renforcement des systèmes de santé, la création de centres régionaux de pointe dans le domaine de la santé et la nécessité de l’appui des partenaires internationaux.Stephen Karingi, directeur régional de l’intégration et du commerce au sein de la CEA a souligné au cours de sa première intervention sur les CER que l’intégration régionale est l’un des piliers de l’économie du continent. Le rapport qu’il a décortiqué est présenté tous les deux ans. Le panéliste a parlé des aspects ayant trait à la gouvernance et à la sécurité. Dans les recommandations il a préconisé l’amélioration de la numérisation afin de faciliter l’intégration régionale.La présentation qui a suivi a introduit le thème de la cinquante-troisième session, « L’industrialisation et la diversification durables de l’Afrique à l’ère du numérique dans le contexte du COVID-19 », en s’appuyant sur le document de synthèse, qui met l’accent sur la nécessité de poursuivre des stratégies industrielles et de diversification à l’épreuve du climat qui soutiennent une croissance inclusive et un développement durable, tout en tenant compte de l’impact du COVID-19. Le document examine le rôle de la numérisation dans l’ouverture de perspectives dans des secteurs tels que l’agriculture, les services et les énergies propres. Il explore également les possibilités qu’offrent la technologie pour faire face aux problèmes du changement climatique et pour promouvoir le développement d’industries à faibles émissions de carbone. Il étudie aussi comment les pays africains peuvent les exploiter pour rationaliser l’industrialisation et la croissance économique conformément à une nouvelle approche inclusive de l’économie climatique. Au cours du débat général qui a suivi cette présentation de Stephen Karingi les intervenants ont été unanimes sur la nécessité de relever les défis de l’ère numérique et la nécessité de tirer profit de l’intelligence artificielle.Ils ont préconisé le passage d’une économie basée sur l’agriculture à une économie basée sur les services tout en faisant usage des technologies qui évoluent dans le contexte de la révolution industrielle.La dernière intervention de Stephen Karingi a consisté à une brève présentation pour introduire le thème de la cinquante-troisième session, « L’industrialisation et la diversification durables de l’Afrique à l’ère du numérique dans le contexte du COVID-19 », en s’appuyant sur le document de synthèse, qui met l’accent sur la nécessité de poursuivre des stratégies industrielles et de diversification à l’épreuve du climat qui soutiennent une croissance inclusive et un développement durable, tout en tenant compte de l’impact du COVID-19. Le document examine le rôle de la numérisation dans l’ouverture de perspectives dans des secteurs tels que l’agriculture, les services et les énergies propres. Il explore également les possibilités qu’offrent la technologie pour faire face aux problèmes du changement climatique et pour promouvoir le développement d’industries à faibles émissions de carbone. Il étudie aussi comment les pays africains peuvent les exploiter pour rationaliser l’industrialisation et la croissance économique conformément à une nouvelle approche inclusive de l’économie climatique. La présentation comme toutes les autres a été suivie d’un débat général.Notons que cette année, la COM explorera et consolidera les stratégies que l’Afrique peut utiliser pour tracer la voie à suivre après la pandémie du COVID-19 : prise en compte de la nécessité pour les pays africains de parvenir à une croissance économique rapide grâce à une industrialisation et une diversification respectueuses de l’environnement tout en tirant parti de la numérisation.
Bakari Guèye