Clôture de l’atelier de sensibilisation des journalistes sur les enjeux du littoral

Les rideaux sont tombés sur l’atelier organisé par le projet WACA sous le thème : « Sensibilisation des journalistes sur les enjeux de la gestion du littoral mauritanien ».

L’atelier qui a duré 2 jours a permis aux journalistes de renforcer leurs capacités sur la thématique en vogue des changements climatiques. A l’issue des travaux, les participants ont fait plusieurs recommandations destinés à renforcer les acquis et à impliquer dorénavant beaucoup plus les journalistes qui doivent être aux avant postes pour jouer leur rôle de sensibilisation et de conscientisation de l’opinion.

Aujourd’hui deux présentations étaient à l’ordre du jour, la première sur les solutions proposées pour la protection du littoral qui a été assurée par le Dr Khalahi Brahim du projet WACA et la seconde par Maimouna Salek, journaliste spécialisée dans les questions environnementales.

Deux autres présentations sur lesquelles nous avions promis de revenir avaient clôturé la journée d’hier.

Le point sur les présentations

Abordant le cadre légal et le dispositif institutionnel, Ahmed Ould Zein , Conseiller juridique du ministre de l’environnement et du développement durable a fait état de trois types d’interventions qui s’imposent pour la gestion du littoral  à savoir la conservation, l’aménagement et la valorisation.

Cela  nécessite un encadrement juridique particulier pouvant concilier les usages tout en protégeant l’environnement.

Le régime juridique de gestion du littoral est fondé sur le droit de l’Etat que sur le droit international.

S’agissant des accords régionaux et internationaux, la Convention d’Abidjan, signée en 1981 fournit un cadre juridique global pour tous les programmes liés aux ressources  marines et côtières en Afrique de l’Ouest, centrale et australe soit un littoral long de plus de 14.000 km.

Il y a aussi es protocoles additionnels à la Convention d’Abidjan : La pollution due aux sources et activités terrestres ; Les normes et standards environnementaux liés aux activités pétrolières et gazières offshores ; La gestion intégrée de la zone côtière ; La gestion durable de la mangrove.

Mr Zein a parlé de la  prise de conscience mondiale de 1992 avec la conférence de Rio et de Convention sur la Diversité Biologique (CDB) qui est un traité international juridiquement contraignant.

Son but général est d’encourager des mesures qui conduiront à un avenir durable.

La CBD a été  ouverte à la signature lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, le 5 juin 1992, et est entrée en vigueur le 29 décembre 1993.

Autre convention celle sur le changement climatique dont l’objectif est de stabiliser les concentrations de GES dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique.

Il y a aussi l’Objectif de Développement Durable (ODD) 14 d’ici 2025.

Et pour ce qui est du cadre légal national il regroupe l’ensemble des normes législatives et règlementaires applicables à la zone du littoral, entres autres l’Ordonnance de 1987 sur les Communes , l’Ordonnance de 1988 sur  les eaux sous juridiction nationale, la Loi sur l’activité touristique de 1996 , le Code de l’environnement de juillet 2000 , la Loi sur le PNBA de janvier 2000 , l’Ordonnance 2002 sur le secteur aval des hydrocarbures  , l’Ordonnance de 2007 relative au littoral

Code de l’urbanisme de 2008 , la Loi d’orientation sur l’aménagement du territoire  de 2010, le Code de l’hygiène de 2010, le Code des hydrocarbures bruts de 2010, la Loi sur la prévention et la lutte contre la pollution marine de mars 2011 , la Loi sur le contrat type exploration-production de 2011, la Loi de 2013  sur les garde-côtes…

Et pour ce qui est des Parcs Nationaux on note la Loi de janvier 2000 sur le PNBA et le décret de 1991  sur le Parc National de Diawling.

Ce sont là les textes les mieux respectés selon notre panéliste.

Parlant de l’activité touristique sur les plages est Ould Zein a souligné que la loi de 1996 organisant l’activité touristique  ne prévoit pas de dispositions particulières portant sur les installations  touristiques en zone littorale.

D’autres lois existent comme le Code de l’Urbanisme de 2008, le code des hydrocarbures bruts de 2010, le code de la marine marchande de juillet 2013 et le Code des pêches de juillet 2015.

Abordant le cadre institutionnel, le Conseiller du ministre a parlé de la coordination sectorielle au niveau des départements ministériels.

Il a également fait état de l’existence des organes consultatifs. Il y en a 7 dont le conseil économique, social et environnemental (CESE) qui est un organe constitutionnel.

La protection du littoral : quel rôle pour WACA ?

Telle fut la question traitée hier par le Dr Khalahi Brahim de la Coordination du Projet WACA Mauritanie. D’après les informations qu’il a avancé, le littoral mauritanien s’étend sur 750 km, de la pointe du Cap Blanc à N’Diago. Au nord, le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA) est une aire marine protégée de 12000 km2, l’un des plus grands herbiers au monde (+700 km2), 2 millions d’oiseaux (RAMSAR, Patrimoine mondial. Au sud, le Parc National du Diawling (PND) est aussi une aire protégée de 16 ha située dans le delta du fleuve. Là aussi il y a une grande diversité biologique (faune aviaire et flore mangrove).

Le littoral mauritanien est confronté à beaucoup de problèmes.

De larges zones se trouvant en-dessous du niveau de la mer, de laquelle est séparée par un cordon dunaire (protection naturelle)

L’exploitation pendant de longues années du sable côtier a fragilisé et déséquilibré (éventré) le cordon dunaire (150 000 m3/an), d’où le risque d’inondation (phénomènes extrêmes : tsunami, raz de marée, tempêtes, cyclones…)

L’érosion côtière se manifeste par le recul du trait de côtes (avancée de la mer) notamment au niveau des embouchures (N’Diago), les installations portuaires (PAN PA), l’ouverture de brèches (Nouakchott, PNBA, Cabano…) ; l’occupation anarchique du littoral, sans planification et sans tenir compte des impacts que cela peut entraîner (ex. hôtel El Ahmedi, Marché au Poisson…) ; les constructions sur le cordon dunaire (Hôtel Al Ahmedi, marché au poisson ; la pollution (villes sur le littoral, industrie …), les déchets solides, microplastic (7ème continent), hydrocarbures (exploration/exploitation)…

WACA : Projet de Résilience des Zones Côtières de l’Afrique de l’Ouest (West African Coastal Areas) se propose de trouver des solutions aux problèmes du littoral. Son objectif c’est le renforcement de la résilience des communautés et des écosystèmes sensibles de la zone côtière Il regroupe 6 pays (Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo et Sao Tome et Principe). Il aura une durée de 5 ans (2019-2023).

La zone d’intervention du projet s’étend de la pointe du Cap Blanc à N’Diago couvrant les wilayas de : Dakhlet Nouadhibou, de l’Inchiri, de Nouakchott et du Trarza.

L’approche participative est adoptée. Les projets sociaux financés par WACA bénéficient aux couches vulnérables.

Quant aux activités elles se focalisent sur le renforcement du cordon dunaire et le colmatage des brèches.

Des résultats ont été obtenus : réhabilitation des écosystèmes la restauration des mangroves : pépinière de 30000 plants d’Avicennia et 5 ha de rhizophora en 2020 ; restauration des peuplements d’Acacia tortilis : pépinière de 10000 plants en 2020 ; lutte contre les plantes envahissantes : coupe et entretien de 15 ha de typha dans le Diawling

Installation de 3 pares feux dans les typhas. La mise en place de l’Observatoire du Littoral est aussi une réalité.

Changement climatique, quel enjeu pour le littoral et les zones côtières ?

Au début de sa présentation Sidi Mohamed El Wafi a défini les notions de changement climatique, de réchauffement climatique. Il a parlé de l’origine des gaz à effets de serre. Le conférencier a également présenté des notions de base tels que la Convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, l’atténuation, l’adaptation, les communications nationales et les contributions déterminées au niveau national (CDN).

Il a aussi abordé les étapes marquantes du processus des négociations sur le climat depuis la COP3 et le Protocole de Kyoto jusqu’à la COP21 et l’Accord de Paris, en passant par la COP13 (Plan d’action de Bali), la COP15 (Sommet de Copenhague) et la COP17 avec la Plateforme de Durban.

Le conférencier a expliqué au passage les enjeux et les défis de l’accord de Paris.

D’autres sujets non moins importants concernant le littoral ont été abordés.

Le littoral mauritanien est relativement homogène d’un point de vue géomorphologique et il abrite d’importantes infrastructures socio- économiques. Ce littoral est menacé. Il est caractérisé par l’existence de Sebkha, aux altitudes souvent inférieures au niveau de la mer, des sols imperméables et une nappe phréatique affleurante ; un cordon littoral bas et fragilisé ; un transit sédimentaire longitudinal très important, orienté N-S, estimé à environ 1 million de m3 par an ; un fort entassement de la côte au nord du port ; une érosion importante au sud du Port ayant déjà nécessité la mise en place de mesures de sauvegarde (épi, digue de retenue).

La ville de Nouakchott se situe, en majorité, entre 0 et +4m IGN pour un niveau de Pleine Mer.

Cette fragilité du cordon dunaire a été mise en exergue avec les risques encourus que le conférencier a illustré par un historique des accidents dont le dernier remonte au mois d’août 1992, lorsque une intrusion marine s’est faite à travers une brèche d’une cinquantaine de mètres au environ de l’Hôtel Ahmedy.

Le rôle des médias

Dans sa présentation Maimouna Salek a rappelé l’importance des enjeux déplorant au passage l’absence d’une culture environnementale. Nous sommes tous interpellés dit-elle par des questions capitales : comment résoudre l’apparente contradiction entre le développement économique et humain, la satisfaction des besoins de plusieurs secteurs d’activités sur un espace aussi limité que vulnérable et l’exigence de conservation d’un équilibre biologique fragile mais essentiel pour l’avenir de toute l’humanité ?

Comment Influer, encourager et aider les acteurs de la mer, notamment les communautés du littoral, à conserver l’intégrité et la diversité de la nature et à veiller à ce que tout usage des ressources naturelles soit équitable et écologiquement durable ?

Comment créer une opinion publique capable d’interpeller les décideurs politiques et autorités en charge de la gestion des ressources de la Mer pour améliorer les dispositifs législatifs et un appliquer rigoureusement un suivi environnemental capable de réduire les impacts négatifs de nos activités et de nos infrastructures ?

Comment contribuer au changement des mentalités et des comportements des populations du littoral vis-à-vis de l’environnement dont ils dépendent étroitement pour leur sécurité alimentaire et leur bien-être?

Pour Maimouna Salek, les journalistes doivent se surpasser et chercher à mieux comprendre les choses de manière professionnelle et dans le respect des règles de la profession, de l’éthique et de la déontologie.

Enfin la panéliste a encouragé l’esprit d’entreprenariat à l’image de l’initiative du concours des Journalistes Reporters de la Mer (JRM), un projet novateur qui fait des émules.

Notons que les différentes présentations des panélistes ont éveillé l’attention des journalistes et ont suscité un débat fructueux et enrichissant.

Bakari Guèye

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