Le projet WACA en partenariat avec le ministère de l’Environnement et du Développement durable et la Banque Mondiale organise du 11 au 12 Mars courant un atelier de sensibilisation des journalistes sur les enjeux de la gestion du littoral mauritanien.
Ouverture officielle
Le lancement de cet atelier s’est fait en présence de la ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mme Mariem Bekaye, du Ministre de la Culture, de l’Artisanat et des Relations avec le Parlement,de Panasco Santos, Représentante-résidente de la Banque Mondiale en Mauritanie, de la présidente du Conseil Régional de Nouakchott et du président de la HAPA.
Dans le mot qu’elle a prononcé Marième Békaye a souligné l’importance de cet atelier dont « le thème revêt une importance particulière dans un contexte mondial marqué par les effets des changements climatiques, la perte de biodiversité et un contexte national non moins alarmant. »
Et Mme la ministre d’ajouter que : « L’environnement doit occuper une place plus importante dans les médias qui, en tant que vecteurs d’information et de formateurs d’opinion, peuvent contribuer à l’instauration d’une culture environnementale ».
Elle a aussi souligné la richesse du littoral mauritanien qui fait face aujourd’hui à de grands défis à la lumière du dérèglement climatique. Et pour faire face à ces défis ; « Le gouvernement a adopté en 2017 un Plan Directeur d’aménagement du littoral (PDALM) et met en œuvre depuis 2019, avec l’appui de la Banque Mondiale le projet WACA dont l’objectif est de renforcer la résilience du littoral et des populations. »
La Représentante-résidente de la Banque Mondiale a affirmé que son institution accompagne la Mauritanie dans ses efforts d’aménagement côtier avec notamment l’appui et la mise à jour du Plan directeur d’aménagement du littoral mauritanien et une reconstitution technique et financière de la mise en œuvre de ce plan dans le cadre du projet régional d’investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA).
Interventions des panélistes
Après la cérémonie officielle les panélistes se sont succédés pour présenter les différentes thématiques à l’ordre du jour.
Panasco Santos a salué le leadership de la ministre et a insisté sur la nécessité d’une prise de conscience des acteurs ainsi que la diffusion de messages adaptés. Elle a enfin souligné le rôle des journalistes considérés comme des partenaires stratégiques.
Stratégie et planification du MEDD
Au cours du premier panel portant sur la stratégie et la planification du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), Mohamed Abdallahi Selmé a affirmé d’emblée que la stratégie nationale pour l’environnement et le développement durable (SNEDD) est fondée sur la SCAPP et les ODD. Elle est transversale en ce sens qu’elle concerne tous les secteurs. Cette stratégie est basée sur la gouvernance environnementale, l’environnement vert (partie continentale) et l’environnement bleu.
Abordant les problèmes du littoral le panéliste a mis en exergue le danger que pourrait représenter l’exploitation du sable noir car la ville de Nouakchott est située en dessous du niveau de la mer. Cela montre la nécessité de protéger le cordon dunaire. Autre problème, autour des ports il y a les entrepôts de Nitrate, de gaz, de Moka…
Tout cela est lié à la configuration du littoral qui comprend la zone Nord qui se caractérise par son caractère rocheux et la zone Sud qui est sablonneuse.
Autre problème et non des moindres c’est celui des brèches qui constituent une menace sur la ville de Nouakchott. Elles sont d’origine anthropique. Une étude est en cours à ce sujet.
Autres inconvénients soulignés par Mr Selmé. Il y a celui du barrage de Diama dans le delta qui constitue une véritable catastrophe naturelle. Et au niveau de la ville de Nouadhibou on note beaucoup de rejets de déchets au niveau de la zone industrielle.
Tous ces problèmes seront pris en compte par la SNEDD qui suivant son plan d’action produira des rapports trimestriels, semestriels ou annuels. Il y aura également des plans et la mise sur pied d’un système d’information environnemental avec une collecte de données.
Côté législatif il y a la loi 045-2000 portant Code de l’Environnement avec les décrets d’application 094-204 et 105-2007.
Mais le hic est dans son application. Il y a l’imposition du filtre qui est loin d’être appliquée à la lettre pour des raisons de coût.
Concernant la réglementation de l’exploitation du sable noir un premier projet avait été rejeté par la direction du contrôle environnemental qui est chargé des études d’impact des projets.
En effet l’étude d’impact environnemental c’est un compromis entre le côté économique et le côté écologique.
Le panéliste a enfin noté que le rôle du département de l’environnement c’est d’introduire le volet environnemental dans les programmes publics.
Mise en lumière du PDALM
La seconde présentation du Dr Djibril Ly, directeur adjoint de la Protection et la Restauration des milieux a fait le point sur le Plan directeur d’aménagement du littoral Mauritanien (PDALM).
Le conférencier a fait un focus sur les relations entre le mauritaniens et la mer ave la mise en valeur du littoral qui s’est accélérée au cours des 40 dernières années. C’est ainsi que les implantations au niveau des villes de Nouakchott et de Nouadhibou ont permis le développement du secteur de la pêche. Ce développement de la zone côtière a attiré les populations rurales soumises au rouleau compresseur de la sécheresse. Ainsi aujourd’hui 35% des mauritaniens sont installés sur le littoral.
Les mutations observées sont de plusieurs ordres : économique, social et environnemental.
Le littoral est le siège d’activités halieutiques, économiques, touristiques, industrielles (36 usines, 2 campements de pêche, 3 ports, 4 opérateurs pétroliers et gaziers…)
Nouakchott a connu un développement fulgurant ce qui explique la gestion problématique de la ville. On note la pression sur le littoral, la pollution, la perte de biodiversité et l’écosystème de la ZEE est mis à rude épreuve.
Mr Ly a expliqué l’approche intégrée de la gestion du littoral avec la corrélation qu’il y a entre l’environnement, la société et l’économie.
S’agissant du plan d’aménagement du littoral qui a pris forme entre 1990 et 2005, la première action fut l’accord de partenariat entre la Mauritanie et l’UICN (1990-1994). Et en 1995 ce fut le projet de biodiversité du littoral financé par l’Union Européenne et le premier code marchand. En 1996 c’est le premier diagnostic pour l’identification du zonage. En 1997 c’est la phase 2 du projet UICN pour la conservation des zones humides. En 1998, le ministère des pêches devient le leader du littoral. Il a piloté toutes les réflexions jusqu’au plan d’aménagement du littoral.
En 2001 il y a eu la création d’un comité interministériel pour l’aménagement du littoral. Et les orientations du PDALM avaient été définies en 2005.
Le nouveau PDALM a été actualisé en 2017. Ce plan est révisé suivant le dynamisme du littoral. Le plan directeur comprend deux volets : le volet diagnostic et le PUM. Le panéliste a fait état de l’existence de 7 conseils consultatifs et d’un instrument financier qui donne la part belle à la ville de Nouakchott qui bénéficie de 61% des financements. Le PDALM s’avère être la seule solution pour maîtriser le cordon dunaire qui est extrêmement fragile. Dans le cadre du projet Waca, le ministère de l’environnement doit réaliser une soixantaine d’activités. Le coût global de l’opération s’élève à 110 millions de dollars mais seuls 20 millions ont d’ores et déjà pu être mobilisés.
Les deux autres présentations de la journée ont été présentés par Ahmed Ould Zein , Conseiller juridique du ministre de l’environnement et du développement durable et Sidi Mohamed El Wafi. Ils ont abordé respectivement le cadre institutionnel et la gestion du littoral puis le changement climatique et l’enjeu pour le littoral et les zones côtières.
(Nous y reviendrons)
Bakari Guèye