Le premier ministre Mohamed Ould Bilal a passé son oral ce mercredi devant les députés. Au cours de cet exercice routinier, le chef du gouvernement a présenté un bilan complet de l’action gouvernementale durant l’année écoulée, un bilan globalement positif malgré quelques ratés.
Ce résultat réalisé dans un contexte difficile marqué par une crise sanitaire aigue s’explique en partie par un contexte politique interne favorable qui a encouragé les partenaires au développement à accompagner les différents programmes lancées par le gouvernement. Ainsi plus de 27 milliards ont été investis et une enveloppe de 7,8 milliard est en passe d’être débloquée pour le financement de différents projets.
Et sur ce plan le regain de l’activisme diplomatique a été d’un apport appréciable.
Bref, les lignes ont véritablement bougé et les observateurs sont unanimes sur le fait que le nouveau pouvoir est décidé à traduire dans la réalité le changement de cap tant souhaité par les mauritaniens.
De la longue litanie énumérant les réalisations on retiendra que les institutions de contrôle ont réussi à ramener dans les caisses de l’Etat 50 millions d’ouguiyas qui avaient été détournées, une première qui est à saluer.
Ces réalisations ont couvert tous les domaines a souligné le premier ministre : justice, droits de l’Homme, diplomatie, sécurité, bonne gouvernance, services administratifs, lutte contre l’analphabétisme, ancrage de l’identité islamique, programme de lutte contre la Covid, garantie de l’approvisionnement énergétique, renforcement des capacités portuaires et du secteur de la pêche, développement de l’agriculture et de l’élevage, approvisionnement des marchés, développement des infrastructures, lancement de l’étude du pont de Rosso, promotion de la femme et développement du système de santé.
S’agissant des perspectives, elles seront axées, entre autres, selon le chef du gouvernement sur : le lancement d’un programme pour l’habitat social en 2021, le renouvellement du parc automobile dans les transports en commun (taxis), la gestion durable des ressources en eau, le développement des télécommunications, la réduction du chômage (20000 emplois permanents réalisés en 2020), la protection de la nature, le développement du système éducatif, le développement du patrimoine culturel et la réalisation de la justice et de la solidarité sociales.
Ce discours conforme au politiquement correct est malheureusement exempt d’autocritique.
Certes des efforts ont été faits mais certains secteurs et non des moindres sont restés en rade. C’est le cas par exemple du secteur de l’éducation que le premier ministre a présenté, à juste titre comme la priorité des priorités. Malheureusement on n’a pas décelé de vrais indices pour la mise en œuvre de l’école républicaine tant attendue.
La feuille de route demeure opaque et la situation de ce secteur reste la même et ce malgré la soif de changement de cap et la grogne continue des enseignants. Aucune amélioration qualitative en vue même si le premier ministre a annoncé certaines mesures qui bénéficieront à une partie seulement des enseignants.
Le discours du premier ministre a coïncidé avec le virement des salaires de la fin du mois de janvier marqué par une nouvelle augmentation du traitement des députés après celle de l’année dernière, des députés qui sont en passe de rejoindre le club fermé des salariés millionnaires (ministres, généraux…)
Et pendant ce temps l’enseignant à qui on confie l’avenir des générations futures se retrouve avec un salaire dix ou vingt fois plus faible.
Cette situation dantesque le gouvernement devrait en tenir compte et en profiter pour revoir la grille salariale des petits fonctionnaires et des fonctionnaires moyens de l’Etat.
Sur le plan social, le gouvernement doit augmenter l’enveloppe destinée aux programmes sociaux et surveiller de près les interventions de l’Agence Taazour qui gagnerait en popularité en touchant tous les pauvres et les nécessiteux. Et pour ce faire elle doit mettre à jour son registre social, un registre qui devrait être audité régulièrement.
Bakari Guèye