A la veille de la transmission du dossier de l’ex président au parquet, les fuites d’écoutes téléphoniques de certains de ses adversaires les plus redoutables se poursuivent à un rythme régulier depuis quelques jours. Après les conversations entre l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou et l’ex sénateur Ould Ghadde, celles entre l’ex premier ministre Ould El Waghef et Ould Ely Vall, d’autres conversations impliquant Ould Bouamatou, Ould Ghadde et Moustapha Ould Limam Chaafi ont fait le tour ce samedi sur certains réseaux sociaux.
Les partisans de l’ex président sont pointés du doigt et l’un de ses anciens proches El Khalil Ould Téyib n’a pas hésité à dire que c’est Aziz qui est derrière ce qu’il a appelé « un réseau d’espionnage illégal ».
Toutes ces écoutes tendent à décrédibiliser le travail de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) et à ternir l’image des personnes impliquées ; et elles vont certainement faire très mal et avoir un impact sur le déroulement du procès en vue.
En effet la communication de Ould Waghef, Rapporteur de la CEP avec son interlocuteur laisse entendre qu’un ex haut responsable très influent du régime de Aziz a vu son nom rayé de la liste des suspects suite à l’intervention, à la mauritanienne, du Rapporteur. Un autre suspect par contre a eu moins de chance car la demande d’intercéder en sa faveur était venue trop tard.
Il s’agit là d’une véritable bombe que l’ex président va brandir pour justifier aux yeux de l’opinion publique sa victimisation et son ciblage par des ennemis dont certains se trouvent au cœur de la CEP. Cet argument est renforcé par l’inimitié entre l’ex premier ministre de feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et l’ex président Aziz qui l’avait embastillé en Mai 2009 suite à la fameuse affaire du riz avarié.
La très longue communication entre Bouamatou et Ghadda qui ont abordé le thème des nouveaux hommes d’affaires de l’ère Aziz, cette communication n’est pas pour arranger les choses et comme toutes les autres serait brandie comme un étendard par l’ex président qui, grâce aux écoutes dispose d’une arme redoutable qui pourrait être autrement plus efficace que les plaidoiries de ses avocats.
En effet, il s’agit là d’un terrible moyen de chantage qui pourrait pousser le pouvoir à signer l’armistice pour éviter ce déballage qui lui sera fatal.
Apparemment l’ex président disposerait d’une véritable banque de données où seraient consignés tous les faits et gestes de ses amis d’hier, ses ennemis d’aujourd’hui.
Et avec les écoutes qui commencent à tomber et peut-être les vidéos et autres listes d’émargement au niveau de la Présidence, tous les ex proches et autres collabos qui ont changé de veste depuis, tous devraient dorénavant perdre le sommeil en pensant à l’idée que l’ex président crache le morceau et les mette devant le fait accompli.
L’homme est connu pour son caractère coriace et sa ténacité. Et à le voir vendredi dernier se balader en compagnie de l’ex première dame dans les rues de Nouakchott, arborant un large sourire, on comprend qu’il n’a pas encore dit son dernier mot.
Bakari Guèye