Editorial : Quel avenir pour la presse mauritanienne ?

Les journalistes mauritaniens attendent avec beaucoup d’espoir les réformes promises par le président de la République pour assainir le secteur de la presse.

Les yeux sont tournés vers la commission de réforme mise en place par la présidence qui planche depuis bientôt six mois sur les solutions appropriées à apporter et dont le rapport final qui sera remis au président de la République devrait être exécutoire.

Mais il conviendrait de se rendre à l’évidence car le secteur est dans une situation complexe et il va falloir du temps pour remettre de l’ordre. C’est dire que le rapport de la commission ne pourrait pas constituer à lui tout seul un coup de baguette magique.

Le terrain est complètement miné et il va falloir agir avec tact et savoir tout gérer y compris les humeurs et les intérêts des uns et des autres.

Certes le ver est dans le fruit, les institutions et les journalistes fantoches pullulent mais la solution ne pourrait jamais résider dans le fait de faire table rase de tout ce qui existe en procédant à la politique de la terre brûlée. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il faut faire du sur place, fermer les yeux et revenir à la case départ.

Je pense que dans une situation comme celle dans laquelle se trouve la presse mauritanienne qui est encore jeune et peu professionnelle on doit adopter la politique du juste milieu.

Mais, quoiqu’il en soit, il est temps de définir un cadre juridique adéquat. Les textes existent mais ils ne sont pas appliqués.

Il serait de ce fait impératif de promulguer un code de la presse avec tous les textes d’application qu’il faut pour lui donner un caractère juridique.

Par ailleurs on doit donner à la presse les moyens de remplir sa mission. La caisse d’aide à la presse doit être beaucoup plus étoffée et les critères pour la distribution des montants doivent être fixés par décret et surveillé de près par l’IGE car il s’agit de l’argent public qu’on n’a pas le droit de jeter par la fenêtre en le donnant à n’importe qui. En effet cette subvention pourrait jouer le rôle d’une banque pour les institutions de presse qui n’ont pas accès aux crédits bancaires faute de pouvoir présenter une garantie.

Le gouvernement doit accorder plus d’importance à la presse sans laquelle il risque de perdre toute crédibilité. Une presse solide et professionnelle est un gage de bonne gouvernance.

Il est étonnant de noter qu’en cette difficile période de la Covid 19, la presse mauritanienne n’a bénéficié d’aucun appui. Il y a eu certes une légère augmentation de l’enveloppe de la caisse d’aide à la presse qui tarde d’ailleurs à être distribuée.A titre de comparaison, au Sénégal voisin, la presse a bénéficié d’une enveloppe de 1,4 milliard de FCFA et les institutions de presse ont vu toutes leurs dettes, chiffrées en milliards, épongées. En plus de cela elles ne payeront pas d’impôts durant toute l’année 2021.

Voilà un bel exemple qui devrait inspirer nos autorités.

Bakari Guèye

 

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