Editorial : Aziz libéré mais sous contrôle judiciaire direct

Après une semaine passée dans les locaux de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a été autorisé à regagner son domicile à Nouakchott mais ses documents d’état civil ont été confisqués et ordre lui a été signifié de rester à la disposition de la justice et de ne pas quitter le territoire national ; une note dans ce sens a été adressée à l’ensemble des postes frontières terrestres, maritimes et aériens qui ont reçu ordre de la DGSN d’empêcher Aziz de voyager.

Cette libération intervenue dimanche 23 août, à une heure tardive entre également dans le strict respect de la loi sur la garde à vue qui est initialement de 48 heures, renouvelables deux fois.

Aziz est donc désormais placé sous contrôle direct par la justice. Il pourrait ainsi être convoqué à tout moment pour les besoins de l’enquête.

Après sa libération, son beau-fils l’a remplacé passant du coup sa première nuit de détention à la police anti-corruption.

Le sieur Ould Msamboue, époux de la fille de l’ancien président Esma Mint Abdel Aziz était l’hôte lundi matin de la police des crimes économiques quelques heures après la mise en liberté de son beau-père.

L’homme d’affaires Ould Msamboue est dans la ligne de mire du rapport de la commission d’enquête parlementaire. Il est pointé du doigt pour son éventuelle implication dans des affaires concernant des marchés octroyés dans des conditions peu orthodoxes.

Notons que les limiers de la brigade des crimes économiques continuent d’arrache pied leurs recherches et leurs auditions.

Des sources font état de l’ouverture du dossier de la « Fondation  Rahmaa » appartenant au défunt fils de l’ex président. Ces sources font état de la bagatelle de 20 milliards MRO qui auraient transité par les comptes de la fondation au cours des 4 dernières années. La fondation serait accusée de contrebande et de blanchiment d’argent.

Les anciens barons du régime poursuivent également leur valse devant les enquêteurs. C’est ainsi que l’ex ministre des finances, Ould Diaye a été entendu une nouvelle fois tout dernièrement, idem pour l’ex premier ministre Yahya Ould Hademine qui a été une nouvelle fois auditionné ce lundi.

Il y a lieu de noter par ailleurs que Aziz ne s’avoue pas vaincu. Il continue à s’activer et à crier au règlement de compte et à la machination politique. Ses avocats ont exigé lundi soir, lors d’une conférence de presse, l’arrêt des poursuites engagées contre lui qui « ne se base sur aucun fondement juridique ».

Le président du collectif des avocats, Me Mohameden O. Ichidou s’est félicité à cette occasion du refus de son client à répondre aux questions des enquêteurs, invoquant « son immunité constitutionnelle ».

Ould Ichidou a dénoncé ce qu’il a qualifié de « simulacre de procès dans la rue à l’encontre des meilleurs fils de ce pays, notamment le président Mohamed O. Abdel Aziz, des procès qui ignorent la loi ».

A noter qu’au-delà de ce procès intenté à l’ex président c’est la guerre larvée entre Ghazwani et Aziz qui bat son plein, un conflit d’une succession qui s’est finalement déroulée contre toutes les attentes de l’ex président qui avait l’intention de revenir très vite aux affaires. Mais c’était compter sans son stratège d’ami et désormais ennemi juré qui a su l’écarter démocratiquement sans coup férir.

Il y a lieu de rappeler que Ghazwani avait toujours montré peu d’intérêt à succéder à Aziz sauf si l’institution militaire allait avaliser cette candidature et que la situation politique du pays lui permet cela et surtout qu’il soit accepté par la classe politique.

Cette position apparemment floue n’inspirait pas confiance à Aziz qui selon nos informations a commencé une campagne de dénigrement du candidat Ghazwani au sein de la hiérarchie militaire. Parallèlement une campagne d’information virulente de Ghazwani au sein de la classe politique, de la presse et des réseaux sociaux.

On se rappelle les sorties médiatiques de El Kunti, le Conseiller de Aziz qui n’a pas hésité à qualifier dans un article Ghazwani de « l’homme de l’ombre » et d’être de mèche avec les Frères Musulmans. Cette campagne de dénigrement n’était pas seulement destinée à la consommation de l’opinion publique mauritanienne mais aussi et surtout aux partenaires étrangers de la Mauritanie.

Un autre conseiller de l’ancien président aurait été dépêché secrètement auprès des dirigeants arabes du golfe et européens pour les informer des sympathies islamistes de Ghazwani.

Mais toutes ces tentatives ont été vouées à l’échec et n’ont pas empêché le candidat Ghazwani à accéder au pouvoir, ce que ne semble pas pouvoir digérer son ex compagnon qui n’a pas trouvé mieux que de laisser la justice s’occuper de son vieux compagnon pour lui régler ses comptes.

Bakari Guèye

 

 

 

 

 

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