CVE – Dans son discours d’investiture, le Président de la République, Mohamed Cheikh El Ghazouani, avait suscité un espoir de changement qui augurait d’une volonté de gouverner autrement, tout en s’engageant à renforcer la démocratie et la cohésion sociale dans un État de droit et à préserver l’intégrité territoriale de notre pays.
A ce titre, un train de mesures encourageantes était venu renforcer cet espoir de rupture :
– audiences accordées aux opposants et candidats aux dernières présidentielles ;
– velléités très médiatisées de changements dans le secteur de la santé ;
– projet de réforme du système éducatif ;
– non-ingérence dans les décisions des autres pouvoirs, notamment législatif, et dont la CEP traduit le caractère emblématique de cette attitude. Mais, si les formes furent sauves, les questions de fond ont été occultées, voire niées, le Président de la République répétant, à l’envi, à ses interlocuteurs, qu’il ne croit pas à la nécessité d’un dialogue, alors même que tous les leaders de l’opposition ont insisté sur ce point.
En refusant, contre toute logique, d’ouvrir le dialogue sur l’unité nationale et la démocratie, le Chef de l’Etat s’est volontairement inscrit dans une politique de continuité, plutôt que celle de la rupture. L’espoir a donc été déçu ; et ceci, d’autant plus qu’aucun acte fort n’a été accompli en vue de trouver une solution juste et durable pour la consolidation de l’unité nationale, l’ancrage de la démocratie et la lutte contre les injustices sociales.
On sait également que la réforme préconisée du système éducatif s’est vite enlisée, et sur le plan économique, la gestion des richesses nationales (Mines, Énergie, Pêche), a été frappée d’une continuité déconcertante, marquée par une médiocre perception de la demande de changement d’hommes, de méthodes et de pratiques. L’échec du Gouvernement de l’an 1 de Ghazouani trouve là l’une de ses principales raisons.
Par ailleurs, les 2 milliards de dollars que le Président de la République aurait obtenus des Émirats Arabes Unis lors de sa visite du 2 au 3 février 2020, semblent relever de l’effet d’annonce. Est-ce donc ce qui explique l’empressement des plus hautes autorités à saluer le semblant d’accord entre ce pays et Israël ? Grave erreur !
C’est sur cet immobilisme de mauvais aloi qu’est venue se greffer la COVID 19 aux enjeux planétaires et qui a pris de court l’ensemble des dirigeants. Face à cette pandémie, la CVE avait marqué sa solidarité agissante vis-à-vis des pouvoirs publics, faisant de la lutte contre la COVID-19 une cause nationale !
Malheureusement, la gestion de cette pandémie s’est déroulée d’une façon chaotique et opaque. Elle a davantage contribué à appauvrir les pauvres et à créer de nouveaux pauvres : ceux qui travaillent dans l’informel et qui sont majoritaires dans le pays. Nous avons même frôlé le ridicule, par des déclarations hâtives, empruntant plus à l’amateurisme et étalant toutes nos insuffisances tant en matière préventive que curative. Ne parlons pas de la prévision !
Il résulte de ce constat de la CVE que le bilan de l’an I du Gouvernement du Président est globalement négatif.
En conséquence, dans un souci de rupture et de sursaut pour ériger un Etat de droit dans lequel aucun citoyen ne se sentira exclu ou marginalisé, la CVE réclame un dialogue national et politique afin de rechercher des solutions consensuelles et définitives à la problématique de l’unité Nationale dans toutes ses dimensions (institutionnelles, politiques, économiques et sociales).
Sur le plan économique, la CVE insiste sur l’audit des grandes institutions que sont la Banque Centrale, le Trésor, les Ports et les entreprises à participation étatique, ainsi que la création d’un Conseil Consultatif (non gouvernemental) pour les investissements et l’emploi.
Sur le plan social, la CVE prône une politique de soutien aux denrées de première nécessité ; et ceci, d’autant plus que nous subirons pour longtemps encore les effets de la COVID 19.
Enfin, Taazour devra éclater au profit des structures régionales, départementales et communales destinées à mieux lutter contre la pauvreté… sous le contrôle de collèges régionaux (élus, ONG, coopératives et assemblées de villages, de campements ou d’adwaaba…).
Nouakchott, le 19 Août 2020
La Commission Exécutive de la CVE