Lamine Fofana, casque bleu mauritanien blessé en Centrafrique : A Monsieur le président mauritanien et au secrétaire général des Nations Unies

Je m’appelle Lamine  Fofana. Je suis né en 1972 à Sélibabi.  Je suis gendarme avec le grade de Marechal des logis Chef. Le 16 décembre 2015, j’ai eu l’honneur d’être membre du premier contingent mauritanien pour une mission de maintien de la paix en Centrafrique au sein de la MINUSCA. Nous étions 140 gendarmes mauritaniens,  FPU.

Le 30 décembre, quinze jours après notre arrivée à Bangui,  pendant l’élection présidentielle, notre position a été attaquée. J’étais dans une voiture avec cinq à six autres gendarmes et un colonel. Nous sommes immédiatement allés en renfort. Le Colonel est monté à bord d’un blindé. Je suis resté avec d’autres dans une Pick Up armée. Nous avons subi une rafale continue de l’ennemi, en plein centre-ville. Notre voiture a fait un accident. J’ai été très gravement blessé. Je ne pouvais plus bouger. Mes camarades ont repoussé l’attaque. Le lendemain, j’ai été évacué vers Kampala, en Ouganda, dans un avion spécial des Nations Unies. J’y ai été opéré.  J’ai passé trois mois de réanimation à Kampala avant d’atterrir à l’hôpital militaire de Nouakchott début mars. Le médecin Ougandais qui me suivait m’a établi un rapport recommandant mon évacuation vers l’Espagne pour des soins plus appropriés. J’ai passé sept mois à l’hôpital militaire de Nouakchott avec  essentiellement des calmants. Sur conseil d’un infirmier, j’ai été au CNORF (centre national d’orthopédie et de rééducation fonctionnelle) de Nouakchott. C’est dans  cette structure de rééducation que le Docteur feu Aboubacar Sidibé m’a  établi une demande d’évacuation vers l’Espagne, confirmant les recommandations du médecin de Kampala.

Au lieu de l’Espagne, j’ai été finalement évacué  en  Tunisie avec une couverture de la caisse nationale d’assurance maladie, CNAM. J’y ai passé 08 mois.  J’y ai subi des séances de kinésithérapie qui ont légèrement amélioré ma situation. Mais, Mes médecin ont eux aussi estimé que je devais être dans une structure adaptée à mon cas qui n’est pas irréversible. Je suis revenu à Nouakchott, chez moi, au PK 11, entouré de ma famille. Je passe mes journées allongé ou sur une chaise roulante.  Je suis incapable de faire les gestes les plus simples comme tenir un verre de thé et le boire. Ce qui me maintien encore, c’est le soutien de mon entourage et cet immense espoir de retrouver un jour, ma mobilité. En Ouganda, en Mauritanie et en Tunisie, mes médecins traitant ont en effet donné le même avis : mon cas n’est pas irréversible à condition que je sois traité dans une structure spécialisée.

Monsieur le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Chef suprême des armées, Monsieur le secrétaire général de Nations Unie, Antonio Guterres, à travers cet écrit je vous interpelle.

C’est avec beaucoup de joie et d’enthousiasme que j’ai fait le voyage de Bangui avec mes frères d’armes pour être acteur du maintien de la paix dans un pays frère. Une attaque violente, suivi d’un accident, m’a cloué au sol. Aidez-moi à me relever. Aidez-moi  pour que je puisse serrer mes deux enfants de bas âge dans mes bras. »

Lamine Fofana,

Gendarme, Marechal des logis

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